Fait rare chez Chaplin, le scénario du film n'était pas le sien. En effet, Orson Welles, à l'origine du projet, lui avait proposé d'incarner le rôle-titre. Dans un premier temps, l'acteur-réalisateur accepta, avant de se raviser. Pour toutte justification, il déclara qu'il n'avait jamais été dirigé auparavant et qu'il n'avait pas l'intention de commencer. Ainsi après avoir acheté les droits du film à Welles, Chaplin modifia légèrement le scénario et crédita Welles comme étant seulement à l'origine de l'idée du film. Le réalisateur de Citizen Kane ne s'en offusqua pas, car selon lui, il s'agissait seulement d'un de ses travaux les moins importants.
Orson Welles, qui écrivit le script original, voulait réaliser un film sur le tueur en série le plus célèbre de l'époque, Henri Landru. Ce modeste employé avait été arrêté, condamné et guillottiné (le 22/02/1922) pour avoir tué une dizaine de femmes et l'enfant de l'une d'elles. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il séduisait ces femmes, les escroquait, puis faisait disparaître leur corps en les brûlant dans une cuisinière. Très éloquent, il clama son innocence jusqu'au bout et son procès passionna l'opinion publique. Charles Chaplin s'inspira de sa personnalité et le rendit même sympathique en adaptant le sujet à la crise de 1929.
A l'instar de Howard Hawks avec Scarface, Charles Chaplin dut se battre pour faire accepter son film par le comité de censure de l'époque, l'ancienne MPAA. En effet, sans son autorisation, aucun film ne peut être projeté sur le territoire américain. Respectant scrupuleusement le Code Hays, la commission estima que la première version du film était inacceptable. De même l'attitude de Monsieur Verdoux dans le film était, selon ses membres, blasphématoire. Chaplin défendit son film, scène par scène, en acceptant parfois des changements mineurs et réussit à obtenir le précieux sésame.
En 1948, un employé de banque parisien s'appelant Henri Verdoux fit un procès aux producteurs du film, estimant avoir subi un préjudice moral grave à cause du film.
Bien que nominé aux Oscars pour son scénario en 1948, Charles Chaplin connut avec Monsieur Verdoux son premier échec au box-office. Le contexte de sortie ne lui fut pas favorable : Chaplin était en effet malmené à cause de ses idées communistes. De plus un scandale éclata à propos d'un enfant illégitime qu'il aurait eu avec une jeune actrice. Interdit de projection dans certaines villes, le film trop en avance sur son temps, ne rencontra pas le succès escompté.