En 1971 "Harold et Maude" (Hal Ashby réalisateur) présentait un couple atypique : un jeune dépressif de 19 ans tombant amoureux d'une pétulante octogénaire.
A lire rapidement le "pitch" de ce "Gerontophilia" canadien de 2013, on se dit que voilà la réplique pour homosexuels, et que c'est subversif et tonique, comme le modèle hétéro.
Or, à y bien réfléchir, il n'y a rien de "subversif" à présenter un très vieil homme et un adolescent (juste majeur ici) ayant des relations sexuelles. C'est vieux comme l'antique.... la pédérastie avait ainsi pignon sur rue en Attique, et était considérée comme un mode ordinaire de quasi-pédagogie. La subversion reste dans les relations sexuelles entre un homme et une femme !.. quand cette dernière est âgée et son partenaire un tendron. Un tel couple est en effet stérile, par la "faute" de la femme, qui a épuisé ses facultés de reproduction, ce qui entraîne le rejet de la société - alors qu'une jeunette avec un vieillard, cela choque beaucoup moins (le vieillard pouvant engrosser la jeune femme), et c'est même banal, voire encouragé encore de nos jours, dans de nombreuses sociétés, à charia notamment. Un duo sexuel "en miroir" est stérile par nature, et les disparités d'âges, mêmes très importantes comme ici (Lake, 18 ans, ayant l'âge d'être l'arrière-petit-fils de Melvyn Peabody, 82 ans....) ce n'est pas ce qui frappe en premier.
La scène du bar "gay" est d'ailleurs à cet égard révélatrice - le giton esseulé ne s'y trompe pas, qui tente sa chance dès que Luke a le dos tourné : un client potentiel qui avoue, par coquetterie, 75 ans, rien que de courant pour lui.
Que penser de cette incursion, inédite le concernant, du cinéaste homo militant Bruce LaBruce, dans le registre "romantique" ? Est-elle "tonique" ? Pas vraiment... Pas d'émotion dans ces échanges furtifs d'abord (dans la résidence médicalisée pour vieillards où se rencontrent les 2 hommes),
puis frontalement (et complaisamment) montrés, même si en pointillés, lors de la partie "road movie".
Alors que Maude apprenait la joie de vivre à Harold (même si cela pouvait être aux enterrements),
Melvyn apprend le gin rami, et le vol dans les magasins à Lake....
Une notion bien différente du "passage de témoin", comme on le voit. Si le vieil homo est assez charismatique (Walter Borden), le jeune disciple est, en dépit d'un physique avantageux (Pier-Gabriel Lajoie), fort peu expressif et emballant. La petite amie, très bizarre (féministe caricaturale,
et se découvrant lesbienne)
et la mère, foldingue, nymphomane et alcoolique pour compléter la galerie - LaBruce grossit le trait et "charge la mule", sans enrichir pour autant son récit.
Alors, le "style" du metteur en scène, peut-être, à distinguer ? Une "musique" tonitruante, insupportable. Prises de vue, montage : du passe-partout.
Seules touches d'originalité - malsaines (quelques allusions visuelles explicites à un Lake que ne rebuterait pas une extension à d'autres paraphilies, comme le fétichisme, la nécrophilie, l'attirance sexuelle pour la maladie du partenaire -
cf. quand il rêve qu'il embrasse le dos devenu pustuleux de son amant)
......
Nous étions 4 seulement ce soir à nous ennuyer à ce pauvre spectacle.