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Pauline_R
179 abonnés
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3,5
Publiée le 14 septembre 2016
Un film assez dur et d'une belle finesse psychologique, retraçant avec réalisme et précision le retour d'Afghanistan d'une section française. Tourné les 3/4 du temps en quasi huit-clos dans un hôtel, Voir du pays dénonce sous un angle féminin (et féministe) le machisme, si ce n'est la misogynie et La loi du silence qui règnent dans l'armée, leurs conséquences mentales et sociales, et la véritable guerre interne qui fait suite à la guerre externe. L'homme est un loup pour l'homme.... Mais le film dresse aussi deux beaux portraits de femmes portés par deux actrices intenses que sont Ariane Labed et Soko dont l'amitié, les doutes et la peur sont au centre du film.
Quand la psychologie entre dans un groupe de soldats de retour d’Afghanistan dans un hôtel de luxe à Chypre, elle ne révèle pas seulement une face méconnue de l’armée française, mais que le groupe peut sauver l’individu. Je suis comme ces touristes insouciantes que croisent ces jeunes femmes et ces jeunes hommes ayant mis leur vie en jeu pour notre confort. Ils sont de passage dans ce sas entre la violence de là bas et celles qui s’annoncent ici. De beaux acteurs et un scénario au cordeau - forcément- nous questionnent sur la patrie, l’Europe, le courage, les femmes et les hommes, ceux qui ont besoin de se créer des ennemis, la vérité… Ces corps gainés se protègent et sous les apparats de la force, leur fragilité n’en est que plus émouvante.
La principale qualité du cinéma des soeurs Coulin, c'est avant tout leur formidable mise en scène, à la fois originale et fluide.
Voir du pays nous fait découvrir le quotidien de soldat(e)s en sas de décompression chypriote, entre Afghanistan et France. On suit d'abord leur arrivée irréelle dans un palace, on se délecte du contraste très cinégénique entre la rudesse militaire et l'exhibition indécente des touristes, puis on entre dans le coeur palpitant du film : il s'agit de se remémorer les coups durs vécus là-bas, pour les exorciser.
A partir de ce moment, les évènements vont s'enchaîner pour le pire, et d'exorcisme, il n'y aura pas. L'égalité homme/femme dans l'armée prendra d'ailleurs au passage un sale coup dans la tronche.
Le film a obtenu le prix du scénario dans la section Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, mais c'est pour ma part la façon de filmer des réalisatrices qui m'a impressionné : alternance de très gros plans sur les visages et de plans d'ensemble superbement cadrés, légères digressions signifiantes dans la lumière ou le grain, rythme du montage, jeux de reflets et de transparence. C'est très beau.
Voir du pays vaut aussi pour son interprétation. Ariane Labed est parfaite, et Soko joue à merveille ce qu'on pense désormais être son propre rôle, regard ombrageux et sourcil brousailleux.
Un film intelligent sans nul doute, même si_ j'aurais filmé certaines scènes différemment, notamment les images virtuelles de la guerre que j'aurais fait plus permanentes et où j'aurais ignoré les soldats qui commentent et qui gâchent d'une certaine manière la vision de la, guerre...... Pour le reste les traumas de la guerre sont abordés au second degré (de manière indirecte), et les jours passés à Chypre, permettent de voir la difficulté de ces jeunes soldats à assumer certaines choses, et notamment leur relation aux femmes soldats du groupe, rôles tenus avec une certain réalisme par trois jeunes actrices brillantes et naturelles dont certaines confirment leur talent.... Pas mal d'angles sont abordés, dont le psychologique, mais c'est traité sans lourdeur ni perversité, de façon décalée presque, avec d'agréables détours sur l'ile méditerranéenne..... Les deux réalisatrices soeurs réalisent un film qui permet une belle insertion dans un univers peu connu,(le retour de soldats au pays) son seul petit défaut étant d'édulcorer un peu la guerre.....Je conseille vraiment
