L'idée du film est assez bonne et actuelle concernant l'abus et l'impact de certaines idées populaires sur l'éducation. Une certaine fragilité et frayeur émanent du personnage de Mina qui rend le film assez angoissant. On ressent la frustration et l'impuissance totale de Jude joué par le remarquable Adam Driver, on comprend l'inquiétude de sa mère, qui assiste à la lente destruction de son petit fils face à la folie de Mina provoquée sûrement par ses traumatismes. Les plans sont originaux, la scène d'ouverture, très légère et loufoque contraste agréablement avec la suite du film qui sombre peu à peu vers le thriller. Je suis cependant assez déçue de la tournure que prend le film, les multiples ellipses apportent un effet assez plat et par conséquent, il manque de dynamisme. La première partie sur le bonheur du couple est très vite passé pour donner place à une phase très longue et anxiogène sur le traitement du bébé puis la prise de conscience par Jude et, alors que je m'attendais à enfin découvrir un dénouement,
le meurtre, qui annonce la fin.
Je pense que les scènes du film auraient pu être mieux réparties afin d'apporter un équilibre entre les différentes phases. J'aurai voulu peut être 10 min de plus et ne pas rester sur une fin que je trouve assez bâclée. En tout cas, je souligne une certaine beauté esthétique avec les lumières, les plantes ainsi qu'une belle profondeur et complexité des personnages. Le tout jouant sur les notions de traumatisme, d'éducation, de paternité, de croyances, mais aussi de dualité tout au long du film entre la putréfaction du monde extérieur, les microbes, la viande, la chasse, l'aide des médecins face à un idéal de pureté, du végétal, de fragilité et d'impuissance. J'estime que ce film peut apporter certaines réflexions intéressantes et je le recommanderai en prévention des dangers des idéologies modernes sur la santé des enfants.