Quand j’avais donné mon avis sur "Equalizer" premier du nom, j’avais terminé mon petit commentaire par une question restée sans réponse : « mais qui est donc ce Monsieur Robert ? ». C’est vrai quoi, ce personnage était bien mystérieux. Alors j’ai toujours songé qu’une suite serait donnée. En plus, l’effet de surprise avait été là, apporté principalement par un Denzel Washington surprenant par le biais de ce rôle très remuant, fixant par la même occasion une nouvelle corde à son arc. Franchement, avouons-le nous : qui aurait pensé cet acteur on ne peut plus charismatique un jour dans ce genre de rôle ? Certainement pas moi, en tout cas. Quoique je me demandais en même temps ce qui avait poussé notre cher Denzel à opérer un tel virage dans sa carrière en allant se fourrer dans un film d’action. Peu importe, le revoilà dans cette suite, suscitant autant d’interrogations que de craintes. Cette suite va-t-elle être du même acabit que le film d’il y a quatre ans (eh oui déjà, pfff) ? Moins bien ? Meilleure ? Là on n’y croit pas vraiment car rares sont les fois où les suites sont de qualité supérieure. Allons-nous avoir les réponses que nous n’espérions plus ? A voir la psychologie du personnage, on en doute. Souvenez-vous : le regard tantôt noir (sans jeu de mot), tantôt bienveillant, ce mystérieux McCall refusait de parler de lui. Il trouvait toujours le moyen d’éluder le sujet. Eh bien… il en est toujours ainsi. Sauf que les choses ne se passent pas toujours comme on le voudrait. L’histoire nous confirmera à quel point le charisme de ce comédien hors normes sert admirablement bien la psychologie de cet homme. Un homme ravagé par les événements du passé, mais néanmoins suffisamment sociable pour passer relativement inaperçu. Se fondre dans la masse. Devenir monsieur-tout-le-monde dans la foule. Sans pour autant renier son passé et continuer à corriger à sa manière les « petites » dérives qui lui passent sous le nez à droite et à gauche. Mené par un Antoine Fuqua en grande forme tant il a su maîtriser le rythme et le maniement de la caméra, le scénario prend son temps quant à la présentation des personnages. Les uns entrent en scène après les autres, en diverses contrées. Jusqu’à ce que les chemins se croisent… Et ça commence direct en Turquie. Et déjà, le réalisateur impressionne par sa façon de filmer le train : en plan aérien, en caméra embarquée, en caméra posée au sol, de jour comme de nuit… Perso, j’ai trouvé le plan lors de la sortie du tunnel fantastique. Le fait est que ce qui se passe dans ce train nous remet dans le bain tout de suite : on se rappelle vite de ce dont est capable Robert McCall ! Et surtout, on sait quand ça va barder !! Cette sorte de ralenti avant que la tempête ne s’abatte… Et surtout, il y a cette petite originalité qui nous explique comment il arrive à tout voir, du moins à ressentir les moindres détails afin de mieux les appréhender. Malgré tout, le scénario a un air de déjà-vu. Ce n’est pas la première fois que le héros a affaire à des personnes qui ont tourné leur veste. La dernière fois que j’ai vu ça en date, c’était lors de "Skyscraper", dans un registre toutefois différent. Mais dans le genre (thriller, action…) il y a plein d’autres exemples. Mais ça fonctionne, non seulement grâce au talent du cinéaste pour les raisons que j’ai évoqué plus haut (le rythme, des prises de vue audacieuses, avec même une image à l’envers !), mais aussi grâce à la musique d’Harry Gregson-Williams. Sa partition rend les moments de tension encore plus immersifs qu'ils ne le sont déjà. Elle serait même digne des meilleurs films d’épouvante (mais pourquoi je pense aux films de James Wan ?). Et puis on le doit aussi au casting. Denzel Washington bien sûr, mais aussi Ashton Sanders dans la peau de Miles qu'on trouve sympathique malgré son paraître (look, démarche...), sans oublier Orson Bean dans le rôle d’un dénommé Sam Rubinstein, décidément très attachant. Il est par ailleurs presque logique que le film se termine sur eux, comme pour signifier que la boucle est enfin bouclée, et que le travail de Robert n’a pas été vain. Cependant je déplore le manque de corrélation avec l’ "Equalizer" de 2014. On ne retrouve pas la jeune Teri, brillamment interprétée par Chloë Grace Moretz. En revanche, j’allais dire que nous n’avions pas fait la connaissance de Susan Plummer, mais après vérification, il s’avère que si. C’est curieux, elle ne m’avait laissé aucun souvenir… Ici, je pense qu’il en sera autrement. Ceci dit, ce qui fait plaisir dans cette suite, c’est de retrouver justement Denzel Washington dans le rôle principal (un autre acteur aurait gravement porté préjudice), alors que celui-ci n’avait encore jamais rempilé ne serait-ce qu’une fois dans le même rôle. On retrouve également Melissa Leo donc dans le rôle de Susan Plummer, ainsi que Bill Pullman dans le costume du mari, Brian Plummer. Après, on reconnait la marque de fabrique d’Antoine Fuqua, qui s’impose de plus en plus comme un des plus grands spécialistes du film d’action. Et puis surtout, le style est dans la pure continuité du premier opus, celui-ci ne dénotant pas par rapport au premier "Equalizer". Normal : même réalisateur, même scénariste, même compositeur. Mais pas le même photographe, ni le même monteur. A propos de ça, si le photographe a su respecter le travail de son confrère sur "Equalizer" 1, le montage manque quant à lui parfois de clarté. Tantôt on est en Belgique, tantôt aux States, puis de nouveau en Belgique, puis encore aux Etats-Unis, et ainsi de suite… bref on a tendance à s’y perdre un peu mais ça rentre dans l’ordre quand la véritable intrigue commence à se dessiner. Tout ça pour dire que ce n’est certainement pas le meilleur film d’action de tous les temps, mais il reste néanmoins un excellent divertissement, pour le coup à la hauteur de son aîné, voire peut-être un cran au-dessus, ce qui est déjà en soi un petit exploit du fait que l'effet de surprise n'est plus là. Dans tous les cas, on tient là deux bonnes heures de divertissement efficace.