"La dernière leçon" de Pascale Pouzadoux, est un film dont on hésitera à porter un jugement trop négatif, par le thème grave et douloureux, par la démarche de la cinéaste d'avoir voulu adapter et respecter l'histoire vraie du roman de Noëlle Chatelet, et par sa volonté d'aborder ce problème difficile de fin de vie, terriblement au centre de d'actualité...
Et pourtant pour ma part, j'avais nettement préféré "Quelques heures de printemps" de Stéphane Brizé avec le duo fascinant Hélène Vincent et Vincent Lindon.
Car ici, au lieu d'une relation intimiste et violente, bouleversante entre une mère et son fils, on entre dans l'histoire d'une famille qui devra assumer et accompagner le choix de cette grand-mère de 92 ans qui prévient elle-même de la date précise de la fin de sa vie.
En étant complètement en adéquation avec le fond de cette idée, je trouve que de faire ce choix, tout en voulant en informer à l'avance ses proches, ses enfants et petits-enfants, me pose personnellement un grave problème...
Par ce bouleversement prévisible et inévitable que cela crée autour de soi, par la tension générée dans cette famille, par l'attente et le stress qui ne durent que trop...
Madeleine, femme déterminée et militante, encore pleine d'humour, sans être malade et uniquement par choix personnel, a pris sa décision, elle en a déjà annoncé l'éventualité bien auparavant et se trouve encore en pleine capacité de ses moyens psychologiques.
Elle avait donc toute la faculté à mettre à exécution ce qu'elle avait prévu pour elle-même, dans la plus grande discrétion et seule, au moment venu...
Mais par cette annonce au cours de son anniversaire, le film s'oriente donc sur une crise familiale, à laquelle énormément de personnages sont mêlés, beaucoup étant inutiles, à peine ébauchés et caricaturaux, en créant des situations parasites et quelquefois gênantes.
D'ailleurs le fils interprété par Antoine Duléry, est aussi dans l'excès en surjouant trop souvent, son rôle n'ayant pas été assez soigné et écrit à mon avis...
Dans ce chaos familial, très compliqué et un peu trop présent, seule Sandrine Bonnaire illumine réellement de sa sensibilité et de sa grâce, plusieurs moments très justes et profonds avec Marthe Villalonga, qui auraient suffi amplement à ce film.
Privilégier et se focaliser sur ces deux personnages aurait donné un film d'une autre intensité plutôt que de se perdre en un tas de conjectures pénibles qui n'apportent rien et dérangent au bout du compte.
Certes, Pascale Pouzadoux a voulu dans son entreprise très louable, être la plus exhaustive possible en abordant tous les aspects possibles d'une telle décision, surtout annoncée dans ces conditions, que ce soit dans le milieu familial, celui des proches et même des collègues, du personnel médical mais ainsi semble s'être un peu perdue en définitive dans tout ce monde, en hésitant et en oscillant du côté dramatique, à presque celui de la comédie quelquefois.
Beaucoup de petites histoires, de détails rajoutés ici et là, greffés même en dernière minute à la belle et grande histoire d'une vie...
Un fait de société, un sujet difficile et essentiel qui aurait eu juste besoin de lui seul pour être traité magistralement, en toute humilité, force et beauté...