Le film a gagné le Prix du Scénario à Cannes cette année, dans la section Un Certain Regard. Je trouve que c’est plutôt mérité tant le regard porté sur les expressions variées du stress post-traumatique est original et inspiré. Aurore (Ariane Labed, superbe) et Marine (Soko) sont militaires et viennent de passer 6 mois en Afghanistan dans une zone de conflits. La mission achevée, c’est le temps du retour en France. Mais avant les retrouvailles avec la mère patrie, toute leur section doit passer trois jours dans un hôtel de luxe chypriote, un « sas de décompression » pour tenter de libérer les soldats des angoisses qu’ils portent en eux, plus ou moins consciemment selon les cas. Mais le contraste entre les touristes occidentaux en bikini et la violence encore très présente de ce qu’ils ont vécu est un peu brutal… Quelques séquences assez fortes montrent comment les psys ont mis au point un mécanisme de réalité virtuelle replaçant les soldats au cœur d’événements traumatiques pour qu’ils puissent, en les revivant, espérer s’en débarrasser. C’est évidemment beaucoup plus compliqué que ça mais les réactions montrent qu’il y a autant de façons de s’accommoder des épreuves qu’il y a d’individus. Les plaies qu’ils trimbalent ont tatoué leur âme bien plus encore que leurs chairs. La perception de l’horreur varie selon l’âge, le passif et le sexe aussi sans doute. C’est d’ailleurs l’autre enjeu du film : interroger la place de la femme dans des institutions traditionnellement masculines. Les deux héroïnes en bavent pas mal entre suspicion d’incompétence, de sensiblerie et une misogynie plus ou moins avouée de la part de leurs collègues. Malgré un derniers tiers qui s’égare un peu et quelques dialogues sur-signifiants, le film m’a fait forte impression.
Felix93 [Participant or : ce membre participe à environ 2 sorties par semaine] , 06 Septembre 2016 - 00:02:23 [Supprimer ce commentaire]
voilà une toile assez bien ficelée qui par la grâce d'un savant scénario me semble éviter le piège des grosses lourdeurs liées à la thématique du retour au bercail de militaires après des interventions sur sol étranger....et le sas de décompression sur lequel est développé le centre de l'histoire est l'occasion pour les 2 frangines bretonnes qui ont géré la mise en scène, d'y introduire le zeste de sensibilité qu'il faut pour rester attaché aux membres de cette section qui pour certains tentent par la parole et non sans douleurs de se débarrasser de leurs blessures pour éviter de les ramener chez eux dans leur foyer, aidé par la thérapie de groupe menée par la cellule psychologique militaire, mais la régression et le refoulement rode dans cette petite ile ou la mer et le soleil n'arrive pas à tout effacer...
Un groupe de militaires en sas de décompression à Chypre. Une manière pour l'armée de gérer les dégâts intérieurs chez ces hommes - et femmes- engagés en Afghanistan. Et la réticence-résistance de personnes pudiques, qui ne voient pas l'intérêt de se déballer. Des gens qui ont un engagement collectif et des habitudes de troupe. On se met au garde à vous, on obéit à la hiérarchie. Et on remplit les questionnaires comme on sait qu'ils doivent être remplis. Les voilà donc balancés dans un décor "de rêve", luxueux resort en bord de mer. "On se croirait à Disneyland" dit Marine. Un univers architoc et artificiel où ils ont 3 jours pour décompresser et se débarrasser de leurs traumas, obsessions, interrogations sur ce qui s'est réellement passé en Afghanistan. Grâce à des séances de debriefing, où chacun est invité à raconter ses impressions majeures et sa vision des faits dans une sorte d'aveu public, comme si on pouvait laver son linge sale en famille. Le film montre d'abord le déni, "il n'y a rien à dire, tout va bien", puis le ressenti personnel, enfoui, inavouable de l'individu qui finit par émerger et entre en conflit avec la vision institutionnelle et la volonté de leur faire digérer tout ça, Il en ressort un chaos d'impressions personnelles, conflictuelles, où les individualités percent, où chacun a vu le monde à sa façon, et où rien ne coïncide. Et quand la contestation menace et qu'on arrive à la limite de la subversion, la hiérarchie sait reprendre la situation en main. Le reste du temps, ils sont censés se distraire, mais c'est comme si le débriefing avait libéré toutes les tensions au sein du groupe, les animosités entre ces femmes et hommes, la misogynie. Le film montre subtilement la fracture du groupe, une forme d'impasse et de point de non retour où ils arrivent.
