Un très beau film encore des frères Larrieu , toujours atypique , différent de la production française traditionnelle .On est proche de la veine bucolique et naturaliste , de « Peindre ou faire l’amour ». Moins virulent et moins contestataire que « Les derniers jours du monde » .Ici Caroline vient pour l’enterrement de sa mère, Zaza qu’elle n’a pas revu depuis des années. Cette dernière s’était retiré dans la Causse ( Aude) pour vivre une vie hédoniste, proche de la nature ,du plaisir des sens ( piscine superbe, voisins paillards, bons vins..) . Mais le cadavre disparaît et le film commence un peu comme un policier. Très vite l’enquête laisse place à une réflexion sur le bonheur, sur la nécessité de prendre son temps, de savourer les plaisirs de la vie et la recherche d’un Hédonisme salvateur. Caroline qui arrive de la ville, se laisse petit à petit séduire et charmer par ce petit microcosme. Et puis dans le dernier quart d’heure, on passe à une réflexion douce sur la mort , sur l’âme, sur les corps, sur les priorités de la vie. La dernière nuit de Caroline, courant dans les hautes herbes sous les éclairs, en plein orage est magnifique. Elle se réveillera au petit matin comme transformée, couchée sur un lit de mousse sauvage, prête à vivre une 2e vie.. Isabelle Carré est encore radieuse, à l’affiche de deux films en même temps, la meilleure actrice de la génération des quadra nous éblouit . Si sensible, naïve et timide au début du film, coincée dans un mariage usé et usant, mais qui se libère petit à petit pour finalement retrouver toute sa sensualité en fin de film, et demander à son mari, qu’elle vient de retrouver par hasard dans un superbe plan d’aurore boréale, de lui « faire l’amour sauvagement, car son engin est magnifique , et qu’ elle est toute mouillée » . Sergi Lopez, même dans sa courte apparition est impeccable, égal à lui même. Bien sûr Karine Viard nous enchante par sa diction précieuse de ses textes érotiques, résumant ses aventures de libertine assumée, formidable, une délectation... Belle composition de Denis Lavant en diablotin lubrique, qui excite toutes les femmes, et bonne prestation de Dussolier qui s’adapte bien au cinéma des Larrieu . Une maestria de réalisation des deux frères, avec par exemple ce Zoom avant, ralenti, de plusieurs minutes sur le visage de Carré, qui nous récite l’explication de l’enlèvement , résolvant l’intrigue avant l’heure. Un plan à voir et à revoir. Formidable expertise cinématographique. Un grand moment de cinéma, même si on atteint pas tout à fait la hauteur de leurs meilleurs films (i.e.l'excellent "Un homme, un vrai"). Le cinéma des Larrieu est toujours un régal d’originalité et de poésie. Courrez le voir.