American Honey viens clairement de m'envoyer une gigantesque bouffée d'air avec cette drôle d'évasion ! Andrea Arnold dont j'avais vu Fish Tank il y'a maintenant fort longtemps risque d'en secouer plus d'un, je me sens de par cette constatation beaucoup moins seul ...
Avec moins de banalité dans mes paroles, ce film est une évasion sur fond de trash, selon toutes les interprétations possibles du terme. Dès sa première scène, l'on plonge avec Star, dans cette benne à traqué la bouffe que les autres jettent ! On ne peu faire plus explicite que la traque du poulet sous-vide en plein cagnard ...
We found Love, le titre si entrainant de Rihanna, viens changer immédiatement l'ordre de marche de l'histoire. Cette chanson, et la danse qui s'ensuit redéfinit les codes et bouscule les choses avec radicalité. C'est ce biais qui pousse à fuir une autre danse, à prendre la tangente par la fenêtre, de mettre les voiles à pleine course.
Puisqu'il s'agit de poursuite, il faut le dire de suite, celle-ci sera démente. On suit au fil des pérégrinations une genèse rapide, vite évoqué, de cette bande qui se lie par une ambition, faire du fric ! La vente, par touts les moyens narre un rêve qui à terme se délite autour d'une solitude, d'un point de retrait absolu, d'une tout autre évasion. Car oui, de cette liberté sous condition, les coutures sautent, et vite, là aussi !
Tout semble être éphémère semble nous dire le parcours de Star. Le jolie moment qu'elle passe dans le camion à écouter le " Boss " en est par exemple, là de suite, une évocation qui me semble bien refléter l'image. La musique, point de ralliement, d'ancrage, stimule les émulations, fédère une désunion aussitôt le vacarme du quotidien repris. Cette B.O, au passage, est vraiment incroyable !
De ses routes, motels, paysages et natures en touts genres, l'on garde en tête une mise en scène folle d'une Andréa Arnold qui vibre de la condition de ces protagonistes. Elle partage un idéal de fièvre et de colère munie d'empathie, le American Honey chanter en cœur m'a paru en tout cas, venir me raconter cela.
Rien ne prépare au pire, pourtant, l'on entrevois, sans aucun misérabilisme culpabilisateur une démarche de rendre grands ses paumés, ses désœuvrés, ses marginaux ayans tout quittés. Ici, pas de jugement ou de truchement quelconques, les visages qu'ils soient connus, ou inconnus, viennent tour à tour se singularisé pour au fond complété une galerie, une galerie que je nomme, sublime.
Son champ lexical, à base d'insectes en semi mort cérébrale complète une métaphore de vide. Ce dernier, passé la posture, creuse encore à réduire les énergies, à endiguer les risques pour mieux faire entendre sa voix moribonde de misère existentielle combattu par les velléités à survivre malgré les coups de cafards de ses êtres mal embarqués au départ ... Qui le reste, mais avec un panache si je n'ose dire !
American Honey dure environ 2h30, comme son sujet, le temps carbure, virevolte, et déphase un laps de par son cadrage, sa virevolte scénaristique, dans le découpage et dans le geste significative de sa réalisatrice qui embrasse le naturalisme pour en faire vivre une substance effervescente. J'ai adorer çà, à tel point que je veux déjà le revoir.