"Voir du pays" disait autrefois la pub de recrutement de l'armée. Tu parles ! Marine et Aurore, les deux copines d'enfance qui ont signé leur engagement pour défendre notre patrie peuvent vous en parler. Elles reviennent d'Afghanistan où elles n'ont vu qu'un désert de pierres au milieu de montagnes dans lesquelles se cachaient des rebelles qui passaient leur temps à les mitrailler. Heureusement, l'armée française, généreuse et attentionnée, avant de relâcher leur régiment dans ses pénates, a organisé trois jours de débriefing dans un hôtel de luxe chypriote. Le film démarre très vite par de saisissantes images de leur arrivée dans l'établissement. Les plans de ces colonnes de tenues camouflages envahissant petit à petit cet espace bleu océan impressionne. Ces guerriers qui s'immiscent dans cet espace dédié aux vacances a des allures aussi surréalistes qu'inquiétantes, renvoyant soudain l'image d'un monde où la guerre est présente partout. Cette troupe essentiellement masculine hormis nos deux copines et Fanny l'infirmière, se retrouve réunit pour raconter s'il y a lieu, un vécu qui hante leurs esprits. Face à leurs supérieurs qui espèrent que le récit oral et public de leurs pires moments en Afghanistan les aidera à affronter leur retour en France, la troupe rechigne. Très vite, nos jeunes filles vont comprendre qu'un autre combat les attend dans ce lieu paradisiaque, combat d'une autre violence que celle rencontrée sur le terrain mais qui risque de les marquer tout autant. Les quelques malheureux qui osent exprimer leurs peurs, raconter le souvenir cuisant d'une embuscade qui a mal tourné, se verront pris à partie assez violemment par ceux qui préfèrent garder le silence. Aurore ose revenir sur cet événement pour évoquer ses blessures. Critiquée pour ses confidences, elle sera à demi-pardonnée puisque c'est bien connu, une femme c'est faible et pleurnichard. Mais quand un certain Max, à son tour bravera l'interdit tacite en donnant à écouter son récit, une gangrène machiste s'infiltrera dans le groupe. On ne pourra pas reprocher à "Voir du pays" de manquer d'ambitions. Aborder un thème rare dans notre cinéma national (la guerre en Afghanistan), le traiter de façon avec une formidable mise en images, fait rudement plaisir à voir. J'ai été étonné, puis passionné, puis ému, puis, ... hélas, un peu déçu. Alors que dans les deux premiers tiers du film, un évident et pertinent discours féministe irriguait subtilement le film, le dernier tiers le développe pleinement mais de façon un peu trop appuyée. La suite sur le blog
Une section de militaires français s’arrête à Chypre, en sas de décompression, après six mois passés en Afghanistan. Parmi eux Aurore (Ariane Labed) et Marine (Soko), deux amies d’enfance qui peinent à se faire respecter par leurs camarades masculins.
Le livre de Delphine Coulin et le film qu’elle en a tiré avec sa sœur exploitent un paradoxe : comment passer sans solution de continuité de la guerre à la paix, de la vallée de la Kapisa au beach resort méditerranéen, de la burqa au bikini ?
L’affiche du film joue sur ce contraste : deux militaires caparaçonnés dans un club de vacances. Et elle lui ajoute un paradoxe supplémentaire : ces deux militaires sont des femmes dans un environnement hyperviril.
La situation est terriblement intéressante et le film d’autant plus décevant qu’il n’en tire pas tou le parti. Il s’égare successivement dans deux directions sans choisir entre elles. La première est le traumatisme du conflit et l’impossibilité de l’évacuer. Aidés par des images de synthèse, les militaires sont invités à raconter leurs expériences. Le passé, que tous n’ont pas vécu de la même façon, ne passe pas.
La seconde est la guerre des sexes qui fait rage au sein de la section. Les garçons ont les nerfs à fleur de peau, les hormones en ébullition. Les trois filles de la section sont inéluctablement leur exutoire et leurs proies. La tension monte jusqu’au paroxysme qui aurait pu être plus meurtrier encore. Le film aurait pu s’arrêter là. Son épilogue tristement logique est la pire des publicités pour l’institution militaire.
