Vendanges : les secrets du tournage

Paul Lacoste a voulu faire un film sur les vendangeurs plutôt que sur la vendange au sens traditionnel. Il avait déjà filmé des vendanges pour une série documentaire en 2004 et avait été impressionné par ce côté "précarité qui fait collectif". Il confie : "J’ai toujours milité pour un monde plus solidaire et j’ai compris que je pouvais en parler en évoquant les vendangeurs. Y a t-il un esprit de groupe ? Est-ce que la collectivité prime ? Ce sont les questions que je voulais poser et c’est ce que montre le film."

Avec ce film, Paul Lacoste a cherché à savoir si les vendangeurs saisonniers choisissent leur vie ou la subissent. Le metteur en scène explique ne pas avoir trouvé la réponse : "D’un côté, oui, ce sont des victimes sociales et dans le même temps, il y a une forme de liberté à faire les vendanges. Le cadre est superbe, on est au grand air, vous n’avez pas un patron constamment sur le dos. C’est une précarité subie mais aussi un peu choisie."

Le réalisateur Paul Lacoste a voulu faire en sorte que le spectateur ne se focalise pas trop sur les personnages mais plus sur leur capacité à former un groupe. Il a ainsi filmé des moments très intimes mais aussi très brefs de personnes se rencontrant pendant les vendanges. Lacoste précise :

"Je me suis d’ailleurs rendu compte que tous ou presque avaient eu une enfance plutôt confortable avant de connaître certaines difficultés. Il y avait souvent dans ces témoignages la recherche d’un certain paradis perdu. Mais je n’ai volontairement pas utilisé toute cette matière car, pour moi, le film devait rester dans un registre atmosphérique et choral. J’ai dû donc me forcer à ne pas rester sur l’un ou l’autre pour que le spectateur n’ait pas à le quitter à regret."

En amont du tournage, Paul Lacoste a travaillé sur la question à laquelle le film doit répondre, qui est celle de voir si de la solidarité pouvait émaner au sein d'un groupe de vendangeurs. Le cinéaste développe : "Sur le plateau, nous sommes trois ou quatre personnes mais il ne s’agit pas du tout de se cacher. Non pas par éthique mais je pense que dire “Action” et “Coupez” permet de donner de l’importance au quotidien que l’on est en train de filmer. A chacun sa méthode mais je souhaite que les gens que je filme soient quelque part des personnages de cinéma. Je crois beaucoup plus à cette méthode que dans la volonté de cacher le plus possible la caméra."