Peu avant de commencer l’écriture de The Mend, John Magary travaillait sur différents projets. Parmi ceux-ci, il y avait un récit situé à la Nouvelle-Orléans et suivant la vie d’une femme sur 45 ans, jusqu'à la naissance de ses sept progénitures. Peu à l’aise devant l’ampleur de la tâche, le réalisateur passa de la figure maternelle à l’affrontement fraternel, d’un récit sur plusieurs décennies à un huis-clos en appartement. Il fit appel aux expériences de Myna Joseph (productrice du film et petite amie à la ville) et Russel Harbaugh (réalisateur et colocataire du cinéaste) avec leurs frères respectifs pour alimenter en véracité son récit.
La construction du scénario de The Mend connut un développement un peu particulier. Le récit se construisit en effet autour d’images insolites (comme un iris ou une main coupée) et de deux situations à intégrer en priorité : une fête et une altercation musclée en guise de final. Décomposée sur des fiches elles-mêmes réparties en huit sections différentes, la structure narrative s'imagina en une semaine et se nourrit d’influences diverses. John Magary cite par exemple Leos Carax et son Mauvais Sang comme inspirateur des coupures aux mains de Mat et Alan.
Durant l’écriture du film, John Magary songea à commencer le film au milieu de la fête. Cependant, il préféra concentrer l’ouverture sur la relation tumultueuse de Mat et sa copine afin de la faire revenir plus en douceur dans le récit.
Au contraire d’un John Cassavetes à qui la critique l’a parfois comparé, John Magary a très peu fait appel aux répétitions et à l’improvisation auprès de ses acteurs. Lucy Owen, incarnant Andrea à l’écran, n’a eu par exemple que deux jours pour se préparer au rôle et à sa scène de nue devant toute l’équipe. De la même manière, la fête a été méticuleusement pensée par le cinéaste mais a été expliquée aux acteurs séparément.
Le tournage se déroula dans l’appartement du réalisateur lui-même, localisé à New York, pendant 25 jours. Commençant souvent le tournage à 4h du matin, l’équipe croisa régulièrement Myna Joseph, productrice du film mais aussi petite amie du réalisateur, quittant l’appartement pour permettre aux prises de vues d’avoir lieu. Quand elle le put, elle collabora à ce tournage où toute aide fut bonne à prendre (par exemple, l'acteur Austin Pendleton est aussi officiellement considéré comme décorateur).
Arrivé à une imposante filmographie composée de 68 longs-métrages, Josh Lucas avait selon le réalisateur John Magary "une réelle conscience physique de la caméra". Soucieux du moindre détail, l’acteur souhaita connaitre jusqu’à la taille de l’objectif utilisé par l’équipe afin de savoir quelles parties de son corps seraient présentes à l’image. "Il était très fort pour rendre le cadre plus intéressant par son placement, ses mouvements et tout plein de petites choses comme ça", explique le réalisateur.
Enfermé dans l’espace restreint de l’appartement, John Magary tenait à ce que les spectateurs aient quelques informations sur le quotidien de ses habitants. C’est pour cela qu’est suggéré le poste de Mat (designer de site web) et sa connaissance toute relative de la technologie. A l’opposé visuellement, le cinéaste a fait le choix de suivre le jeune frère sur son lieu de travail, toujours dans l’optique d’ajouter un peu de poids aux personnages.
John Magary monte lui-même ses films mais considère le processus comme séparé du tournage. Se revendiquant du style discontinu réinventé par la Nouvelle Vague, il trouve dans cette étape une manière de créer des sensations spectatorielles indépendantes de l’écriture, notamment en s'aidant d'un travail attentif au son.
Toujours dans une volonté de jouer sur les contrastes, John Magary traita la musique de manière spécifique. Il fit appel à Judd Greenstein et Michi Wiancko, deux musiciens ayant une grande expérience dans l’interprétation de la musique classique (Wiancko est une violoniste de renommée internationale). Il leur fit composer une partition qui alla délibérément à l’encontre de l’émotion suggérée par l’image, dans le but de créer une sensation de doute.
John Magary est un grand admirateur d’Arnaud Desplechin. Dans une interview donnée au site Blackbook, le metteur en scène loua "ses fioritures" qui pourraient sembler "superflues, mais qui ne le sont pas". Magary le cite comme source d’inspiration pour le film et en tant que cinéaste.