Blanka : les secrets du tournage

Blanka est le premier long-métrage de fiction du réalisateur japonais Kohki Hasei, qui a déjà signé deux documentaires et évolue dans le monde artistique via la publication de magazines, de photos, de clips sur la mode ou de musique.

Ce qui intéressait avant tout Kohki Hasei dans Blanka, c'était de donner la parole à un enfant, du fait de son expérience personnelle. "Depuis de nombreuses années, je voyage beaucoup à travers le monde. Surtout là où la pauvreté est le plus grand fléau. Les enfants que j'y rencontre nourrissent mon inspiration et mes espoirs, plus que tout autre chose", confie le réalisateur. "La débrouillardise et l'imagination dont ils font preuve pour affronter leurs vies misérables - avec ce sourire rayonnant - est une source d'énergie incroyable pour ma créativité et ma façon de voir le monde. C'est pourquoi j'ai toujours eu envie de faire un film avec eux".

Kohki Hasei ne voulait pas "que le spectateur ait pitié ou soit triste en lui racontant cette histoire. En fait c'est plutôt l'inverse. (...) Miraculeusement, la misère et la rudesse du monde ne peuvent être supportables que grâce à l'imagination et à la joie de vivre des enfants". Pour Blanka, il s'est notamment inspiré de ses films préférés : Le Temps des Gitans d’Emir Kusturica, Les Tortues volent aussi de Bahman Ghobadi, Miracle à Milan de Vittorio de Sica et La Barbe à Papa de Peter Bogdanovich.

Kohki Hasei entretient une relation particulière avec Manille. "En fait, j'y suis allé pour la première fois il y a 12 ans, en me rendant sur l'immense décharge appelée "la montagne qui fume"", se souvient-il. "J'y ai rencontré des enfants qui vivaient et travaillaient là. Ils m'ont ouvert les yeux. Tous les ans à Noël, je leur amenai des cadeaux et je me suis dit qu'il serait amusant de faire un court métrage avec eux". C'est ainsi qu'est né son second documentaire, Godog.

Kohki Hasei a rencontré Peter Millari, le jeune garçon qui joue Peter, il y a trois ans dans la rue. "On a sympathisé et j'ai fait un petit film avec lui", raconte-t-il. "Puis j'ai écrit le scénario de Blanka en pensant à lui. Quand la production a commencé, j'ai demandé à mon équipe de le trouver, mais personne ne savait où le trouver, car il change d'endroit tout le temps ; il nous a fallu un mois pour mettre la main sur lui!". Impossible pour le réalisateur d'envisager le film sans ce jeune acteur aveugle, avec lequel il a noué une forte relation : "Il est si naturel, c'est mon héros! Il m'a écrit une lettre très émouvante juste avant la fin du tournage".

Cydel Gabutero, la jeune fille qui tient le rôle de Blanka, est fille d'un vendeur ambulant et d'une femme de ménage. Elle rêve de devenir une star de la chanson et a déjà construit sa petite renommée sur YouTube grâce à ses reprises ; elle est même surnommée la petite Céline Dion des Philippines.