Il peut être jugé provocateur, et subversif aussi, d'oser écrire qu'un téléfilm, surtout avec un pareil thème, on n'a pas aimé..
Tout dépend aussi, bien sûr, si on le visionne avec un regard limité au compassionnel ou si on le regarde en espérant un peu plus que ce regard là.
Comme j'espérais justement un autre regard, ma déception, vis à vis de cette réalisation, fut que je l'ai trouvée inévitablement bien trop manichéenne. En gros, Les gentils d'un côté, les méchants de l'autre.
Ce téléfilm aurait pu s'intituler plutôt que "L'emprise" "L'ange et le démon".
Certes, les femmes battues, il faut oser en parler, il faut oser dénoncer, il ne faut pas hésiter une minute, même pas une seconde... Les enfants martyrs aussi.
En gros, les "iakafocon" ne manquent pas...
Ils sont tous très dignes et même très louables, certes, mais hélas, entre théorie et pratique, comme pourraient en écrire 100 pages ceux qui sont sur le terrain du matin au soir depuis des années, tant dans le social que dans le médical, il y a un fossé infranchissable
Si les campagnes de pub, si les films dénonciateurs, si toutes les associations et les mobilisations des pouvoirs publics servaient, je veux dire par là servaient "spectaculairement" à quelque chose, ça se saurait, et même déjà depuis un bon moment déjà.
Or, le triste constat est que d'une année sur l'autre, il y a toujours plus de femmes battues que l'année précédente....
Je n'écris pas bien sûr que comme ça ne sert à rien, ou pas à grand chose par rapport à ce qu'il faudrait réellement, autant jeter l'éponge et ne plus en parler.
Toutefois, un film comme "L'emprise" fait partie de ceux , à mon goût, qui n'apporteront rien à part faire pleurer dans les chaumières et à se révolter, certes, mais confortablement assis dans son fauteuil devant son écran. Il m'a fait penser, en quelque sorte, à un long clip pour les femmes battues.
Parce que le film montre la vie d'une femme qui pendant 12 ans se fait massacrer, même "fracasser" par son mari, dont elle aura 4 enfants. Un individu marginalisé, violent et alcoolique (et, pour ceux qui ont suivi la véritable affaire, qui a frôlé même le pénal pour soupçon de pédophile sur les 2 enfants de son premier mariage) dont elle ne parvient pas à se défaire malgré tout ce à quoi elle a droit.
Elle ne parviendra à le tuer (et encore, en ne le voulant pas puisqu'elle a frappé "au hasard" mais le coup porté à la carotide s'avérera mortel) que lorsqu'elle réalisera qu'il est en train de la tuer et qu'elle va mourir.
Certes, ça remue les tripes de voir ce que cette pauvre femme endure, on ne peut que se dire "quelle horreur" "la pauvre", "c'est affreux", et j'en passe...
On peut même ajouter qu' elle a bien fait de le tuer son ignoble bonhomme, qu'elle aurait même dû le zigouiller bien avant !!! Si, si, nous sommes nombreux à penser comme ça...... mais c'est trop simple.
Pour ceux qui ont suivi l'affaire de près ou d'assez près, sans pour autant avoir le dossier à leur disposition non plus, on se souviendra que les voisins disaient du mari en question "il avait l'air si gentil, jamais nous n'aurions pu deviner... ils allaient même fêter le baptême du petit dernier le lendemain" (du meurtre).
Il suffit d'avoir suivi , également, l'affaire de Jacqueline Sauvage qui, elle, a enduré pendant 47 ans la violence de son mari et les violences sexuelles même de ce dernier sur ses trois filles ! Jacqueline Sauvage dont la mère avait été, elle-aussi, victime de violences conjugales...
La réalité est souvent hélas bien plus complexe que ce que le téléfilm nous montre.
Ce téléfilm nous "offre" (presque) essentiellement qu'une succession d'images qui ne montrent que la victime et son bourreau.
Or, le problème et sa complexité, il n'est justement pas montré.
Le jeu d'Odile Vuillemin est honnête mais elle ne m'a pas bouleversée d'autant que j'ai trouvé hasardeux (le terme est faible) le fait de lui faire interpréter au début de l'histoire une jouvencelle de 17 ans (alors que la comédienne est plus près des 40 que des 20)...
Celui de Fred Testo, par contre, je l'ai trouvé magistral.