Amours, larcins et autres complications : les secrets du tournage

L’intrigue d’Amours, larcins et autres complications tourne autour du conflit israélo-palestinien. Cependant, le réalisateur Muayad Alayan n’a pas voulu donner à son film une vision totalement noire de la situation et lui a donc rajouté une dimension comique. "On voulait faire un “entre deux”. Pas forcément une comédie. On voulait que ce soit bizarre, que ça fasse rêver, comme un conte de fées. Quand tout va de travers, qu'un tas de choses vous arrive en même temps et que cela vous fait rire et pleurer en même temps", explique-t-il.

Pour avoir des armes pour le tournage, l’équipe a dû collaborer avec la police et les services spéciaux palestiniens. La police les a autorisés à tirer dans un secteur bien précis. Par ailleurs, pour les besoins du tournage, le lieu censé représenter la Cisjordanie était divisé en trois zones : A, B et C. Dans la zone A, l’équipe pouvait utiliser les armes des services spéciaux mais uniquement sous leur surveillance et dans la zone C, il fallait avoir l’accord de l’armée israélienne. Vu la complexité des démarches à suivre, l’équipe a finalement utilisé des jouets.

En ce qui concerne le scénario, l’équipe avait prévu de tourner beaucoup de séquences à Pâques dans la ville de Bethlehem, car à cette période les permis pour passer les checkpoints israéliens sont plus faciles à obtenir. Mais l’armée israélienne avait une semaine de retard pour délivrer les fameux sésames. Du coup, tout le tournage a été chamboulé et des scènes ont dû être tournées dans des lieux imprévus.

Pour ce long-métrage, le réalisateur Muayad Alayan et son frère Rami Alayan se sont lancés dans un projet à tout petit budget. Ils y ont mis toutes leurs économies, ont emprunté à des amis et il y avait beaucoup de bénévoles dans l'équipe. Par exemple, Rami Alayan a joué le rôle d’un vendeur de fallafels et l’assistant réalisateur s’est déguisé en milicien.

Le réalisateur palestinien Muayad Alayan est né en 1985 au Koweït. Après des études à San Francisco, Muayad est arrivé en Palestine avec le rêve de faire du cinéma participatif avec les moyens du bord. Á 22 ans, il réalise son premier court-métrage Lesh Sabreen? qui évoque la vie de la jeunesse palestinienne à Jérusalem sous occupation israélienne. Ce métrage a été sélectionné au festival international du court-métrage à Clermont Ferrand en 2009. Amours, Larcins et autres complications est son premier long métrage de fiction.

Le film a été tourné en noir et blanc pour gommer toute trace des images réelles sur le conflit israélo-palestinien, qui a toujours été un sujet sensible dans cette zone du Proche-Orient. Ce choix a aussi été fait pour donner une esthétique minimaliste au film et le faire ressembler à un conte plus qu’à un documentaire.