Les réalisateurs ont connu les Açores en 1997, lorsqu'ils ont commencé leurs traitements contre le VIH. Pendant cette période, ils ont créé des liens avec les pêcheurs de Rabo de Peixe et les militants syndicalistes de la pêcherie artisanale. L'envie de montrer leur travail à travers un film est donc née à ce moment.
La télévision portugaise, avec l'appui des associations de pêche, a financé le projet initial en 2003 et les réalisateurs, Joaquim Pinto et Nuno Leonel, avaient pour contrainte une durée de 55 minutes. Cette version a été diffusée, mais ils ont toujours gardé le désir d'en monter une autre plus axée sur les jeunes pêcheurs. Ils voulaient en quelque sorte finir quelque chose qu'ils sentaient inachevé.
Le Chant d'une île est en fait une nouvelle version du documentaire qu'ont réalisé Joaquim Pinto et Nuno Leonel entre 1999 et 2001. Ils ont remonté le film afin qu'il corresponde plus à l'époque d'aujourd'hui et aux méthodes de pêche traditionnelles qu'on trouve dans la région de Rabo de Peixe où se déroule l'action. Les deux réalisateurs ont gardé la majorité des séquences de pêche et les ont parfois raccourcies afin d'avoir des moments plus intimes.
Contrairement à Et maintenant ?, le journal filmé de Joaquim Pinto, les deux réalisateurs ont choisi de ne pas se filmer pendant le tournage du Chant d'une île. Ils expliquent : "Nous avions des photos de quelques moments intimes, que nous avons utilisées pour ne pas effacer notre présence en tant qu’observateurs actifs. On a d’abord craint que ces images fixes ne deviennent un élément perturbateur puis on s’est rendu compte que ces courtes pauses permettaient de se libérer de l’effet hypnotique du flux cinématographique."
Dans le documentaire, la caméra est bien évidemment tenue par les deux réalisateurs, mais aussi par les habitants du village, les petits comme les grands. Cette méthode permet aux téléspectateurs d'être plongés dans leur quotidien et de découvrir les drames qui ont lieu à Rabo de Peixe, mais aussi la confiance qu'on les habitants les uns envers les autres.
Dans la première version du film, la musique locale était très présente, mais elle était apparemment dépassée. Joaquim Pinto explique : "Mais en réalité ces musiques sont toujours vivantes et constituaient l’environnement même du tournage. Nous avons donc croisé les thèmes que les habitants nous ont fait connaître avec d’autres thèmes que nous avions apportés. Le choix du reggae, par exemple, qui peut paraître déplacé aux Açores, renvoie à d’autres îles et à des expériences vécues sur place. Nous avions invité notre ami Adrian Sherwood à venir à São Miguel pendant l’été, accompagné des artistes jamaïcains avec qui il travaillait alors."
A la fin du tournage, Joaquim Pinto et Nuno Leonel ont décidé de prolonger leur séjour dans l'archipel des Açores et ont trouvé une maison sur l'île de Santa Maria. Ils y sont finalement restés sept ans et ont vécu pendant tout ce temps à proximité avec les pêcheurs. Ils ont bien évidemment dû changer leur mode de vie.
Pour Le Chant d'une île, Joaquim Pinto et Nuno Leonel ont été sélectionnés au 65e Festival du film de Berlin qui a eu lieu du 5 au 15 février 2015.