Nous voici avec la version so british de la grande épopée médiévale. Qui vient corriger tous les défauts du film Braveheart (enfin, c’est l’intention).
Et je suis agréablement surpris par la qualité du film. Production britannique pure souche, le film évite les nombreux écueils des adaptations approximative et simpliste des américains, en évoquant les hauts et les bas de Robert Bruce, véritable souverain d’Écosse. C’est la plus grande force du film.
Chapeau bas à la reconstitution, au-delà des panoramas magnifiques écossais, des châteaux, costumes, armures, tout semble beaucoup plus ancré dans le quotidien et le réalisme du Moyen-âge.
Mais ce qu’il gagne en réalisme, le film le perds en rythme. C’est long, on regarde sa montre, l’intrigue avance par à-coup. Les passages « calmes » n’ont que pour utilité d’expliquer un minimum l’intrigue du film, et d’esquisser la présentation des nombreux protagonistes.
Le hic étant que l’histoire qui précède, la rébellion de William Wallace (Braveheart, faut suivre) est terminée au moment où le film commence.
On ne nous explique jamais les véritables tenants et aboutissants des différents seigneurs, leur personnalité profonde, leur leitmotiv.
Et c’est sur ce point que le film bascule entre bon film de cap et d’épée et simple grosse production réaliste.
Le personnage principal, Robert Bruce, incarné par le pourtant excellent Chris Pine est taiseux au possible.
Pas dans le sens que cela lui donne une aura ou une grandeur, plus dans le sens « j’ai perdu mon pari, je la ferme ». Un gros décalage entre des dizaines de nobles et des centaines de paysans qui le suivent jusqu’à la mort, tandis que notre héros est impassible et hermétique.
Pour la partie réalisme, le film fait régulièrement des concessions allant de légères omissions, afin de simplifier la narration, à des aberrations qui dérangent :
Le fait que la femme de Bruce soit enfermée dans un château, c’est certain, mais qu’elle soit torturée par ses ravisseurs, sachant qu’elle est la fille d’un noble anglais loyal à la cour, j’en doute. Un otage est toujours plus utile vivant…
Idem pour le cliché que les gars de Netflix n’ont pas voulu renoncer : la grande bataille de cavalerie.
Finissons avec ce mythe hollywoodien : une armée médiévale est constituée à 99% de fantassins. Seuls les nobles et les chevaliers décorés combattent à cheval. Il faut probablement compter au maximum 1 cheval pour 100 fantassins.
La plupart des guerres ne se gagnent pas par de grandes batailles, mais plutôt par une guerre d’usure, et finissent dans des négociations acharnées avec des états voisins qui soutiennent toujours l’une ou l’autre des parties (France, le Pape, St-empire Romain Germanique, etc.).
Les américains ont également voulu romancer inutilement la relation entre le héros et sa promise. Encore un cliché hérité des classiques américains des années 50.
C’est un mariage politique, les deux parties ne « s’aiment pas » au sens moderne et romantique du terme.
Je regrette également que le film ne dépeigne jamais l’ambition, les luttes de pouvoirs inhérents à l’époque.
Si la famille Bruce s’oppose au roi anglais, c’est pour asseoir ses fesses sur le trône d’Écosse, pas par volonté émancipatrice ou faire plaisir au peuple.
Bruce et ses alliés se sont volontairement servis de l’image favorable de William Wallace pour fédérer la populace et justifier leur revendication au trône. Les nobles restent des politiciens.
Le plus décevant reste le casting, malgré la présence de nombreux acteurs, dont plusieurs ont participé à la série Game of Thrones (James Cosmo, Stephen Dillane, Ron Donachie), leur utilité dans le film reste avant tout symbolique.
Cela plairait davantage aux amateurs d’histoire et aux aficionados de grands fresques médiévales, mais le cinéphile restera sur sa faim.