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il_Ricordo
104 abonnés
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5,0
Publiée le 7 novembre 2011
Le poète et romancier Pier Paolo Pasolini continue sur la lancée d'Accatone dans le néoréalisme avec une œuvre sociale déchirante. L'errance, l'inactivité et la recherche de rédemption animent les personnages dans une Rome misérable et déserte. Les promenades nocturnes d'Anna Magnani dans la ville ponctuent le film, et une image de terrain vague revient périodiquement, jusqu'à la conclusion. Les personnages voient leur vie définie dans ce terrain vague : vide, morne et d'une tristesse à pleurer. L'innocence de la jeunesse désorientée est magnifiquement incarnée par la représentation d'Ettore, cloué à son lit de prison, tel le Christ sur la croix. L'œuvre de Pier Paolo Pasolini est d'un humanisme d'une sensibilité poétique qu'on ne retrouvera jamais plus.
Tout le contraire du cinéma formaté commercial, « Mamma Roma » est un film contemplatif avec des digressions et un style profondément original, sans concession. Une pure tragédie des rapports mère fils, avec une inspiration néo-réaliste portée à l’incandescence dans le tableau de la fatalité sociale et l‘aspect visuel. Un très grand film de Pasolini, sans l’intellectualisme ou le coté démonstratif qui gâche par moment l’œuvre du maître.
Un réalisme cru sans cesse traversé d'images à la fois pieuses et profanes, une mère-putain si tragique qu'elle en devient plus pure qu'une vierge, un petit délinquant christique qui finira tel un tableau de Mantegna, de la chair juvénile débordante à la fois d'une sensualité pleine de vie et de vices mortifères (la scène du pendentif de la vierge tombant sur le décolleté de la jeune fille vous apprendre que Madonna n'a rien inventé), des jours envahis d'une lumière presque aveuglante et des nuits si sombres que l'on s'y perdrait. Pasolini se repent en blasphèmant, injuriant les cieux dont il espére tant et sa poésie urbaine et sociale n'aura jamais eu autant de force que lorsque en un seul plan il montre la distance qui sépare Saint-Pierre des faubourgs de Rome, qui sépare les simples croyants de ceux qui revivent continuellement la crucifixion.
Il s'agit du second long métrage de Pier Paolo Pasolini, réalisé en 1962, soit un an après "Accattone". Ce qui fait la force de "Mamma Roma", c'est son exaltant parfum de liberté. Liberté de récit certes (Anna Magnani s'adressant directement face à la caméra...), mais également liberté de ton. C'est un peu comme si l'on y respirait l'odeur vivifiante de la Nouvelle Vague, lui même happé d'une tragique bande enveloppante. Ce parti prit parsemé de ces nombreuses audaces narratives contribuent ainsi à faire de "Mamma Roma" la première oeuvre majeure de son auteur. Anna Magnani domine le film de par sa beauté et sa truculence, notamment dès la première scène, lorsqu'elle entame une joute improvisée avec la fraiche mariée. Parmi cet éventaire d'habileté et d'intelligence, on retiendra surtout cette réplique sublime de Mamma Roma qui errant dans la rue, s'adressera directement au Ciel après un long monologue en déclarant : "Pourquoi moi je ne suis rien, et toi, tu es le Roi des Rois ?". Admirable.
Deuxième long métrage de Pasolini, Mamma Roma contient déjà la plupart des obsessions de son auteur et notamment la relation si importante dans la construction de l’être humain entre la mère et son fils adolescent. Anna Magnani est déchirante en figure presque universelle de la maman putain représentative de la Ville éternelle. Le film avance à travers des foules de symboles et la fin où le jeune homme termine sa vie en crucifié martyr de la société est d’un implacable réalisme poétique qui annonce les avancées extrêmes ultérieures de Salo. La construction du récit est d’une puissance hors du commun et Pasolini se montre déjà un grand cinéaste qui a assimilé la technique et les possibilités de ce nouvel outil.
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4,0
Publiée le 14 avril 2012
C'est le deuxième long-mètrage de Pier Paolo Pasolini après l'inoubliable "Accatone", dèjà avec Franco Citti qui allait devenir son acteur fètiche mais le seul film que la grande Anna Magnani ait tournè avec le cinèaste italien! Une histoire magnifique d'amour et de complicitè avec des moments de grâce et de poèsie pures! Avec "Mamma Roma", Pasolini montre une fois de plus son goût pour le prolètariat urbain vu dans une perspective où il mêle christianisme et marxisme! C'est par une utilisation très personnelle et très lyrique des èlèments du cinèma naturaliste que Pasolini a su atteindre comme dans "L'Evangile selon saint Matthieu" à cette profondeur de l'expression que nous admirons tant ses films! Sans doute le plus beau rôle de la Magnani avec "Bellissima" de Visconti...
Film beau et brillant, doté de qualités de mise en scène et d'écriture exceptionnelles. Pasolini expérimente, dans son début de carrière, mais son expérimentation n'a rien qui ressemblerait à une mise en scène primitive; bien au contraire. Dès son second long métrage, Pasolini dirige son film en véritable maître avec un talent incroyable. La mise en scène est de qualité. Belle interprétation des acteurs, le personnage de Mamma Roma est pertinent; ainsi que son fils. Le film brille par sa gestion du mouvement, le montage est très intéressant : il propose des enchainements de plans novateurs, émouvants et marquants. Puis la musique du film est source de satisfaction auditive et visuelle (puisqu'elle accompagne les images d'une manière extremement précise). Le scénario trouve son intêret dans la manière dont Pasolini munie le particulier de l'universel. La relation de Mamma Roma à son fils prend la forme de celle de toutes les mères avec leurs fils. Finalement Mamma Roma apparait comme une ode à l'amour, un hommage à celles qui fond que nous existont et nous mettent au monde. Très beau film.
