L'histoire farfelue d'une avocate aux 1000 problèmes. Un ex parasite, une vie sexuelle ravagée, une affaire judiciaire qui lui est personnelle, la suspension de son travail... Bien que la voyante l'ait plus ou moins prédit, il est sympathique de voir comment l'amour la sortira du "fond sans fond". J'ai vu ce film après "l'amour et les forêts" et il est drôle de voir le duo Virginie Efira et Melvin Poupaud évolue dans une dynamique opposée.
Justine Triet parvient avec, son deuxième long-métrage, à se situer entre le cinéma d’auteur et la comédie populaire. "Victoria" est un numéro d’équilibriste maîtrisé de bout en bout, à la fois drôle, loufoque et touchant.
Après "Anatomie d'une chute", je commence à me pencher d'un peu plus près sur la filmographie de Justine Triet et c'est ainsi que je suis tombé sur ce film, sorti en 2016, qui est très bon ! C'est une comédie mais pas vraiment, un film de procès mais pas vraiment, une comédie romantique mais pas vraiment, un drame mais pas vraiment non plus. En fait, c'est plutôt tout ça à la fois ! Effectivement, nous ne sommes pas ici dans la comédie française populaire qui use des poncifs du genre (et je n'ai rien contre ce genre de comédies, j'en suis le premier consommateur). Ici, nous sommes dans quelque-chose de plus exigeant sans être intello pour autant, c'est-à-dire que la réalisatrice ne prend jamais son spectateur de haut dans les sujets qu'elle aborde en évitant soigneusement une patte auteuriste agaçante. Nous suivons ici l'histoire d'une avocate un peu paumée dans sa vie qui doit défendre un ami pour une tentative de meurtre envers sa femme, se défendre de son ex-mari qui écrit une fiction réaliste sur elle et vivre avec un ex-dealer en recherche de repaires. Beaucoup de sujets donc, ce qui aurait pu assez vite donner un rendu très foutraque, surtout que le film ne dure qu'une heure et demi et aborder autant de sujets en profondeur sans les survoler en si peu de temps parait compliqué. Mais en réalité, tous ces sujets sont indissociables les uns des autres et aident à comprendre et à cerner le personnage principal. Certes, le film touche à tout mais c'est nécessaire car la vie du personnage principal est chaotique. Le film parvient également très bien à alterner les genres qu'il aborde, on ne passe d'ailleurs pas vraiment de l'un à l'autre ; à l'instar des sujets, tous se mêlent très bien les uns aux autres. Les dialogues sont de plus très bien écrits et servent magnifiquement le côté comique acerbe du film tout en rendant ses personnages très attachants. Concernant les acteurs, nous retrouvons principalement Virginie Efira,Vincent Lacoste, Melvil Poupaud et Laure Calamy qui sont tous excellents. "Victoria" est donc une excellente comédie douce-amère mais qui est également bien plus que ça !
Super jeu d’acteur , et un scénario loufoque qui s’appuie sur nos névrose sans cliché , une vraie comédie . Un film pour tout relativiser . A voir et à revoir.
Justine Triet reviens avec une excellente réalisation sans pour autant participer activement avec sa caméra, mais le tout est très bien éclairé avec une belle photographie. On a de beaux plans et un cadrage absolument incroyable. Parlons de l'écriture, le scénario est peut être un peu banal mais reste extrêmement bien écrit en finesse et les personnages sont tous très bien développés, surtout le personnage de la juge interprétée par la formidable Virginie Efira a qui on s'attache dès le début. Vincent Lacoste est bon mais joue toujours le même rôle et Melvil Poupaud est excellent, comme d'habitude. La BO sert très bien les propos du film, ce dernier qui aborde des thématiques très intéressante.
Comme dans Sybil, Justine Triet met en scène des personnages principaux féminins particulièrement bien écrits, magnifiés par le talent d'actrice de Virginie Efira. On rentre à fond dans l'histoire, on s'attache à chaque personnage et on voudrait que l'histoire continue.
Un film bien "déjanté" ... on ne s'ennuie pas, les situations improbables s'enchaînant les unes aux autres. Virginie Efira est parfaite en avocate, mère célibataire fantasque, dotée d'un ex mari et d'amis bien barrés. Des situations improbables, mais hilarantes ... jusqu'au témoignage du dalmatien au procès de Vincent ...
Victoire ! On présente ce film comme « comédie dramatique » … comment le ranger dans une catégorie coutumière ? Comédie : certes. De l’action : oui, mais ce drame n’est jamais tragique. Le plus fort, c’est la façon dont il manie l’humour. Les situations et l’ambiance générale sont discrètement et habilement amenées à provoquer le rire. C’est un hymne au « pince sans rire ». Invraisemblance voulue, revendiquée et maitrisée, mais sans incohérence. Situations apparemment sérieuses, mais en fait grotesques, finissent par déclencher une hilarité intime, retenue et bienfaisante. A l’inverse d’autres idées de scénarios séduisantes parce que surprenantes et innovantes, mais qui font pschitt après une demi-heure de visionnage, au point de lasser après une première impression favorable, Victoria semble démarrer mollement, pour t’entrainer ensuite dans une jubilation croissante. Tout est soigné... Les textes, touffus et brillamment interprétés. Y compris par le « Dalmachien » et le Chimpanzé. La musique omniprésente, de grande qualité audiophile et superbement interprétée, tombe toujours à point nommé au fil des événements, soulignant et ponctuant ainsi chaque scène. Elle explicite et crédibilise la folie des situations loufoques, tout en finesse. La voyante est tellement extra et « lucide » qu’elle écrase, l’air de rien, le psychiatre dans son « analyse ». Par l’alliance judicieuse entre psychologie et humour, on se croirait parfois dans un Woody Allen jubilatoire. Bref, un excellent moment de cinéma !
Entre désespoir et comédie, entre cinéma d’auteur et populaire, Victoria ne tranche donc pas, et procède, avec un naturel désarmant, comme si la question de ce choix ne s’était jamais posée dans le cinéma français.
Fine observation de la "nouvelle société" dans laquelle le vide moral intérieur des personnages côtoie le talent, d'avocate pour l'héroïne, d'écrivain blogueur pour son ex. Les hommes sont un peu cons et salauds, les femmes sont désaxées et le tribunal ultra féminisé aux figures de comedia del 'arte en arrive à institutionnaliser l'aberration en faisant témoigner un chien. Caustique et satirique, certes, mais dénonciation subtile d'une société à la dérive qui a perdu tous ses repères. Les errements du féminisme égaré y sont dénoncés en filigrane. La quête de sens est absente. La désolation règne en maître sur cet univers superficiel où l'on va se plaindre à un psy d'être ce que l'on a choisi d'être, notamment en collectionnant les aventures sexuelles sans préliminaires ni lendemains. Les petites filles de l'héroïne, livrées à elles mêmes au cœur d'un appartement dont le désordre et le chamboulement ne sont que le reflet du paysage intérieur de leur mère, sont nues, au propre comme au figuré et en toute simplicité face à la vie. Candeur et innocence des enfants qui jouent au milieu du naufrage. Message d'espoir aussi, comme la touche finale, quand l'amour frappe à la porte. Enfin de l'authenticité. Oui, elle existe cette voie authentique pleine de sens, l'amour tout simplement, avec sa part d'altérité, si conforme au besoin le plus profond de la nature humaine, au delà de toutes les perditions. Bravo pour cette oeuvre désespérée et sensible.
Victoria est un film étonnant, remarquablement bien écrit, rafraichissant, drôle... Vincent Lacoste et Virginie Effira fonctionnent parfaitement ensemble !