Le film Arrête ton cinéma ! est tiré du roman "C'est le métier qui rentre", écrit par Sylvie Testud et qui lui-même s'inspire de l'expérience de la comédienne. Cette dernière avait vainement tenté de monter un projet de long-métrage avant de renoncer devant toutes les difficultés inhérentes à sa production. La réalisatrice Diane Kurys explique à ce sujet :
"Je savais qu’on lui avait proposé d’écrire un scénario et qu’elle en avait même écrit plusieurs versions. Et puis, trois semaines avant le début du tournage, alors qu’elle était déjà en préparation, avec un casting et une équipe engagés, elle a appris que son film ne se ferait pas. C’est quand même le cauchemar de tous les metteurs en scène ! Je me souviens du moment où elle me l’a annoncé. Elle était effondrée et devant sa détresse je lui ai conseillé d’écrire un livre pour ne pas rester sur cet échec mais au contraire pour l’exorciser et essayer d’en faire quelque chose..."
Même si Diane Kurys a entamé sa carrière de réalisatrice en 1977 avec Diabolo Menthe et a depuis réalisé de nombreux films, c'est la première fois avec Arrête ton cinéma ! qu'elle adapte un roman.
Diane Kurys a été d’autant plus touchée par le livre de Sylvie Testud qu'elle est très proche de la comédienne depuis qu'elle ont, avant Arrête ton cinéma !, tourné ensemble deux autres films : Sagan et Pour une femme. Impatiente de lire son livre, la cinéaste lui a, après la lecture, proposé de l'adapter avec elle dans le rôle principal.
"C’est une rêveuse, une amoureuse. Je fais souvent le parallèle entre son obsession et une histoire d’amour : le monde entier peut tenter de vous ouvrir les yeux – vous êtes aveugle, et le jour où vous prenez en conscience, vous vous dites « ils avaient tous raison ». Sybille s’illusionne complètement car elle a envie d’y croire et d’arriver au bout. Elle est conditionnée et pense qu’à force de travail, elle va réussir. Mais c’est faux, c’est une chimère ! Il faut aussi une dose de chance dans son parcours. Elle veut tellement réussir qu’elle emprunte les mauvais chemins."
En tant que cinéaste, Diane Kurys s'est forcément identifiée au personnage tenu par Sylvie Testud : "Je pense que j’ai réussi à me mettre à sa place, tout en allant vers une histoire qui résonne avec mes propres obsessions : j’ai imaginé que si le matériau de départ était plus intime qu’il ne l’est dans le livre, le dévoiement serait plus fort et par conséquent la comédie d’autant plus drôle. Du coup, on a un peu entrecroisé nos parcours : le scénario que Sybille veut écrire est autobiographique, c’est quelque chose entre son premier livre Gamines et mes films..."
Josiane Balasko et Zabou Breitman campent deux productrices, sortes de harpies féroces et prédatrices. Dans le roman, ces deux personnages sont en fait un tandem frère/soeur que Diane Kurys avait du mal à s'imaginer, c'est pour cette raison qu'elle a opté pour un couple de femmes. Ce duo donne lieu à des moments déjantés, ce qui était l'objectif de la scénariste et la réalisatrice. Balasko explique : "Au départ, le livre était un peu plus réaliste et le script, lui, est devenu plus délirant avec ces productrices improbables et ces moments de rêves et de cauchemars particulièrement déjantés."
Diane Kurys adore les films ayant pour sujet le cinéma, comme Panique à Hollywood, Ça tourne à Manhattan, The Player, Tonnerre sous les tropiques ou encore le récent Maps to the Stars. Ces références n'avaient pas peur de l'exagération. C'est ce qu'a cherché à retranscrire la cinéaste, tout en conservant la vérité et l'émotion des personnages.
Même si les rôles étaient très écrits, les comédiens ont pu proposer certaines idées. Ainsi, la cocaïne n’était ni dans le scénario, ni dans le livre, c'est une idée de Zabou Breitman. Josiane Balasko a elle aussi proposé pas mal de dialogues qui ne figuraient pas dans les supports d'origine.
Le personnage de l’agent joué par François-Xavier Demaison est inspiré de deux ou trois personnes connues de tous dans le milieu du cinéma. L'acteur voulait ainsi se situer à mi-chemin entre un attaché de presse et un agent, à la fois du cynique et tendre.
En se qui concerne la lumière et la mise en scène, Diane Kurys a travaillé avec le directeur de la photographie Gilles Henry qui a officié sur le dernier film de la cinéaste, Pour une femme. Elle détaille leur collaboration : "Il intervient très tôt sur les repérages et sur le choix des décors. Il imagine sa lumière en amont et fait des propositions sur le choix des couleurs, des matières. Sa lumière est toujours naturelle et met en valeur les comédiens sans qu’on puisse remarquer l’éclairage ou les cadrages. C’est ce qui me plait. J’aime les mises en scène invisibles. J’ai toujours peur que les mouvements d’appareil écartent le spectateur de l’histoire : j’ai à coeur d’entraîner le public sans qu’il s’en rende compte."
Diane Kurys et son équipe ont eu la chance de pouvoir tourner la plupart des scènes dans un décor unique, une chose indispensable compte tenu du budget modeste : un hôtel particulier de l’avenue d’Iéna dans le 16ème arrondissement de Paris.
Diane Kurys voulait à l'origine de la musique jazz manouche pour son film mais, pensant que ça allait être trop répétitif, elle abandonna cette piste. La réalisatrice a ensuite montré le film au compositeur Armand Amar qu'elle connait bien et ce dernier lui a alors présenté Hugo Gonzalez Pioli qui est un jeune compositeur. Diane Kurys lui a demandé de composer une partition grinçante avec de la guitare et le résultat lui a plu. Elle a aussi par ailleurs demandé à Paolo Buonvino (compositeur sur Je reste !) de composer un thème émotionnel pour Arrête ton cinéma !.
Le film comporte une séquence sur le plateau de Michel Drucker. En fait, si la scène vous semble réaliste, c'est parce que l'équipe a pu tourner sur le plateau de l’émission, avec toute l’équipe et le public, avec Michel Drucker dans son propre rôle !
Arrête ton cinéma ! est un projet qui a été très difficile à monter. Aucune chaine de télévision hertzienne n'a souhaité investir dans le film qui s'est fait grâce à OCS, à l’Ile de France, à Bac Films et à son équipe.
A l'origine, Sylvie Testud n'était pas fermée à l'idée de d'adapter elle-même son livre au cinéma. Elle s'est néanmoins rendue compte qu'avec l'écriture du livre elle était allée au bout de sa démarche. Quand Diane Kurys l'a appelée pour lui proposer de l'adapter, elle a vu ça comme quelque chose de naturel.