Neuf personnages, des thèmes aussi diverses et variés qu’on ne sait plus trop de quoi on parle, des allégories sur le hasard et les coïncidences, voilà ce qu’est ‘Magnolia’. Après ‘Hard eight’ en 96 et ‘Boogie nights’ en 97, P.T.Anderson récidive et cette fois-ci sort un réel échec artistique : Tout est brouillon, l’intro n’a rien à voir avec le reste du film puisqu’elle ne fait que relater des faits divers alors que l’approche est tout autre pour les personnages principaux qui nous intéressent réellement, le film est aussi inégal car malgré sa construction telle un roman fleuve où le lecteur est emporté par les péripéties est complètement en inadéquation avec la trame de l’histoire qui va de bas en haut sans prévenir. Certes, on découvre peu à peu le fin mot de chaque histoire et donc de chaque personnage mais les rebondissements sont placés sans réel effet de surprise. La construction du film est en effet l’élément le plus raté, dans le même style à savoir le film choral (ou mosaïque ou de destins croisés), on peut largement adorer ‘Love actually’ et détester celui-ci ! Mais la distribution a aussi sa part de responsabilité puisque tous les grands noms sur l’affiche jouent bien pour la plupart mais c’est surtout la lourdeur de voir tant de personnalité qui plombe l’histoire car on pense -à juste titre- qu’il s’agit là encore d’un film se servant d’une distribution 5 étoiles pour briller lors de sa sortie en salle. Au programme, on retrouve Tom Cruise (qui a fait grimpé le budget de 20 millions à 37 rien qu’avec son cachet remisé exceptionnellement, préférez plutôt ‘Eyes Wide Shut’ la même année ou bien ‘Vanilla Sky’ un an plus tard), Melinda Dillon, April Grace, Luis Guzmán, Philip Baker Hall, Philip Seymour Hoffman (tête à claques ici), Ricky Jay, William H. Macy (présence improbable dans ce genre de film), Alfred Molina, Julianne Moore (touchante mais un peu inexpressive), John C. Reilly (intéressant en flic reconverti mais aussi peureux), Jason Robards (attristant de voir que ce rôle colle à la réalité car l’acteur est mort un an plus tard d’un cancer aux poumons). Mais la plus grande arnaque reste la durée, 3h entières de lenteur et de manque de rythme insupportables. Le seul point fort outre la performance évidente de la majorité des acteurs est la bande son, cela trouble un peu au départ mais les deux titres de Supertramp envoient du lourd tandis que le gros du travail est réalisé par Jon Brion pour l’instrumental et Aimee Mann qui signe là ses plus beaux morceaux (9 titres impressionnants dont un chanté façon lipdub plutôt émouvant). D’ailleurs, ‘Save me’ fut nominé pour les Oscars de 2000 ce qui prouve un peu la puissance qu’a le titre. Malheureusement, je n’aurai pas attribué tant d’importance au film en lui-même dans les différents festivals auwquels il s’est présenté tant l’ennui se fait sentir ! Notons juste que ‘There will be blood’ est jusqu’à présent une exception dans la filmo d’Anderson car il s’agit d’une adaptation de roman contrairement à tous les autres films pour lesquels il est réalisateur et scénariste… De quoi se poser des questions étant donné que ce film est très certainement son meilleur !