Le cinéaste ibéro-chilien Alejandro Amenabar se prend les pieds, les jambes, dans le tapis en mettant en scène ce thriller vaseux, simulacre de polar horrifique qui renforce une malheureuse impression. Ethan Hawke n’est bon que dirigé par des cinéastes doués de volonté autres qu’alimentaire. On pourra aussi, puisque le comédien n’est pas seul en cause, souligner la médiocrité de l’interprétation d’une starlette qui semble déjà usée, Emma Watson. Oui, le jeu d’acteur, dans ce Régression, ne parlons même pas de David Thewlis, qui doit avoir déjà oublié sa participation au tournage, est concrètement son point faible principal. Le reste, le scénario, particulièrement, ne vaut guère mieux.
Nous voilà donc à nouveau confronté au prototype même du film de routine, un thriller comme il doit y en avoir des milliers, purement alimentaires, qui misent sur une sous-couche d’horreur, une pincée de dramaturgie de comptoir et toute une panoplie d’artifices policiers pour faire oublier leur illégitimité artistique. On pourrait, à décharge, avouer que la mise en scène est correcte, le ton des couleurs, les décors, mais cela ne servirait à rien puisqu’en définitive, il ne semble rien y avoir à sauver dans ce drame policier à peine digne d’un épisode pris dans la masse d’Esprits criminels ou toutes autres séries de majors prisent au hasard. Du pur remplissage, vous dis-je.
Oh, bien sûr, on viendra miser d’entrée sur l’étiquette tant rassurante ‘’tiré d’évènement réels’’ pour tenter de légitimer la démarche, du moins pour pouvoir prétendre à une sortie en salles et non-directement sur galettes ou en VOD. Là aussi, le cinéaste, ou les scénaristes, ne parviennent même pas à découper leurs séquences de manière à ce que le film retienne un tantinet l’intention, entres les séquences de roues libres d’Ethan Hawke, en inspecteur fragile, et les larmoiements d’une Emma Watson sinistrement mauvaise, entre les palabres inconséquentes du psy, David Thewlis et les apparitions irritantes de personnages secondaires tous moins convaincants les uns que les autres.
Pour ceux que ça intéresse, le film traite de la psychose généralisée face au mythe des sectes sataniques et autres messe noire. Meurtres sacrificiels, pentagrammes et autre viols et, boom, voici qu’Hollywood nous sert le film à retournements de la semaine, peu importe la date de sortie. Un film, donc, qu’il n’est nullement nécessaire de visionner si votre culture cinématographique dépasse la limite des cinq dernières années, et quand bien même. Le cinéma à son degré zéro. 02/20