Premier film de fiction de Sebastián Sepúlveda, Les Soeurs Quispe n'en est pas pour autant sa première réalisation. En 2008, le cinéaste présentait déjà un documentaire sur la communauté amazonienne Guajará, "O Areal", qui suivait les bouleversements qu'impliquait la modernité sur un mode de vie traditionnel et coupé du monde. Il revient sur le choc de la grande Histoire à travers celle, véridique, de ces trois soeurs.
Le film fut réellement tourné sur l'Altiplano chilien, dans la Vallée de la Tola, durant l'hiver 2012. C'est la nièce des véritables trois soeurs, Dina Quispe, qui incarne une des femmes de cette fratrie à l'écran. Le tournage se déroula donc en plein coeur des steppes, à 3 300 mètres en moyenne, soit sur la plus haute région habitée du monde après le Tibet.
Les Soeurs Quispe a reçu plusieurs prix lors de certains festivals plus ou moins spécialisés dans le cinéma d'Amérique latine. Le film fut notamment récompensé du prix de la Meilleure Photographie à la semaine de la Critique du Festival de Venise en 2013, photographie réalisée par Inti Briones à qui l'on doit également celle de Voyage en terre solitaire et Bonsai. Le long-métrage eut aussi une mention spéciale au festival Mar del Plata Latin American 2013, ainsi que le prix du public au Festival Genève Filmar en America Latina 2013 et le prix des cheminots aux rencontres du cinéma d'Amérique latine de Toulouse (mars 2014).
Entre 2012 et 2014, Les Soeurs Quispe est présenté dans nombre de festivals des plus divers. Projeté au "Cinéma en Construction" (25 et 26 septembre 2012) au Festival de San Sebastián, le film voyage jusqu'aux festivals de Thessaloniki et de Kerala en 2013, avant de partir pour New York (Museum of Moving Image) en 2014. Il part par la suite pour Göteborg, Glasgow, Villeurbanne (Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain), Bucarest, Istanbul, Montevideo, Jeonju, Vancouver et Nantes dans les festivals équivalents à chacune de ces villes.
La loi anti-érosion, mise en place par Augusto Pinochet peu après le coup d'état et sa prise de pouvoir du Chili, cherchait officiellement à éviter que les troupeaux, à force de brouter, n'érodent les sols chiliens déjà instables car sur une faille sismique. Il s'agissait en réalité d'une loi visant à éradiquer les peuples nomades vivant à l'écart du reste de la société chilienne et n'étant ainsi pas contrôlés par l'Etat chilien. De même, cette loi servait à éviter que les bergers n'aident les réfugiés à passer la frontière avec l'Argentine.