Le réalisateur Étienne Labroue se sent proche de son personnage principal : "D’une certaine manière, l’Élan c’est celui que l’on regarde de travers, qui se sent exclu... un sentiment que l’on a tous ressenti un jour. Pour moi c’était la base du récit", confie-t-il.
L'Élan repose principalement sur des situations loufoques et de l'humour absurde. Une manière pour Étienne Labroue de mettre en lumière l'absurdité de notre époque : "Des situations illogiques, insensées, des comportements incohérents, il y a en a beaucoup, on fait juste semblant de ne pas les voir", constate le réalisateur. Le scénariste Marc Bruckert s'amuse : "C’est drôle de voir que personne ne se pose les bonnes questions, personne ne réagit sur l’identité même de l’Élan, personne ne se demande si ce n’est pas juste un déguisement".
En 2016, un autre film mettait en avant un personnage mi-humain, mi-animal : il s'agissait de Hibou de Ramzy Bedia.
L'Élan se structure en trois parties, qui sont les hypothèses des villageois pour explique l'apparition de l'animal dans leur quotidien normé : l’Hypothèse Extraterrestre, l’Hypothèse Accidentelle et l’Hypothèse Intraterrestre.
Lors de l'écriture de L'Élan, Marc Bruckert a puisé son inspiration dans deux films de Jean-Pierre Mocky : L’Ibis rouge et La Cité de l’Indicible Peur : "deux films qui se passent dans un univers a priori normal, traversé par des personnages particulièrement étranges : il ressort de cette confrontation une puissante forme de mélancolie. L’Élan se déroule comme une sorte de rêve. Tous les éléments de réalité sont en place, mais il y a quelque chose qui cloche. Comme une réalité reconstruite", commente-t-il.
En plus d'être réalisateur, Étienne Labroue est bassiste ; il joue même de la musique sur certains des morceaux de la bande originale de L'Élan.
Bernard Montiel est en quelque sorte le pendant de l'Élan, en cela qu'il apparaît de la même manière que lui : "L’irruption parfaitement arbitraire d’un personnage réel dans cette histoire abracadabrante renforce le côté « nous sommes dans un rêve ». Elle est symétrique à l’apparition du personnage absurde de l’Élan, qui lui non plus n’a aucune raison d’être là", analyse Marc Bruckert. Le choix est revendiqué par Étienne Labroue, qui voit en Bernard Montiel l'incarnation parfaite d'un certain décalage : "Bernard Montiel c’est l’archétype du présentateur télé, mondain, parisien, élégant, en un mot le gendre idéal. N’étant pas comédien, il ne cherchait pas à jouer, il est resté très naturel. Ce qui était parfait car il devait jouer son propre rôle. Il s’est montré très généreux".
L'Élan a été principalement financé par la région des Pays de Loire. Le long-métrage a été tourné dans le bocage vendéen en quatre semaines, à la fin de l'été 2014, dans et autour de la maison de famille du réalisateur Étienne Labroue.
Pour construire le personnage du scientifique Willy de Crook, Étienne Labroue et Marc Bruckert se sont inspirés de Jimmy Guieu, un écrivain français de science-fiction également spécialiste des extraterrestres dans les années 1950 à 1970. "Le look de comptable du personnage joué par Arsène Mosca, ses grosses lunettes, sa perruque bouffante, son médaillon, ses classeurs plastifiés, c’est Jimmy ! Nous n’avons rien inventé", s'amuse Marc Bruckert.