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    Dead Slow Ahead
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Dead Slow Ahead" et de son tournage !

    Au commencement

    Mauro Herce a grandi près de la mer, à Barcelone, en regardant à l’horizon les cargos qui attendaient. Enfant, il se demaidait à quoi pouvait bien ressembler la vie sur l'un d'entre eux et il a appris plus tard que la plupart du fret mondial était déplacé par voie maritime. Le metteur en scène a alors pris conscience qu’un mode de vie en mer correspondait à cette réalité qui était aussi liée à nos modes de vie de « pays développés ». Il poursuit : 

    "Il y a cinq ans, je travaillais comme chef opérateur sur un film au Chili et j’ai commencé à rencontrer des dockers sur le port de Valparaiso. À cause de la crise, ils avaient du temps libre. Ils m’ont expliqué que leurs familles en savaient très peu sur leur vie en mer. J’aurais aimé commencer à filmer à ce moment-là mais j’avais besoin de fonds pour produire le film. J’aurais aussi eu besoin du consentement de leur chef, ce qui n’était pas près d’arriver. En tant que cinéaste et chef opérateur, j’aime travailler dans des lieux spécifiques et y rester. Je veux prendre le temps, saisir comment les gens s’y déplacent et comment je me sens dans cet espace, prendre le temps de comprendre la culture locale et son fonctionnement. Cet environnement maritime était idéal car cela me laissait beaucoup d’espace pour concevoir le film. J’ai besoin de saisir une certaine plasticité des lieux. Le cargo se prêtait à un dispositif très cinématographique car il avait un aspect figé mais était pourtant en perpétuel mouvement. En tant que cinéaste, je passe ma vie loin de chez moi et cela demande des sacrifices sans doute semblables à ceux que font les marins. Ils doivent s’engager dans ce mode de vie et espérer s’y adapter. Et je me suis dit qu’en faisant la traversée avec eux, je pourrais peut-être apprendre quelque chose sur moi-même."

    Trouver le bon

    Deux ans ont été nécessaires à Mauro Herce pour trouver le cargo My Fair Lady. Le cinéaste se souvient d'une recherche épuisante auprès de capitaines, de propriétaires de bateaux et de compagnies de transport marchand. Il se rappelle : "L’un d’entre eux voulait que je paye en tant que passager mais je voulais pouvoir me déplacer librement et ne souhaitais pas compliquer ma relation avec l’équipage. Je voulais être un des leurs. Généralement, j’appréhende le tournage dans un esprit de collaboration et je donne aux gens une raison de participer. J’ai besoin qu’ils aient envie d’être là. Sur ce film, c’était plus compliqué. J’ai d’abord eu un mur d’hommes pas très accueillants face à moi. Après quelques semaines, les relations sont devenues plus amicales. On a bu ensemble. Le capitaine les poussait à participer mais j’ai insisté pour que ce soit vraiment leur désir."

    Salle de projection

    Pour retranscrire dans le film un certain côté science-fiction, Mauro Herce, son équipe et des matelots ont visionné plusieurs films appartenant à cette gatégorie cinématographique (il y avait une salle de projection dans la cargo).

    Sensation d'enfermement

    La plupart des sons du film proviennent du navire lui-même, bien qu’il n’y ait aucune correspondance avec les images. L'objectif était l’élaboration de l’atmosphère du navire en évitant la bande-son, même s'il y a eu des moments où le son est trafiqué, comme par exemple pour la scène du karaoké ou celle dans laquelle le blé est jeté à la mer. Via le son, Mauro Herce voulait créer une sensation d’enfermement, rappelant le côté hermétique et froid du navire.

    Accident

    Au sujet de l'accident filmé à bord du bateau, Mauro Herce précise : "Le potentiel désastre que l’on voit ne concerne pas le naufrage du navire, mais l’avarie du chargement de blé qui, à l’arrivée, serait refusé par le client. Que faire de cette marchandise avariée ? Pendant un mois, à l’aide de seaux et de cordes, les matelots ont remonté le blé vers le pont et l’ont jeté à la mer – il est interdit de se débarrasser de quoi que ce soit à proximité des côtes. Ils ont travaillé à la main dix-sept heures par jour. Tout le monde était épuisé pour le repas de Noël que le cuisinier avait préparé ; un repas de fête qui fut triste et silencieux. Cependant, dans le film, nous avons délibérément rendu abstraits les détails et conséquences de l’accident ; le spectateur est perdu, car il n’y a aucune façon de déterminer combien de blé se trouve dans les cales. Tel Sisyphe et son rocher, l’équipage n’a d’autre choix que d’effectuer cette tâche, qui semble interminable."

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