Esthétiquement, le film est impeccable et plaira sans doute aux adultes, amateurs de film d’animation bien que son premier public reste sans conteste les enfants ! Mais attention, le long-métrage présentant quelques images impressionnantes, il vaudra mieux le regarder avec des enfants de plus de 7 ans au risque de voir les plus jeunes pleurer et se réfugier dans les bras de papa ou maman dès l’apparition de Nekross, le grand vilain méchant de l’histoire.
Dans ce monde fictif, la lune et le Soleil ont été créés par les premiers gardiens. Celui du soleil, a lancé une chaîne tel un lasso pour garder l’astre près de sa planète, la réchauffant et l’éclairant une bonne partie du jour. Celui de la lune est descendu dans un monde de rêves, pour sculpter sa propre lune et l’a faite monter dans le ciel après l’avoir accrochée à un fil d’araignée. Mais si créer un astre semble simple, le garder et le confier à une génération suivante est moins évidente. D’autant plus que la survie des peuples du jour et de la nuit dépend de l’harmonie entre les deux gardiens qui, très différents les uns des autres, ont un rôle important à jouer dans le maintien de cet équilibre.
Les nouveaux gardiens investis dans cette tâche sont malheureusement peu formés et peu préoccupés par leur nouvelle mission.
Mune est un personnage maladroit, désigné par erreur et Sohone, un dragueur fier et intéressé par les filles de sa région. Mais lorsque Nekross, ancien gardien du Soleil, veut s’approprier son astre et s’accaparer la lune, nous sommes à deux doigts de voir un chaos se créer à la surface de la Terre et l’obscurité totale qui en découlerait risquerait de faire périr faune et flore du jour et de la nuit… Nos deux nouveaux héros n’ont qu’une solution : s’investir profondément pour récupérer ce qui leur a été dérobé et s’unir, malgré leurs différences, pour que le jour comme la nuit reprennent leur place.
Heureusement, Mune et Sohone vont pouvoir compter sur l’amitié de Cire (qui ne peut pas trop s’approcher du Soleil ou des sources chaudes au risque de fondre et disparaître), une aide précieuse dans leur longue quête.
Rempli de poésie, le film est à la fois touchant, instructif et ponctué de jolies valeurs : l’amitié, le courage, le dépassement de soi, le soutien inconditionnel, etc. Le scénariste Benoît Philippon et Alexandre Heboyan, (qui a déjà travaillé sur « Kung Fu Panda », tous deux relativement méconnus dans le monde du 7ème art, réalisent un premier film d’animation original et incroyable. Magnifique visuellement, il place la mythologie au cœur d’une histoire d’aventure qui saura emporter petits et grands.
Les décors sont sublimes, les musiques de l’excellent Bruno Coulais (on vous parlait de son travail récemment encore grâce au film « Les saisons ») sont adaptées à chaque situation, l’humour intelligent, les répliques travaillées,… rien n’a été laissé au hasard ! Pour preuve, ce changement d’univers graphique, passant de la 3D à la 2D (lorsqu’on s’immerge dans l’univers des rêves) qui fondent l’un sur l’autre avec subtilité.
Et que dire de l’interprétation de nos doubleurs de choix, un trio célèbre qu’on prend plaisir à redécouvrir: Michael Gregorio (Mune) qui garde sa propre voix et n’offre pas le panel d’imitations qu’on lui reconnaît, Izïa Higelin (Cire) et Omar Sy (Sohone) donnent vie à leur personnage avec beaucoup de talent.
Ce conte moderne a vraiment tout pour plaire : il démontre que Pixar est loin d’avoir le monopole en matière de films d’animation et que les Européens ont de belles idées qui, une fois germées, laissent place à des films poétiques, maîtrisés et superbement réalisés. C’est pour toutes ces raisons que « Mune, le gardien de la lune » figure dans nos petites pépites de l’année.