Une vie a été écrit après La Loi du marché, le précédent film de Stéphane Brizé. Ce dernier confie toutefois que la véritable naissance du projet s'est faite il y a une vingtaine d'années, quand il a découvert le roman de Guy de Maupassant grâce à Florence Vignon (co-scénariste du Bleu des villes, Mademoiselle Chambon et Quelques heures de printemps).
Une vie est l'adaptation du premier roman du même nom de Guy de Maupassant et paru pour la première fois en 1883. Il s'agit de la seconde transposition d'une oeuvre littéraire sur grand écran pour Stéphane Brizé après Mademoiselle Chambon (2009).
Même si les personnages et le contexte d'Une vie sont bien différents que ceux de La Loi du marché, Stéphane Brizé voit les deux héros de ces deux films comme des êtres qui ont une haute idée de la vie. "Thierry l'exprime en refusant une situation insupportable, Jeanne l'exprime dans sa confiance extrême en l'Homme", explique le cinéaste.
Le mélange des époques a nécessité de tourner le film sur plusieurs saisons, chose que les producteurs avaient accepté dès le départ. "Revenir sur les mêmes 10 11 lieux – la plage, la campagne, le parc, le potager – en montrant la métamorphose de la nature. Cela, mêlé au vieillissement des corps, traduit plus puissamment la sensation de la vie qui s'écoule. Avec l'envie aussi que la nature soit l'écho de la psychologie de Jeanne. Car elle est en lien organique et psychique avec les éléments. Ensemble, ils ne font plus qu'un", note le réalisateur Stéphane Brizé.
Stéphane Brizé a tourné Une vie en format presque carré 1.33 et caméra à l'épaule, un mélange soulignant le caractère intemporel de l'oeuvre. Via le 1.33, le cinéaste voulait créer l'enfermement pour Jeanne, "comme une boîte (sa propre histoire) dans laquelle il lui est difficile, voire impossible, de s'extraire". La caméra à l'épaule traduit quant à elle la pulsation de la vie intérieure de ce même personnage.
Le réalisateur Stéphane Brizé a eu recourt à une musique à base de piano forte, l'ancêtre du piano actuel. Il a travaillé avec Olivier Baumont, grand claveciniste, qui lui a fait découvrir la musique baroque il y a quelques années. "Il m’a d'abord fait écouter de très nombreux morceaux, nous en avons enregistré quelques-uns et un passage de La Pothouin de Jacques Duphly a naturellement pris sa place. Morceau que je lui ai aussi fait interpréter d'une manière plus déstructurée pour traduire certains moments d'errance de l'esprit de Jeanne", se souvient-il.
Le célèbre roman de Guy de Maupassant a déjà été adapté, comme ce fut le cas avec Une vie d'Alexandre Astruc en 1958 ou encore avec le téléfilm "Une vie" d'Elisabeth Rappeneau en 2004.
Le film commence lorsque Jeanne a environ 20 ans et se termine 27 ans plus tard, ce qui a bien évidemment posé la question du maquillage et de la coiffure. "Le jour où j'ai vu Jeanne et son père d'abord jeunes puis vieux, j'ai été troublé. La coiffeuse et la maquilleuse ont du talent mais rajeunir et vieillir, au cinéma, ce n'est pas que cela. C'est même loin d'être uniquement cela. Il faut que ce soit bien éclairé mais il faut aussi de grands comédiens. Car c'est un état physique et psychologique. Judith et Jean-Pierre ne jouent pas des gens plus jeunes ou plus âgés, ils sont réellement plus jeunes et plus âgés. Je ne sais pas par quels mécanismes ils font cela mais leur corps tout entier se transforme, leur énergie se métamorphose", se rappelle Stéphane Brizé.