"L'Emprise"
(titre adéquat vu que l'emprise a lieu autant dans le présent qu'après la mort de Marcelo, qui a laissé à Alexandra son lot de cauchemars et d'ennuis judiciaires)
est indéniablement majeur pour le grave sujet qu'il traite (les violences faites aux femmes par leurs conjoints), pourtant, il m'a laissé une impression mitigée. La force de ce téléfilm réside dans la violence insoutenable du mari
(gifles, poing dans la gueule, tirage de cheveux, étranglements, chantage psychologique (la tumeur), cris, enfants battus, etc...)
pour des raisons scandaleuses (rien ne peut de toute façon excuser ce genre d'actes) comme
de la jalousie injustifiée, le fait que sa femme se maquille ou porte une jupe courte, les doutes du beau-père, des tentatives de fuite, etc...
. Le bémol là-dedans est que Marcelo est un tel psychopathe extrême qu'il ne saurait représenter la grande majorité des époux violents et donc traduire ce que vivent la plupart des femmes battues. Les 20 premières minutes en forme de compilations des atrocités de Marcelo renforcent ce constat (au même titre que l'absence de recul pour expliquer sa personnalité horrible), qu'une rencontre amoureuse trop idyllique ne peut atténuer. Au moins, "L'Emprise" se rattrape en montrant avec intelligence les raisons pour lesquelles Alexandra n'a pas quitté Marcelo
(peur, honte, manque de ressources financières, aucun sentiment que justice sera faite, tant qu'elle se laissait battre les enfants ne craignaient rien)
et comment personne autour d'elle ne l'a aidée vraiment, que ce soit
son père, son amie, l'ex de Marcelo ou pire encore les flics et la justice
. Sur le procès, on tient l'énorme défaut de "L'Emprise", il est bâclé, complètement surréaliste, la défense n'intervient jamais et c'est au final le Procureur
qui se fait à la fois l'accusateur et le défenseur d'Alexandra
... Côté casting, Fred Testot est impressionnant de monstruosité, Odile Vuillemin a tardé à me convaincre mais prend de l'épaisseur et de la nuance au fil des minutes, et Marc Lavoine paye son rôle caricatural très mal écrit. Concernant la réalisation de Claude-Michel Rome, elle a quelques fulgurances mais n'est pas suffisamment incisive. Enfin, si le choix de la musique finale est pertinent
(The Sound of Silence)
, l'abus de bande-son tire-larmes dérange. En bilan, je saluerais l'aspect militant et humaniste de "L'Emprise", dont le scénario n'est hélas pas toujours à la hauteur des ambitions.