"Regression" m'a fortement épaté par son mécanisme huilé et particulièrement savant, d'un résultat probant et efficace qui nous amène à un état de déstabilisation complète !!!
À partir d'une histoire vraie arrivée en 1990 dans le Minnesota, celle d'une jeune-fille accusant son père d'un crime terrible, on se trouve tout à coup projeté dans une autre histoire qui nous dépasse par l'ampleur des événements particulièrement sordides, épouvantables et cruels qui émergent de l'enquête initiale dirigée par le lieutenant Kenner !
La machine infernale s'ébranle alors sans s'arrêter, part à droite, à gauche, recule pour mieux avancer et nous interpeller !
Un psychologue et de nouvelles méthodes sur le fonctionnement de l'inconscient, sont de secours dans ce dédale, avec beaucoup de perspicacité et d'intérêt.
Les conclusions de ce dernier et son importance auprès de en seront décisifs pour la suite !
Tout est alors bâti sur des hypothèses, des aveux curieux, des arrestations douteuses, qui semblent pourtant de plus en plus s'imbriquer, se justifier à nos yeux et prendre sens, sans pourtant réelle certitude ou preuve quelconque !
La religion, le satanisme, une secte éventuelle, l'obscurantisme, des rites et leurs participants inquiétants font peur et nous remuent au plus profond.
On sent malgré tout des interrogations ici et là...
Ethan Hawke en flic fonceur et obstiné, est incroyable en passant par tous ses états, avec cette particularité de pouvoir rien qu'à son regard, faire ressentir la colère, la peur, l'affection, jusqu'à la presque folie quand il perd les pédales lui-même !
La manipulation, le doute sont omniprésents pour ce lieutenant de police qui suit cette enquête, comme une affaire personnelle pour devenir le sauveur d'Angela.
Là aussi, Amenábar vise juste en dirigeant le héros avec beaucoup de tact, beaucoup de finesse, ainsi que tous ses acteurs en général, pour mettre en place une véritable psychose collective...
L'ambiance est noire, mystérieuse et les images sont d'une grande beauté, d'un éclairage rasant évoquant de vieux thriller américains, un régal...
La chute, tout en se laissant entrevoir, est extrêmement passionnante en terme de complexité par rapport au rôle de chacun, fin totalement judicieuse qui invite à réfléchir au délire mental de l'homme !
Un film qui met en relief la théorie de la régression, de l'hystérie collective, nous plongeant dans un univers pas loin de Freud et de sa totale remise en question...
Alejandro Amenábar sait très bien jouer sur l'ambiguïté de la perception, et le prouve bien encore une fois comme il l'avait fait diaboliquement dans le fascinant "Les Autres" !