Comme les italiens de l’époque Mamma Roma, dans l’espérance d’une vie meilleure abandonne sa campagne pour s’installer en ville. Mais Pasolini s'attache à filmer le réel, on comprendra donc très vite la fatalité qui gagnera ceux qui cherchent à fuir leurs conditions sociales. Si le film évolue dans les années d’après guerre, il n’en reste pas moins très contemporain dans les thématiques abordés. La jeunesse d’aujourd’hui a l’allure de celle d’Ettore, du moins dans les perspectives qu’on lui propose On retient ces terrains vagues, sorte de no man’s land dans lequel Ettore évolue. D’un coté les banlieues pauvres, de l’autre les quartiers riches, appuyé par le noir et blanc, l’ensemble du film est accompagné de symboles qui viennent renforcés l’idée de deux monde qui s’oppose. Les dialogues nous rappelle l’homme de lettre et le poète qu’était aussi Pasolini. Le script est ponctué de long silences, les dialogues sont travaillés mais sans superflu. La musique est presque a elle seule un personnage, elle vient renforcer les combats et les émotions jusqu’à la scène finale..
la rome prolétarienne des années 50. Prostitution, délinquance, impossibilité d'échapper à sa condition et l'inévitable reproduction et répétition sociale. Magnifique noir et blanc, quelques plans cultes sur les ruines de l'ancien et du nouveau monde mais un doux ennui malgré tout!!!
Anna Magnani crève l'écran dans ce mélodrame tragique et bouleversant, aux accents néoréalistes. Des scènes magnifiques mais le scénario est trop décousu pour en faire un film passionnant.
Grand drame de Pasolini. L'histoire d'une ancienne prostituée qui est sans détour, et fort. La mise en scène est excellente et A. Magnani impressionnante. Je trouve également que ce film est bien dialoguer avec une fin tragique.
Un des rôles les plus marquants de l’égérie du néoréalisme italien Anna Magnanie et second film de Pier Paolo Pasolini, Mama Roma est une splendide peinture de la vie dans les quartiers populaires dans l’Italie d’après-guerre. L’affection du cinéaste pour les populations défavorisées trouve un superbe support dans le drame que vit cette femme prête à se sacrifier pour assurer un avenir, aussi sur le plan affectif que professionnel, à son fils tout en devant lui cacher son passé de prostituée. La façon qu’ont la mère et le fils d’évoluer sans réussir à réellement se rapprocher est parfaitement illustrée par la mise en scène et les dialogues, tous deux emplis de noirceur et de mélancolie, et permet de poser sur les classes populaires romaines un regard minutieux, décrivant tant les questions politiques que religieuses qui hantaient la société de l’époque.
Chronique sans espoir des misères de Rome, "Mamma Roma" du grand Pier Paolo Pasolini se démarque clairement de tout autre film qui soit. A mi-chemin entre le néo-réalisme et l'univers totalement phantasmé, il s'avère extrêmement surprenant d'un bout à l'autre, parvenant avec un brio incroyable de se défaire de tout cliché possible. D'une rare puissance, il bouleverse régulièrement, son parti pris de mettre ses protagonistes en avant sans pour autant délaisser quelque autre élément nécessaire à la construction de l'oeuvre s'avère payant. Proche de ce qu'il expose, il est au contact des sentiments, les explore et nous les transmet, avec recul, délaissant le jugement. Profond est un bien vain mot pour qualifier l'ensemble, si tourmenté et émotionnellement implacable. Le style du cinéaste fait son effet, provocant, terrible mais également très poétique notamment par l'intermédiaire d'une bande-son magnifique. Pasolini n'y va pas par quatre chemins : tourner autour du pot ne lui ressemble pas, lui préfère rentrer purement et simplement dans l'action, mêlant douleur infinie et tendresse sublime. Plusieurs séquences s'avèrent inoubliables, ne laissant faiblir à aucun moment la tension dramatique, constamment palpable. Anna Magnani est tout simplement extraordinaire de justesse la plupart du temps, rendant attachante et proche son personnage à un spectateur ébloui par la grâce de son coeur. Le scénario est admirablement construit, passionnant, écrit avec une grande finesse et un sens du conte inné. Il décrit parfaitement toute cette ambiance et s'inscrit dans toute forme d'écriture possible, qu'elle soit littéraire comme cinématographique. Cru dans son propos, "Mamma Roma" se regarde toutefois sans difficultés et marque singulièrement celui qui le verra, de par son originalité de traitement et son résultat splendide.
Oeuvre moderne pour l'époque que Pasolini mène de main de maître. Très touchant et engagé, ce film est magnifié par la beauté des images en noir et blanc et le charme d'Anna Magniani. L'une des plus belles réussites du regretté cinéaste italien.
Mamma Roma loin des oeuvres postérieures, plus cérébrales, réussit une alchimie vibrante : constat amer sur déshérence de la banlieue d'après-guerre, poésie des espaces en friche écrasés de soleil qui donnent à l'itinéraire de cet adolescent des accents de tragédie. Mais Pasolini filme aussi le drame intime d'une femme qui tente d'arracher à sa fragile existence un enfant que la mort cernait depuis le début. La scène dans laquelle Anna Magnani s'adresse au spectateur est l'une des plus inventives du film. A voir ou revoir.