Neruda a été choisi pour représenter le Chili dans la course à l'Oscar pour le Meilleur film étranger en 2017.
Neruda a été présenté au 69e Festival de Cannes, dans la Quinzaine des Réalisateurs. C'est le troisième film de Pablo Larraín à figurer dans cette sélection, après No et Tony Manero.
Pablo Larraín est un réalisateur fidèle à ses acteurs : Neruda marque sa sixième collaboration avec Alfredo Castro, sa troisième avec Alejandro Goic et sa deuxième avec Gael García Bernal.
Pour Pablo Larraín, Neruda n'est pas un biopic pour la simple et bonne raison qu'il est impossible de retracer la vie de l'homme en un film. "Nous n'avons jamais songé à prendre au sérieux l'idée de brosser le portrait du poète, tout simplement parce que c'est impossible. C'est pourquoi nous avons décidé de faire un film fondé sur l'invention et le jeu", commente le réalisateur. En revanche, il s'agit d'un film qui empreinte à l'esprit de Neruda, particulièrement friand de romans policiers.
C'est pendant cette période de fuite que Pablo Neruda a écrit son Canto General, un poème épique de 15 000 vers qui compte parmi les oeuvres les plus emblématiques de l'écrivain.
Incarner Neruda à l'écran était un exercice à l'ambition folle pour son interprète, Luis Gnecco. Ce dernier était particulièrement intimidé à l'idée de jouer un homme à la vie et à l'oeuvre aussi démesurément riches. "Prétendre saisir la vie infinie de ce géant, dont l'existence pourrait être l'incarnation même du grand artiste de son temps, m'a plongé dans la stupéfaction et m'a, pour tout dire, déconcerté. Je ne me suis sorti, avec beaucoup d'émotion, de cet état de trouble qu'après avoir effleuré - juste effleuré car on ne peut faire davantage -, une partie de son oeuvre immense", confie l'acteur.
Pablo Larraín et Luis Gnecco ont noué une forte relation de travail autour de la personnalité de Pablo Neruda, ce qui a notamment permis de rassurer l'acteur quant à la liberté dont jouissait le réalisateur pour concevoir son film : "Quand j'ai abordé le personnage de Neruda, l'angoisse initiale (...) s'est évanouie car Pablo m'a assuré ne pas avoir non plus d'idée préconçue concernant son élaboration", se souvient-il. "Il n'avait besoin que de ma détermination pour élaborer un plan et de ma confiance dans le fait que, quand bien même l'ouvrage serait remis mille fois sur le métier, nous serions tous deux indispensables pour le tisser intégralement".
Le Mexicain Gael Garcia Bernal se souvient de son premier tournage avec le Chilien Pablo Larraín, en 2013, pour No. "Quand j'ai tourné mon premier film avec Pablo Larraín, c'est comme si j'avais été parachuté au milieu d'une famille de cinéma très pointue. Tout le monde m'avait d'ailleurs bien reçu, et Pablo Larraín avait su jouer de sa curiosité et de son instinct pour que je me sente faire partie intégrante d'un groupe créatif qui avait besoin d'un "étranger" pour la petite partie de rock'n'roll qu'était No", s'amuse l'acteur. Le tournage de Neruda était une expérience similaire pour lui ; l'acteur se sentait toutefois plus confiant et serein en raison de l'amitié qu'il porte au réalisateur : "Peu de cinéastes ont le courage et le talent de s'aventurer dans l'épais brouillard de la création. On s'attend toujours à ce qu'il se mette à faire très froid, là-dedans, mais voilà : Pablo en émerge toujours avec une nouvelle dimension de ce qui semblait pourtant impénétrable".
Si Óscar Peluchonneau a réellement existé et a été Directeur général de la police chilienne pendant quelques semaines, son caractère et son histoire ont vraiment été façonnés pour les besoins du film. Gael Garcia Bernal et Pablo Larrain lui ont ainsi façonné un passé ombrageux pour faire de lui le paria, et permettre au spectateur de mieux comprendre la complexité de la relation proie/chasseur qui se crée avec Neruda.
L'idée de réaliser Neruda remonte à 2008 ; toutefois, Pablo Larrain et son frère n'ont pas réussi à réunir assez d'argent à l'époque pour produire le film, et ont ainsi privilégié No.
Pablo Larrain a repoussé la production de Neruda de six mois afin d'attendre que Gael Garcia Bernal, alors en tournage de Salt and Fire pour Werner Herzog, soit à nouveau disponible.
Le tournage de Neruda s'est étiré sur 55 jours, entre le Chili, l'Argentine et l'Europe. Lors des derniers jours de tournage dans les Andes, pendant l'hiver, l'équipe a connu des conditions particulièrement difficiles ; en effet, une violente tempête de neige a fait fermer le plateau pendant plusieurs jours et a vu des membres de l'équipe souffrir d'hypothermie.
Le premier montage de Neruda amenait le film à une durée de 3h20. Le réalisateur a dû se séparer de séquences impressionnantes, comme une scène lors d'une tempête de neige, pour finalement réduire la durée du film à moins de deux heures. Le montage s'est déroulé à Paris entre la fin 2015 et début 2016, alors que le tournage de Jackie avait déjà débuté.