L'Astragale est l'adaptation du roman éponyme d'Albertine Sarrazin publié en 1965. Le roman avait déjà été adapté au cinéma en 1969 avec L'Astragale dont Marlène Jobert tenait le rôle principal.
Même s'il s'agit ici d'un film d'amour avant tout, le milieu carcéral est également évoqué puisque le personnage d'Albertine s'en échappe dès le début de l'histoire. Un monde que la réalisatrice Brigitte Sy connaît très bien pour y avoir enseigné le cinéma durant plusieurs années. Elle a d'ailleurs souhaité adapter son expérience dans son premier film Les Mains libres.
La réalisatrice Brigitte Sy a découvert le roman d'Albertine Sarrazin lorsqu'elle était très jeune et s'est immédiatement sentie très proche du personnage principal et de son histoire. Elle explique : "L’Astragale est une histoire extraordinaire, par la rencontre miraculeuse d’Albertine et Julien et intensifiée par leurs empêchements à rester ensemble. Grâce à lui, elle marche à nouveau. Elle souffre de sa blessure physique mais c’est surtout d’amour qu’elle souffre. C’est également le portrait d’une jeune femme dont la passion de l’extrême, l’amour de la liberté et l’ivresse de la jeunesse en font une héroïne éternellement moderne. Albertine n’appartient à rien, elle s’appartient. Elle est son monde, sa terre, sa propre planète. Une planète en feu qui explosera plus tard en plein vol."
La relation entre Albertine et Julien s'est déroulée sur une dizaine d'années, de leur rencontre en 1957 jusqu'au décès de la jeune femme en 1967. Elle fut marquée par plusieurs arrestations, incarcérations, remises en libertés, retrouvailles, etc. Pour retranscrire au mieux cette passion amoureuse, Brigitte Sy a décidé de ne traiter que la première année de leur histoire où Albertine s'évade, rencontre Julien, s'éprend de lui et réapprend peu à peu à marcher avant qu'ils ne soient tous les deux arrêtés une première fois en 1958.
Pour Brigitte Sy, le choix de Leïla Bekhti et Reda Kateb dans les rôles principaux s'est imposé très naturellement, comme elle en témoigne : "C’est le matin du jour où j’ai entendu pour la première fois la voix de la chanteuse judéo-arabe Line Monty, (on l’entend chanter dans le film) que j’ai pensé proposer le rôle d’Albertine à Leïla Bekhti. C’est le soir du jour où Leïla m’a dit oui, que j’ai proposé le rôle de Julien à Reda Kateb. Albertine et Julien Sarrazin se sont dit « oui » une seconde fois, lorsque les visages de Leïla et de Reda se sont trouvés réunis dans une image de mon film."
Brigitte Sy connaissait les qualités du personnage de Julien comme sa bonté et sa douceur, notamment après avoir beaucoup échangé avec Arlette Pautou, la seconde femme de ce dernier. Reda Kateb possédant ces mêmes qualités, il est devenu l'interprète idéal. A tel point qu'après avoir passé une après-midi avec Arlette, cette dernière, au moment de quitter le comédien, lui a lancé un "Au revoir Julien"...
Bien qu'il s'agisse d'un film se déroulant dans les années 50, la réalisatrice Brigitte Sy n'a pas souhaité trop mettre en valeur cette époque à travers l'image, les décors ou les costumes mais a, au contraire, préféré miser sur une certaine simplicité et se concentrer exclusivement sur la violence intime du sentiment amoureux : "Faire un film « d‘époque », c’est refuser de prouver à chaque détour de plan que les signes objectifs du film (costumes, voitures, coiffures, mobilier) sont bien conformes et redouter de les voir devenir un spectacle pour eux-mêmes (...). C’était pour nous, Frédéric Serve le chef opérateur et moi-même, par la sobriété des cadres, et un travail rigoureux de la lumière, que nous pensions possible de rendre crédible cette époque, et les rues de Paris où les pas d’Albertine Sarrazin résonnent encore lorsque je me promène à certaines heures du jour."
Leïla Bekhti a confié avoir lu le scénario d'une traite et s'être retrouvée dans ce personnage d'Albertine, notamment dans sa manière de se donner sans compter en amour. Elle a également précisé à quel point elle aimait l'écriture d'Albertine et sa capacité à savoir mettre des mots justes sur quelque chose d'aussi troublant et impalpable que le sentiment amoureux.
Dans L'Astragale, la réalisatrice Brigitte Sy fait jouer ses deux enfants : Louis Garrel et Esther Garrel.
Les deux comédiens principaux de L'Astragale, Reda Kateb et Leïla Bekhti, avaient déjà tourné ensemble dans le film de prison multi-césarisé de Jacques Audiard Un Prophète.