Mon compte
    La Forme des îles
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Forme des îles" et de son tournage !

    Élément déclencheur

    Patrick Viret se souvient comment lui est venu ce désir de réaliser un film sur Saint-Pierre et Miquelon. Le déclencheur a été la lecture de L'oeuvre des mers d'Eugène Nicole : "Il y a eu des écrits antérieurs sur Saint-Pierre et Miquelon, mais c'est Eugène Nicole qui a porté le lieu sur les fonds baptismaux de la littérature. J'ai découvert L'oeuvre des mers il y a une vingtaine d'années, ceci éveillant tout de suite un désir de film. J'ai donc mis beaucoup de temps, mais l'envie me reprenait par bouffée et l'occasion de sa réalisation a fini par se présenter."

    Le metteur en scène poursuit : "Il était en tous cas évident que si j'y allais, c'était pour y rester un certain temps ; cela n'avait aucun sens de m'y rendre pour une semaine. Dans cette optique, il fallait trouver la possibilité d'y vivre, d'où mon idée de m'imaginer en personnage de contrôleur littéraire venant avec cet ouvrage pour constater si ce qui est écrit est bien réel."

    L'Oeuvre des mers

    Patrick Viret explique que L'Oeuvre des mers d'Eugène Nicole est un livre assez proustien sur son enfance, qui porte aussi une mémoire de l'archipel dans une dynamique romanesque. C'est notamment cet aspect qui avait retenu l'attention du futur metteur en scène : 

    "Beaucoup de phrases étaient pour moi très intrigantes, par exemple : « Je ne me suis jamais senti aussi loin de Saint-Pierre qu'à Miquelon. » Une telle formule ouvre des béances ; quand on a lu ça, on veut s'y rendre pour comprendre et éprouver ce lieu. Bien des éléments me frappaient, par exemple le fait que l'archipel a été le premier territoire libéré, dès décembre 1941, par la France Libre durant la Seconde Guerre mondiale. À l'autre bout du conflit, lorsque les autorités de Vichy se repliaient en Allemagne, Céline fut amené à donner de la morphine à Laval ; ce dernier lui demanda ce qu'il pouvait faire pour lui en échange, l'écrivain lui répondit : « Me nommer gouverneur de Saint-Pierre et Miquelon ». D'où cette théorie que l'archipel est essentiel, ce qui m'a beaucoup amusé compte-tenu de la marginalité géographique et de la petitesse de ce territoire, qui plus est, profondément méconnu."

    Tournage

    Le tournage s'est étiré sur huit mois, avec deux sessions continues de trois mois, espacées de deux mois. Le premier séjour a beaucoup consisté en une approche globale, le second a été plus efficient, et de nombreuses choses imaginées en amont s'y sont réalisées. Patrick Viret a filmé avec des caméras dotées d'une très bonne définition, qui sont au départ des appareils photographiques : "J'ai beaucoup aimé cet outil qui contribue à un véritable oubli de la caméra, de la part des personnes filmées, mais aussi de ma part, peut-être un peu trop d'ailleurs !", explique-t-il.

    Seul et accompagné

    Patrick Viret explique avoir été indépendant pour le premier tournage mais au moment du second, sur une période plus resserrée, il a pu compter sur l'opérateur Eric Thomas qui l'a aidé pour les travellings dans la foule lors du 14 juillet (une chose que le cinéaste était incapable de faire selon ses dires). Un ingénieur du son, Jean-Paul Buisson, s'est également joint à l'aventure. Mais Viret se souvient : "Par contre, pour les déambulations, il était hors de question que je ne sois pas seul." 

    Voix-off

    Les écrits de Patrick Viret s'inscrivent dans la voix-off que l'on peut entendre dans le film. "Lors du premier séjour hivernal, je me suis en effet astreint à un exercice d'écriture quotidienne – il m'est arrivé de me réveiller à 3 heures du matin en me rendant compte que j'avais oublié cette activité qui me semblait très importante. Alors je m'y mettais... C'est un peu en marge du film mais on le retrouve sous une forme de journal, un peu à côté mais sans cesse en rapport avec le film. Ce sont des sensations et des regards personnels que je ne pouvais pas formuler par l'image, aussi une manière d'inscrire ma propre trajectoire dans le lieu."

    Note d'intention du réalisateur

    "Qui connaît Saint-Pierre et Miquelon ? Si le nom évoque vaguement quelque chose, on placerait plus facilement l'archipel du côté de Wallis et Futuna que dans l'Atlantique-Nord. Et en supposant qu'on se souvienne des Terre-Neuvas et qu'on le situe bien, on aurait naturellement tendance à penser qu'il s'agit probablement d'une miette canadienne demeurée dans la corbeille française. Sans doute les Miquelonnais sont-ils pour une part d'origine acadienne, mais les Saint- Pierrais (plus nombreux) ont pour ancêtres des Basques, des Bretons et des Normands qui ne sont jamais passés par la case Canada.

    Et si l'archipel a depuis longtemps des relations avec le Canada ce n'est nullement avec le Québec, mais précisément avec la grande île anglophone voisine de Terre Neuve. Sait-on aussi bien que Ness et Capone le rôle joué par Saint-Pierre et Miquelon lors de la prohibition américaine ? Sait-on que Saint-Pierre et Miquelon fut le premier territoire français libéré de l'autorité de Vichy pour rallier la France libre dès 1941 ?

    Avec "L'oeuvre des mers", le roman d'Eugène Nicole, c'est comme si l'archipel était redécouvert, par la littérature cette fois, cinq siècles après Jacques Cartier. Mais s'il a fallu quelques décennies à une population de 6 000 habitants pour "accoucher" de son écrivain, elle n'a fait qu'attendre l'invention de la photographie et celle de la radio pour constituer d'une part un patrimoine photographique exceptionnel et générer d'autre part une densité particulièrement forte d'auteurs-compositeursinterprètes, l'un et l'autre, à l'image de ces îles méconnus.

    Je voudrais dans ce film faire découvrir cet archipel presque inconnu, à force d’être méconnu, mais je voudrais aussi témoigner de cette présence insolite, mais bien réelle, de la langue et de la culture française entre deux continents, entre l’Amérique et l’Europe. C’est finalement de cela dont il s’agit : tirer pour la première fois, semble-t-il, le portrait cinématographique d’un territoire si loin, si proche, lequel se révélerait peu à peu à l’épreuve d’un film, au creux des souvenirs, entre les mots, derrière les images..."

    Les secrets de tournage des films les plus populaires lors des 30 derniers jours
    • L'Amour ouf (2024)
    • Gladiator II (2024)
    • Juré n°2 (2024)
    • Monsieur Aznavour (2024)
    • The Substance (2024)
    • Anora (2024)
    • Venom: The Last Dance (2024)
    • Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (2024)
    • Le Robot Sauvage (2024)
    • Louise Violet (2024)
    • Le Comte de Monte-Cristo (2024)
    • Here – Les plus belles années de notre vie (2024)
    • Trois amies (2024)
    • 4 zéros (2024)
    • L’Histoire de Souleymane (2024)
    • Finalement (2024)
    • Lee Miller (2023)
    • Sur un fil (2024)
    • Le Royaume (2024)
    • Miséricorde (2024)
    Back to Top