Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos, tous deux césarisés en 2014 (respectivement pour Les Garçons et Guillaume, à table ! et La Vie d'Adèle), se retrouvent pour la première fois à l'affiche d'un même long-métrage.
Éperdument est l'adaptation du roman Défense d'aimer de Florent Gonçalves, édité chez Presses de la Cité en 2012, qui raconte l'histoire vraie d'un directeur de prison ayant noué une relation amoureuse avec une détenue. Le réalisateur était fasciné par ce fait divers avant même la publication du livre.
Éperdument a été tourné au sein d'une véritable prison, celle de la Santé, au sud de Paris. Le réalisateur Pierre Godeau a ainsi pu profiter d'un cadre plus vrai que nature pour recréer le contexte de cette histoire d'amour hors du commun. "Tourner à la prison de la Santé a été une vraie chance. [...] Nous y avons passé six semaines. Six semaines dans un huis clos terrible, sans entendre aucun des bruits de la ville", raconte-t-il.
Pierre Godeau et Adèle Exarchopoulos se sont particulièrement investis dans la préparation du film. Chaque semaine pendant quatre mois, le duo s'est rendu à la prison pour femmes de Fleury-Mérogis pour mener un atelier avec une quinzaine de détenues où étaient projetés des films ; le groupe rejouait des scènes avec l'actrice devant la caméra du réalisateur. De ce travail sont nées une complicité et une connaissance du monde carcéral précieuses pour la mise en scène: "Il me suffisait d’échanger un regard avec Adèle pour savoir si la séquence qu’on venait de tourner était juste ou non. Ces séquences, nous les avions vécues !", explique-t-il.
Certaines des femmes à l'affiche du film, dans de petits rôles, sont d'anciennes détenues qui ont pu apporter leur vécu et une certaine spontanéité au moment du tournage. "Je n’aurais jamais eu l’idée, par exemple, de demander aux filles de s’allonger sur le bitume dans la scène où on les voit prendre le soleil dans la cour de la prison. Elles l’ont fait instinctivement", se remémore Pierre Godeau.
Guillaume Gallienne avait une idée très précise de l'allure que devait avoir son personnage afin de se sentir crédible dans son rôle, et a donné des instructions en ce sens. "Jean devait avoir quelque chose d’un peu faux, de tronqué. J’avais dit à l’équipe maquillage - coiffure : « Il voudrait ressembler à Keanu Reeves, il essaie, pense avoir réussi mais, en réalité, ça ne fonctionne pas. Il porte un costume noir, comme Keanu Reeves mais, bon, il a une Seiko au poignet et des chaussures merdiques. ». D’où, aussi, le lissage brésilien pour les cheveux", raconte le comédien.
Jouer avec des actrices non professionnelles a instauré un rapport au jeu différent pour Adèle Exarchopoulos, lui remémorant ce qu'elle avait connu pendant le tournage de La Vie d'Adèle : "Personne ne se regarde jouer, personne ne cérébralise ou se demande si la caméra va le prendre en gros plan. Ce n’est que de l’instinct, de l’authenticité et du partage, c’est une manière formidablement saine d’aborder un film. Nous improvisions beaucoup avec elles et cela m’a rappelé la façon de travailler avec Abdellatif Kechiche sur La Vie d’Adèle", explique la jeune femme.