Sacro GRA : les secrets du tournage

Alors que le réalisateur cherchait les meilleurs emplacements pour tourner son film, il emportait toujours avec lui "Les Villes invisibles", du romancier Italo Calvino. Le roman décrit justement près de 55 villes imaginaires, racontées par Marco Polo à l'empereur Kublai Khan. Le cinéaste Gianfranco Rosi explique que ce livre fut pour lui un guide dans la construction de son film alors que le véritable périphérique romain semblait se soustraire à sa compréhension.

Ce qui a immédiatement plu au réalisateur Gianfranco Rosi dans l'étude de cette longue route circulaire, ce fut l'émergence, quand on y fait un peu d'attention, de nombreux détails, de mondes différents qui orbitent autour du GRA. Il prend l'exemple d'un moine en train de photographier le ciel depuis la voie d'urgence, ou d'un mouton en train de paître à moins de 20m de la route mais invisibles pour les automobilistes.

L'importance de la lumière dans la réalisation de Sacro GRA ressort beaucoup dans le discours du réalisateur. Il parle de la clarté du jour, dure et réaliste, pleine de données informatives sur ce qui compose et entoure le GRA, en comparaison avec les lumières de l'aube et du crépuscule qui brouille les contours mais qui "laisse émerger l'essence des personnages", et donne alors à voir un tout autre monde.

Avant de passer au tournage à proprement parler, Gianfranco Rosi exprime la difficulté qu'il a à se rapprocher de son sujet et de ses personnages, à trouver la bonne distance, de point de vue, mais aussi de caméra, d'angle et de lumière, pour les aborder. Il ne recherche pas un style mais veut ne plus sentir le poids de l'appareil, de l'objet technique et dépasser l'image d'observation ou de mise en scène qu'il peut donner.

Rosi est un cinéaste habitué à tourner quasiment seul. Pour Sacro GRA comme pour ses précédents documentaires, El Sicario, Room 164 ou Below Sea Level, il souhaitait travailler seul, ou presque, sur son projet, mais il s'est finalement rendu compte que sans la petite équipe dont il a bénéficié, le film n'aurait pas pu voir le jour comme il le voulait. C'est la productrice Lizabeth Gelber qui a pensé au réalisateur pour ce projet et qui lui a proposé après avoir eu l'approbation du producteur Marco Visalberghi.

Pour une fois qu'il filme en groupe, Rosi a pu apprécier l'aide et l'utile collaboration apportées par son équipe. Son monteur Jacopo Quadri le retrouve dans Sacro GRA : il a monté les trois films précédents du réalisateur et reprend ici du service. Rosi cite également l'aide de certains de ses amis, qui ne sont pas des moindres : les réalisateurs Fabrizio Federico et Pietro Marcello, le directeur de la photographie Luca Bigazzi, qui a récemment travaillé sur La Grande Bellezza, l'historienne de cinéma et programmatrice à la Mostra de Venise Marie-Pierre Duhamel, ainsi que le producteur Serge Lalou.