Si vous aimez les fonds intelligents sous les formes déconnantes! Vu la façon dont vieilli le premier "Brice" (c'est à dire assez mal, soyons honnêtes) on pouvait légitimement craindre le pire pour cette suite tardive qui sentait bon la nostalgie facile, en tout cas sur le papier! Et là, hô surprise: Brice 3, dans son genre précis, est au final le "Zoolander 2" que j'aurais aimé voir! Car le script de ce long-métrage n'est pas totalement étranger à la démarche de Ben Stiller pour sa propre suite tardive, puisque l'idée de base est la même pour les deux films. Et cette idée est, d'un point de vue symbolique, non seulement une parfaite raison de justifier cette suite, mais en plus c'est une façon redoutablement efficace de pointer du doigt un monde moderne qui s'enfonce dans l'extrémisme idéologique et religieux. Brice se retrouve ici confronté à un alter-ego qui aurait évolué avec ce monde et qui se serait radicalisé dans la casse! On peut vanter la parfaite maîtrise de la structure en flashback (procédé pourtant volontiers "Kass"-gueule) prendre le parti de raconter cette aventure à un public d'enfant permet de mettre l'accent sur la perte d'innocence, qui est un sujet central dans le scénario, et cela permet également, et d'une très jolie façon, de s'amuser de la mythomanie pathologique du bon Brice. Niveau réalisation, on peut dire que James Huth, certainement inspiré par un scénar excellent, livre ici son meilleur boulot. Le montage, la photo, et le rythme global du film sont impeccables. On ne reste pas sur sa faim niveau dialogues, les vannes pleuvent et les nombreux jeux de mots n'ont eu aucun mal à me faire rire, et on sent ça et là une petite influence de Baffie, qui a amicalement participé à l'écriture de certaines répliques. Le casse contre casse final est même, je trouve, un très joli moment de grâce! "Brice 3" évite également l'écueil qui pour moi plombait le premier: il ne tente pas, en fin de parcours, d'aller dans l'émotion pour rendre le personnage touchant, ici on va jusqu'au bout du délire, la superficialité de Brice est non-seulement assumée, mais sert un propos d'une belle lucidité: les débiles profonds d'il y a vingt ans étaient nettement plus attachants que les débiles profonds radicaux d'aujourd'hui! N'écoutez pas les critiques injustifiées (et franchement superficielles pour le coup) qui sont tombées sur le râble de "Brice 3": je suis près à parier que dans quelques années, ce grand moment de poilade atteindra le statut "culte" qu'il mérite! Bref, je conseille fortement!