"En équilibre" ne semble pas être ce titre si délicat qui convient pour ce film de Denis Dercourt, tant justement j'ai ressenti un déséquilibre très net entre la mise en scène appuyée et affadie de bons sentiments, et le jeu des comédiens plutôt justes et même plus qu'à la hauteur dans certaines scènes...
C'est toujours dommage qu'un film sur le handicap et ce qu'il va engendrer, se trouve englué dans un tas de sous histoires aussi parasites qu'inutiles !
Et c'est encore plus dommage de voir Cécile De France que je trouve d'un naturel simple et communicatif, ainsi que Albert Dupontel doté d'un jeu convaincant et intense, gênés par un scénario alambiqué et romancé à ce point...
Tout y est présent et mêlé un peu comme dans certains téléfilms laborieux qui veulent en faire trop, ici combines d'assurance (intéressante d'enseignement au passage !), idylle amoureuse plutôt larmoyante, passion du piano, relation professionnelle difficile, etc...
De ce fait, tout ce qui aurait dû être le point central et l'enjeu principal, par la force de caractère du héros Marc, très bien décrite avec de trop rares moments assez poignants, se retrouve totalement perdu dans cette liste d'événements invraisemblables et peu crédibles !
À la suite d'un accident aussi dramatique, il n'est guère imaginable que ce cascadeur plongé dans le malheur et l'enfer des tracasseries administratives puisse nouer une relation de cœur avec la personne qui s'occupe de son dossier d'assurance, puis que cette dernière, Florence, puisse vouloir l'aider au point de tout sacrifier si vite et de bousculer ainsi sa vie !
Un peu tirée par les cheveux et nuisible à l'esprit du film, cette touche de romance est tout simplement de trop, comme régulièrement de voir avec un certain agacement, ces superbes maisons toujours agréables et idéales en bord de mer (En Bretagne depuis quelques films...) !
De plus, Daniel Dercourt insiste sur un tas de petits détails comme l'aspect de Florence, presque trop soignée au début et sa transformation au contact de Marc, pour devenir cette femme qui se libère...
On se perd ainsi dans un tas de situations que le réalisateur veut absolument nous infliger comme si le spectateur n'allait pas comprendre lui-même !
Pourquoi tout bêtement, avec une mise en scène très dépouillée, ne pas avoir uniquement tout misé sur la capacité de ce cavalier à repartir de zéro pour se surpasser avec derrière la fascination et l'encouragement de quelques personnages dont ce jeune employé et pourquoi pas cette femme au fond, qui aurait pu avoir été séduite et touchée simplement par le monde du cheval ?
À ce propos la scène finale avec ce piano en arrière plan, est magnifique tout comme l'est cet animal Othello, royal !
Une simple et belle histoire d'amitié sincère et forte, aurait donné bien plus de persuasion, d'émotion et d'intensité à cette renaissance inimaginable mais si belle dans l'exploit et le dépassement de soi, comme l'ont montré le très beau "Rouille et d'os" ou même "De toutes nos forces", tous deux bouleversants et pourtant si différents...
Ah, que ce cinéma a le don de vouloir toujours délayer, édulcorer et enjoliver les sentiments à la manière "fleur bleue" !
Il y avait pourtant de l'idée, un support et de bons comédiens qui s'en sont bien sortis malgré tout...
Alors ?