Ce n'est pas une daube, car on sent qu'il y a de la maîtrise technique quant à l'image...
Mais simplement une nullité quant aux décors, les costumes, le jeu d'acteurs.
On n'y croit pas depuis le début, petite liste très loin d'être exhaustive des erreurs, certaines monumentales :
- deux jeunes gens de 18-19 ans couchent ensemble - dans une chambre s'il vous plaît, pas dans le foin -, sans être mariés... nous sommes en 1914, pas en 2014... m'ouais... ;
- les soldats traversent la Champagne couverte de champs en friche ... en 1914 ... la France du nord était presque entièrement couverte de cultures... ;
- on apprends que la Champagne est plate, mais plate... et de vignes ? ... point !... ;
- certains soldats en Champagne - mais pas tous ! - portent au collet comme n° de régiment le n° 106 ... celui de Genevoix, lequel régiment était entre la Vaux-marie et les Eparges en 1914-1915 - ridicule : on a juste copié ce que l'on a vu dans le téléfilm "Ceux de 14" - qui lui est TRÈS réussi - sans se poser la moindre question ... des débiles ?...c'est cela, oui, vraiment... ;
- ... et ils ont dès 1914 des bandes molletières, bleu alpine... ben voyons ;
- parfois - parce qu'ils sont jeunes et fatiguent vite sans doute ? - ils sont transportés en camions ... en 1914 ! ... délirant ;
- ils cantonnent dans des baraquements en bois, en janv. 1915 : non, les soldats cantonnaient dans des villages, des granges, etc. ;
- l'officier (aux épaulettes rouges : ha, ha ha !) salut à la manière américaine, pas française : ç'a y est, on a sombré dans le ridicule, juste en-dessous du Titanic ... surtout les conseillers historico-militaires dont je ne veux même pas connaître les noms, et qui doivent se terrer dans une tranchée vers le Yukon ... pour se faire oublier, à tout jamais ... morts de honte... sans aucune excuse ... il fallait me demander : même en tant qu'amateur, je ne pouvais que faire mieux ! Même chose pour l'adjudant dans la scène finale qui salut encore à l'amerloque ;
- beaucoup de barbus parmi les gradés, même en attente dans les cantonnement de l'arrière... or l'époque était plutôt glabre : les barbus c'est 1870, pas 1914. Les poilus l'étaient (poilus) quant ils restaient en première ligne ... ;
- on est ni dans l'armée US, britannique (y compris canadienne) ni allemande, et pourtant les sous-officiers ne cessent de crier même au cantonnement ... ridicule pour ce qui est de l'armée française ;
- dès 1915, ils ont des fusils Berthier modèle 1916... passons... ;
- tout un troupeau de chevaux morts, entre les lignes de tranchées, sans même de harnais... un troupeau de mustangs en vadrouille peut-être ? ;
- il n'y a pas d'usage de lance-flamme avéré avant 1916 par les Allemands autrement que dans le secteur de Verdun ... c'est pas grave ... ;
- ... et l'herbe sur un sol saturé d'eau ? : elle brûle ... du napalm ? ;
- reconnaissance dans un secteur de repos en 1917, dans les tranchées, notre héros avec un soldat de l'armée britannique (canadien) et cantonnement également avec des britanniques... le tout sans fusil bien sûr, casque en bandoulière, ah, non, le soldat britannique porte un casque Adrian (?!)... et comment croire que la coordination franco-britannique allait jusqu`à mêler les simples soldats pour des missions ?...;
- beaucoup de décors de sapins ... typiques du nord de la France sans doute... ;
- à l'arrière on porte le casque, mais 1/2 seconde après en première ligne, sous les bombardements, le képi suffit bien ... ;
- ça gueule vraiment beaucoup dans ce film ... si le réalisateur était déjà venu en France (voir P.S., plus bas), il aurait peut-être remarqué que ce n'est pas en France comme au Canada, y compris le Québec, ou les USA - dans les films - ... on rigole fort, mais on ne gueule pas ... (en fait sans doute pas, car on se doute bien que que quelqu'un qui fait saluer un officier français comme un américain ne l'aurait pas noté) ;
- en 1917 : notre héros n'a absolument (un miracle) pas de cicatrices de ses blessures de 1915 ... mais ça le démange quand même par là : lamentable... (maquilleuses en grève ce jour-là ?);
- le Sergent de 1915 est passé en 1917 Maréchal des logis (ah, ah, ah !), et porte les galons d'Adjudant... que du bon, que du bon... ;
- par contre, il faut reconnaître que les uniformes sont recouverts de boue de façon réaliste, même s'il en manque parfois (l'adjudant pataugeant dans la boue, les bandes molletières impeccables...)... ;
- beaucoup d'acteurs n'ont pas des têtes vraiment française : l'infirmière, le prêtre (barbu : pourquoi ?) par exemple ... mais bon, vu le reste, ce n'est qu'un détail ;
- etc, etc, etc.
Et puis il faut ajouter que les images ne sont pas là pour simplement, (très) bêtement illustrer le film... non, elles sont le film.
Je suis de ceux qui pense qu'en se documentant suffisamment il est possible de reproduire les décors et les costumes d'époque (idem pour le vocabulaire). Pour la guerre de 1914-18, la documentation est depuis longtemps colossale... donc aucune excuse pour une telle paresse, pour un tel travail bâclé !
Bref, un film ridicule tellement les producteurs et réalisateurs ont pris peu de peine de s'intéresser à la France et à la guerre de 14-18. Mieux vaudrait faire des films sur d'autre sujet... (de plus, ils ont beaucoup projeté le Canada sur la France ou le contraire...). On dirait des Américains filmant la France (c'est toujours bidonnant) ... de la part de Québecois (voir P.S. plus bas) ... quelle déception !
Et ça a reçu le prix Jean Vigo ... alors tout est perdu (c'est à désespérer) : un César d'accord, une palme à Nice, c'est suffisamment mauvais pour le mériter. Mais le prix Jean Vigo, merde, quand même !
A oublier !
Cazimir.
P.S.: et voici le pire : c'est un film franco-canadien, le metteur en scène est français, le producteur (JPG) aussi ... aucune, aucune, aucune excuse !