L'idée de base de "45 Years" est intéressante, à savoir mettre en conflit la fête des 45 ans de mariage avec les souvenirs de l'amour de la vie de Geoff, le traitement l'est nettement moins. Si le film met en avant l'importance de Katya pour Geoff
(les photos au grenier, son intérêt pour l'histoire de l'Allemagne et la fonte des glaciers, le fait que sa femme ait un nom quasi-similaire et une couleur de cheveux identique)
, comment Kate va le ressentir de manière frustrante
(elle découvre que Katya était enceinte, Geoff aurait épousé sans hésitation Katya, la chanson finale, les photos de Katya bien conservées alors que Geoff n'en a aucune avec sa femme)
et comment Geoff va tenter de récupérer le coup
(la danse, le discours émouvant, les souvenirs à travers les photos de son couple par leurs amis)
, il échoue à être complètement abouti
(zéro flashback entre Katya et Geoff)
, à l'image d'une fin décevante
(Kate cogite que son mariage est un gâchis) et insuffisante (le film aurait dû passer 45 minutes-1 heure sur la découverte et la seconde sur la réaction de Kate; je m'attendais notamment à une vraie colère, un besoin de revanche, mais rien, la jalousie de Kate ne s'exprime guère)
. Pour ne rien arranger, la narration est atrocement lente, entre un récit jour après jour lourd, une caméra stagnante (Andrew Haigh passe à côté de sa réalisation), des plans inutiles (les lointains devant la maison par exemple) et longs (le piano), des passages redondants (lit-voiture-repas), des monologues au lit pénibles et un acteur principal (Tom Courtenay) soporifique par son débit vocal. Seule Charlotte Rampling s'en sort avec les honneurs, en s'appuyant astucieusement sur la signification de ses regards pour faire passer des informations au spectateur. Au final, "45 Years" souffre de passer 1h30 sur quelque chose qui en nécessitait tout au plus qu'une, et ainsi d'ignorer tout un pan de sa thématique.