Scènes de crimes : les secrets du tournage

Frédéric Schoendoerffer a pris le pari, avec Scènes de crime, de débuter son parcours de réalisateur par un film de genre. Exemple type du film de serial-killer, il représentait un vrai défi pour le français, qui a cependant vécu l'aventure avec passion. "Un premier film, c'est parler de ses passions", explique-t-il. "J'aime énormément les films et les romans policiers. Je voulais raconter une histoire policière avec un tueur en série, car ces criminels sexuels sont un peu le reflet de notre société dominée par l'argent et le sexe. J'ai vu pratiquement tous les films et lu tous les livres disponibles sur ce genre de crimes."

Pour rendre le plus authentique possible le quotidien des deux héros de Scènes de crime, Frédéric Schoendoerffer et son équipe ont longuement collaboré avec de véritables policiers. Le cinéaste n'a pas voulu faire les choses à moitié. Il a ainsi rencontré les plus grands professionnels du secteur, situés au 36 quai des Orfèvres à Paris. S'il avoue que les premiers mois en leur compagnie furent assez difficiles, ceux-ci étaient très méfiants, il en retire toutefois une énorme satisfaction : "Les confidences de ces policiers ont énormément nourri le scénario. On les a suivis au quotidien, sur des parties d'enquête, on se devait de toujours respecter le secret de l'instruction. On a vu comment ils vivaient, on déjeunait avec eux, ils nous parlaient de leur travail, de leur vie de famille. On s'est inspiré de toutes sortes de détails."

Pour Scènes de crime, pas question de laisser quoi que ce soit au hasard. Chaque scène du long métrage a été minutieusement préparée en amont, auprès des différents métiers concernés. Ainsi, Frédéric Schoendoerffer n'a pas seulement enquêté auprès de véritables policiers, mais il s'est égalemnt entretenu avec des juges, des techniciens, des médecins légistes... Le cinéaste déclare que "même les décors reproduisent à l'identique les bureaux du Quai des Orfèvres : de nombreux petits bureaux reliés par des tas de couloirs, comme les circonvolutions d'un cerveau !"

Pour les besoins de Scènes de crime, le réalisateur Frédéric Schoendoerffer a demandé à son acteur André Dussollier d'être le plus massif possible. Plus précisément, il souhaitait le voir approcher le plus possible du jeu d'un Jean Gabin, pour s'éloigner de son image d'homme charmant et vif.

Le résultat a enchanté le cinéaste, qui ne tarit pas d'éloge sur André Dussollier, voyant en lui un comédien perpétuellement prêt à tenter de nouvelles expériences, toujours avec un enthousiasme de débutant : "Vous tournez avec Dussollier et vous lui demandez quelques minutes avant la prise, "je voudrais que tu danse pété, en caleçon, avec une chemise pleine de sueur, que tu laisse aller tes larmes", et il vous dit , "banco, formidable !". Le bonheur..."

Pour Frédéric Schoendoerffer, Charles Berling est le parfait pendant du personnage incarné par André Dussollier et permet ainsi au couple de flic de fonctionner à merveille. "Il apporte la dimension mythologique du héros, il a un côté sexy et rock and roll ! Les femmes ont envie de prendre un café avec lui et les hommes ont envie de lui ressembler", avance-t-il.

Pour Charles Berling, ce film était l'occasion de retrouver le thème du serial killer, quelques années après avoir joué Roberto Zucco au théâtre.

André Dussollier avoue avoir beaucoup d'admiration pour des acteurs du calibre de Robert De Niro, Al Pacino ou Dustin Hoffman. Admirant partculièrement leur capacité à se métamorphoser au service de leurs personnages, Dussollier déclare avec humilité vouloir approcher cette qualité avec Scènes de crimes, une qualité qu'il recherche d'ailleurs pour chacun de ses rôles. Dans le film de Frédéric Schoendoerffer, le comédien français n'hésite ainsi pas à danser en caleçon ou se retrouver saoul dans le lit d'une prostituée, mettant à mal son image d'homme rangé.

En préparant Scènes de crime au côté de véritables policiers, le cinéaste Frédéric Schoendoerffer s'est rendu compte que la réalité n'est pas forcément celle décrite dans les films. "En allant dans les bureaux, j'ai observé que les policiers étaient tous en veste, et non pas en jean et en blouson de cuir. Pour eux, l'enquête commence sur le lieu d'un crime où ils se retrouvent face à la famille, ils doivent donc se présenter avec une tenue décente", se souvient-il. Avant d'ajouter "qu'il n'y avait pas d'holster quand ils ôtaient leur veste. Ils ne portent pas d'arme."

Le détail de l'absence d'arme chez ces policiers ne fut pas sans conséquence sur le long métrage. Schoendoerffer conclut : "Je me suis dit, c'est intéressant de faire un film policier ou il n'y aurait pratiquement pas de flingues, on voit rarement ce genre de flics à l'écran. Leur travail progresse à coups d'incertitudes, de petites pistes..."

C'est le compositeur français Bruno Coulais qui a signé la musique de Scènes de crime, incluant dans le film des morceaux de techno, de rap et de musique classique. Bruno Coulais a notamment signé les partitions des Rivières Pourpres, d'Harrison's Flowers, de Vidocq et du Peuple migrateur.

Frédéric Schoendoerffer, fils de Pierre Schoendoerffer, a eu le plaisir de diriger son frère Ludovic dans Scènes de crime, où il tient le rôle de Léon. Ludovic Schoendoerffer possède déjà une belle carrière sur grand écran, puisqu'il joue également la comédie dans Dien Bien Phu (sous la direction de son père Pierre), Le Frère du guerrier et Demonlover.