Après de nombreuses nominations avec 17 filles, il était temps pour les sœurs Coulin d’être récompensées. Prix du Scénario dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes, Voir du Pays met en scène deux jeunes femmes militaires et leurs camarades qui, avant de revenir au pays, vont devoir passer par le sas de décompression. Certains penseront qu’il est utile, d’autres que c’est une pure bêtise visant à exclure les traumatisés, mais cet après Afghanistan a de quoi faire réagir. Voir du Pays est le témoignage d’un programme que nous ne connaissions pas et qui est réel. Pendant trois jours, les soldats français sont accueillis dans un hôtel cinq étoiles pour se détendre et oublier la guerre avant d’affronter leurs familles. Comme si elles avaient vraiment affrontées la guerre, Soko et Ariane Labed jouent ces militaires avec un réalisme sidérant. Ne volants jamais la vedette aux seconds rôles, ces derniers sont écrits en profondeur et procurent une sensation de les connaître. Malheureusement, les réalisatrices ne se contentent pas de poser un regard sur ces trois jours. Elles dénoncent avec maladresse le machisme et la discrimination entre les sexes. Voir du Pays est un drame qui frôle avec le documentaire par son écriture documentée et fascinante. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Deux jeunes femmes militaires passent trois jours dans un hôtel à Chypre avec leur unité, afin d'effectuer un débriefing après avoir été plusieurs mois en Afghanistan. On assiste aux conséquences que des missions difficiles peuvent avoir sur les membres de l'armée et la manière dont elles sont gérées par l'institution et par les soldats plus individuellement. Le film se focalise surtout sur la manière dont chacun vit et ressent les choses. Il semble traiter ce sujet de manière réaliste.
Je n'avais pas vraiment aimé 17 filles le premier film des sœurs Coulin. Mais j'ai quand même tenté le coup pour celui-ci, j'apprécie beaucoup Ariane Labed et Soko. Les réalisatrices ont gagné en expérience et en maturité. Leur film se tient complètement. Une mise en scène discrète mais solide. Un scénario (adapté du roman de Delphine, l'une des soeurs) bien écrit où s'entrelacent plusieurs thèmes (des traumatismes de la guerre aux mensonges de l'armée en passant par l'amitié...), sans pathos mais avec une belle émotion un peu sèche. Un récit, devenant au fur et à mesure de plus en plus sombre, qui fait la part belle aux personnages. Ceux-ci parfaitement interprétés par deux actrices exceptionnelles, chacune dans un genre différent, qui irradient l'écran. Deux futures grandes qui occupent déjà une belle place dans le cinéma français. Les autres acteurs sont tous également très convaincants. Au final, Voir du pays est donc un deuxième long métrage très réussi, plein de soleil et de zones d'ombre, qui met mal à l'aise mais que l'on suit avec un certain plaisir. On attend donc la suite avec intérêt pour ces quatre femmes.
Continuer à vivre après avoir vécu la guerre. Le thème a été déjà traité maintes fois au cinéma (notamment dans le très vaporeux Maryland récemment), et Voir du pays prend un chemin un peu différent en nous montrant un SAS élaboré pour le retour des militaires français d’Afghanistan. 3 jours dans un hôtel paradisiaque à Chypre... mais on est loin d'un week-end de détente autour de la piscine. Si la mise en scène ne brille pas par son originalité, l'interprétation des jeunes acteurs est impeccable.
Intelligente évocation de la guerre sans recourir à la violence. Désenchantement de ces soldates de retour d'un pays qu'elles n'auront pas vu. Un très bon casting avec en son sein de vrais militaires. Scénario et mise en scène très maîtrisée A ne pas manquer
l y a 5 ans, les deux sœurs Delphine et Muriel Coulin avaient trouvé le point de départ de ce qui allait devenir leur premier long métrage, "17 filles", dans un fait divers qui s’était déroulé en 2008 aux Etats-Unis. Cette fois ci, pour leur deuxième film, c’est un roman de Delphine, paru en 2013, qu’elles ont choisi d’adapter. Sélectionné à Cannes 2016 par Un Certain Regard, "Voir du pays" y a obtenu le prix du scénario .Intéressant d’un point de vue documentaire, "Voir du pays" souffre de vouloir s’intéresser à trop de pistes sans arriver à toutes les traiter avec la profondeur souhaitable. Heureusement, les prestations de Soko et d’Ariane Labed, mais aussi du reste de la distribution, permettent de faire oublier ces imperfections au spectateur.