Le film le plus connu de Truffaut, culte soi disant, un modèle du genre etc. Niveau réputation pas de soucis pour Jules et Jim, par contre au visionnage…
Ou c’est moi ou ça a mal vieilli. J’en conviens que le style de l’époque ne correspond plus à l’actuel, mais pour être factuel c’était nul. On ne peut pas juste dire « je n’ai pas aimé » non c’était raté. Déjà les voix : ça parait rien mais là c’était l’écueil majeur. Celle du narrateur passait bien dans « L’enfant sauvage » car elle expliquait posément, cela correspondait au sujet d’étude, ça collait à l’ambiance, là c’est pareil mais vu le sujet c’est hors propos, ça alourdit tout en n’apportant rien. Les voix des acteurs sont dans la même veine, monocordes, sans émotions, aucun « jeu » non plus ici, mais surtout on a l’impression qu’elles sont enregistrées en post production vu qu’elles ne suivent pas le mouvement des lèvres et qu’elles sont tantôt hors propos tantôt juste faites par des gens qui ne connaissent pas le film. De plus, les textes semblent plus récités, ânonnés, que véritablement vécus, faut dire que les dialogues ne sont pas non plus un modèle de réalisme donc ça n’aide pas.
L’autre gros problème (et il est majeur aussi) c’est que tout est long, lent et emmerdant : le rythme, la narration, les voix, les dialogues, le jeu des acteurs, l’histoire, les situations… Cela pèse énormément sur l’ensemble, évidemment on décroche et on ne revient jamais. Il faut avouer que les coupes anarchiques, qui auraient pu permettre d’avoir de plus amples explications, sont nombreuses et dérangeantes. Si certains surnotent du fait qu’il y la chanson « le tourbillon de la vie », fort agréable au demeurant, je répondrais que la musique durant l’œuvre est au mieux passable, au pire atroce (malgré Delerue, si bon dans « Le mépris »), et que la prestation de Jeanne Moreau pour le reste est affreuse, fade et inintéressante au possible, comme si on suivait les caprices d’une gamine (et que durant la chanson elle semble s’emmerder). Je ne parlerai pas de Thérèse, sinon il faudrait que j’aille aussi vite qu’elle, ce qui me semble impossible (de plus elle n’est même pas dans le casting, donc pourquoi la mettre dans le film ?). Un vrai tour de force de ne pas comprendre sa propre langue, c’est ce qui arrive pourtant, enfin quitte à ne pas piger autant ne pas la faire parler, pour ce que ça apporte… Ajoutons que les longueurs sont nombreuses, parsemées ça et là durant tout le long métrage, elles ne servent à rien à part allonger la durée du film (1h40 qui en paraissent 3, merci au démaquillage de Jeanne, aux promenades silencieuses, aux contemplations), et que les arrêts sur image n’arrangent rien.
Alors certes la trame et l’histoire sont originales car les triangles amoureux présentés ainsi sont rares (et c’est la 1ère fois il me semble, surtout avec un Français, un allemand et le background de Seconde Guerre mondiale). Cela n’empêche que ce n’est pas passionnant pour autant, la faute à la censure peut être mais d’histoire d’amour on n’est guère témoin, encore moins pour la séduction, à moins qu’en ce temps il suffisait de se poser là et de demander, on repassera pour le réalisme. D’ailleurs, je suis fasciné de la vitesse avec laquelle cette guerre si importante (n’en déplaise à Brassens) est zappée : rapidement évoquée, ne dure que 10 minutes avec prompt renforts d’images d’actualité, et n’a que peu (voir aucune) répercussion.
Beaucoup vantent ce long métrage comme symbole de la nouvelle vague, et c’est là que l’on voit qu’à trop intellectualiser, étudier, disséquer et vouloir encenser les films on tombe dans un monde irréel. Nouvelle vague certes, ça change, mais est-ce que ça apporte quelque chose de bien ? A l’époque sans doute, maintenant je n’en vois pas les conséquences. Cela a mal vieilli oui, mais on peut néanmoins noter que la qualité globale est consternante et que les acteurs n’en sont pas, trop détachés et désinvoltes pour de tels rôles. Je conclurais en disant qu’élever Jules et Jim au rang de culte c’est faire pédant.