The Last Face choque par sa nullité congénitale qui atteste à la fois la sortie de piste d’un réalisateur de qualité et acteur de talent, Sean Penn, et l’échec d’une production hollywoodienne sur laquelle a travaillé une équipe pourtant solide et compétente, puisque nous retrouvons le photographe de Paul Greengrass, Barry Ackroyd, et le compositeur Hans Zimmer. Le pire est certainement l’entrelacs d’une cause politique et d’un thème sentimental, la passion amoureuse apparaissant ici comme la métaphore occidentale des affrontements africains : la guerre est associée d’entrée de jeu, par carte et panneau explicatif interposés, à « la brutalité d’un amour impossible partagé entre un homme…et une femme ». Cette affirmation, gorgée d’une philosophie toute relative, annonce la couleur : tout, depuis son regard complaisant porté sur les sévices et la violence jusqu’à cette romance grandiloquente entre deux médecins filmée comme un soap opera, ennuie et dégoûte, et l’ambition humanitaire de Penn mute immédiatement en démonstration d’ethnocentrisme et de lyrisme dans ce qu’ils peuvent avoir de plus racoleur et bête. Le casting s’agite beaucoup mais n’émeut guère, filmé en gros plans et monté sur hachoir, ce qui n’est pas sans évoquer les boyaux piqués dans des barbelés sur lesquels s’attarde, longuement, la caméra. The Last Face est un naufrage complet qui rappelle qu’une métaphore, aussi forte puisse-t-elle paraître, doit avoir un sens avant de vouloir signifier à tout prix.