Boomerang est l'adaptation d'un roman de Tatiana De Rosnay. C'est la seconde fois qu'une oeuvre de cette auteure est adaptée pour le cinéma après Elle s'appelait Sarah réalisé par Gilles Paquet-Brenner en 2010. Le roman Boomerang a été vendu à 550 000 exemplaires en France et les droits du livre ont été cédés sur 27 territoires dans le monde dont 450 000 exemplaires vendus aux Etats-Unis et 275 000 aux Pays-Bas.
Le tournage s'est déroulé du 7 Mars au 25 Avril 2014 entre Paris, le Gois et l'île de Noirmoutier où avait également été tourné Les Vacances du Petit Nicolas quelques mois auparavant.
Boomerang marque les retrouvailles entre le réalisateur François Favrat et le comédien Laurent Lafitte qui avaient déjà collaboré ensemble à l'occasion du Rôle de sa vie. Le metteur en scène a confié avoir immédiatement pensé au comédien pour jouer le personnage principal de son film : "Pourquoi certains acteurs vous inspirent plus que d’autres, je l’ignore. Ça doit être comme quand on est petit à l’école, ceux avec qui on veut jouer, et puis les autres… Laurent avait à mes yeux tout pour entrer dans la peau du personnage. Nous nous sommes vus maintes fois en amont, il m’a suggéré de nombreuses idées autour du scénario, le personnage d’Antoine est aussi né de nos retrouvailles."
L’envie de réaliser cette histoire pour François Favrat n’est pas seulement à mettre en parallèle avec la lecture du roman de Tatiana de Rosnay. Le réalisateur qui signe ici son 3ème long métrage explique que la thématique du secret de famille est un sujet qu’il voulait traiter depuis longtemps et qui le touche personnellement : "Comme Antoine, j’ai affronté ce long périple pour mettre à jour les vérités cachées. Comme lui, je me suis retrouvé à devenir le vilain petit canard, celui qui divague, le « parano » dont il faut ignorer les délires. Pour tout vous dire, ma grandmère est morte cette année et je n’ai pas pu aller à son enterrement tant les tensions sont restées vives au sein de la famille ! Et puis, en apprenant à parler de ma propre histoire, j’ai découvert que beaucoup d’autres gens souffrent de ces mêmes secrets devenus tabous au fil des années. A force je me suis dit que malgré la singularité du propos, cela pouvait toucher aussi des spectateurs."
Pour son film, François Favrat a dû resserrer l’intrigue qui est beaucoup plus longue dans le roman, lequel comporte plus de personnages. Il a fait le choix de se centrer sur la quête d’Antoine et ses relations de plus en plus tendues avec sa famille : "Au-delà du travail même d’adaptation, retraduire les phrases du roman en scènes et en ellipses, il s’agit surtout de réécrire en images mon point de vue personnel. Et ce point de vue, me concernant, c’est qu’on voudrait tous en avoir fini avec le passé mais que lui n’en a jamais fini avec nous !", explique-t-il.
Boomerang est à la fois une chronique familiale et un thriller avec au centre une enquête tendue. François Favrat avance : "Le livre de Tatiana est bâti comme cela à la base, avec ce suspens, ces fausses pistes et cette tension qui va grandissant. Moitié anglaise, moitié française, elle maîtrise parfaitement l’héritage romanesque de ces deux cultures. C’est ce qui m’a aussi séduit quand j’ai découvert Boomerang, je voulais conserver la même tension, l’envie de savoir et ces conflits qui vont crescendo."
Même si elles ne sont pas directes, Boomerang comporte plusieurs références visuelles à Hitchcock : "La trame de mon film est moins policière que ceux de Hitchcock, plus recentrée sur la famille mais je me suis amusé avec le spectateur à travailler les fausses pistes et la montée de la tension. Et puis cette maison fascinante de Noirmoutier, plantée sur les hauteurs face à la mer menaçante, c’est vrai, elle a quelque chose du manoir de PSYCHOSE ! D’autres influences aussi m’ont inspiré. Sautet par exemple, pour sa façon si particulière de véhiculer par des images des émotions profondément humaines 6 et toujours en gardant une pudeur et une élégance auxquelles je suis très attaché."
Cadre spatial, l'île de Noirmoutier est un véritable personnage du film. Le metteur en scène François Favrat ne connaissait pas l'île avant les repérages mais une fois ces derniers faits, il a tout de suite senti le potentiel de l'endroit. Il avance : "Les pins, ces maisons dressées face à la mer, ces plages à perte de vue et ce fameux passage du Gois, cette longue route pavée qui apparaît et disparaît au gré de la marée. Ce passage dangereux qu’il faut pourtant traverser pour parvenir à comprendre ce qu’il s’est vraiment passé. J’ai tout de suite senti que ce mélange fascinant autant que menaçant pouvait apporter visuellement au film."
Boomerang est un film qui multiplie les flash-back dans le but de suivre au plus près la quête du personnage principal campé par Laurent Laffite qui cherche à éclaircir les zones d'ombres du passé. Du côté des références par rapport à la représentation de ces "voyages dans le temps", François Favrat avait en tête, au moment du tournage, Les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman et le film argentin Dans ses yeux de Juan José Campanell.
Laurent Laffite définit son personnage comme un garçon et pas tout à fait un homme, trimballant avec lui une douleur profonde venant de la mort de sa mère survenue brutalement quand il était enfant. Cette tragédie et les non-dits au sein de sa famille l'empêchent d'évoluer et de devenir adulte. L'acteur explique : "J’ai essayé d’aborder ce personnage de cette manière, non pas qu’il soit une victime, loin de là, mais en lui donnant l’énergie d’une victime. Quand Antoine parle à son père ou se rebelle, il prend presque une voix d’adolescent alors qu’il a l’âge d’un homme, qu’il est papa et qu’il se débat avec son couple en perdition. Quand tout ce qui l’angoisse devient trop fort, il se décide enfin à faire face et à affronter tous ces silences, ces non-dits, ouvrant une boîte qu’il n’imaginait sans doute pas aussi profonde..."
Laurent Lafitte confie n'avoir pas lu le roman Boomerang de Tatiana de Rosnay et même ne jamais lire les livres dont il tourne les adaptations : "En fait, je fais confiance au travail de ceux qui ont adapté et je me décide sur un scénario. C’est là où je m’investis. J’ai toujours une crainte de lire l’oeuvre originale, en me disant qu’il manquera peut-être certaines choses au script. Et sur le fond, je n’ai pas besoin de la vision de l’auteur sur mon personnage : je préfère me faire la mienne en discutant avec le metteur en scène..."
"Je ne lis jamais les romans ou les livres desquels je tourne une adaptation. C’était la même chose avec Je vais bien ne t'en fais pas : j’ai lu le roman d’Olivier Adam bien après le film... J’ai toujours peur de trouver dans le livre des choses qui me plaisent et qui ne seront pas au final dans le film, de ne pas être d’accord ou de me dire « c’est dommage » ! Ça pourrait bloquer l’envie de départ et donc le travail que je dois faire..."
Trois autres romans de Tatiana De Rosnay sont en cours d'adaptation : il s'agit de Moka qui est en cours de tournage avec Nathalie Baye et Emmanuelle Devos, puis Le voisin et Spirale.