Tout a commencé avec la rencontre d'un inconnu dans un bistrot des Gobelins (Paris) qui a proposé à la réalisatrice de filmer les élections au Haut-Karabagh, en Asie centrale. Cela a donné lieu, en 2004, au documentaire La très chère Indépendance du Haut-Karabagh. Quelques années plus tard, Liliane de Kermadec a décidé de réaliser un film de fiction centré sur la vie de ces hommes et femmes perdus dans ces montagnes du Caucase. Elle confie : "En fait, j'ai eu un coup de foudre pour le Haut Karabakh parce que j'ai pu rencontrer et interviewer des gens de tous les milieux au moment des élections. Ils ne parlaient que d'indépendance et de liberté. Ils ne demandaient que la paix et la reconnaissance de leur pays. Ils voulaient exister. Ca ne pouvait que me plaire."
Liliane de Kermadec a commencé sa carrière en tant qu'actrice. Elle est devenue, ensuite, photographe de plateau puis scénariste et réalisatrice. Aloise, son premier film datant de 1975, a été nommé pour le prix de la mise en scène au 28ème Festival de Cannes.
Petit pays de 4400 km carrés, le Haut Karabagh est une république autoproclamée de Transcaucasie perdue au milieu des montagnes du Caucase. Il a été enclavé par Staline dans l'Azerbaïdjan et, au moment de la chute de l'Union Soviétique, a déclaré son indépendance, jamais reconnue par la communauté internationale. C'est un pays où se cachent des panthères et où l'on trouve, aussi, de vieux monastères en haut des montagnes.
Les acteurs du film sont les vrais habitants du Shushi, la ville du long métrage.
Le Murmure Des Ruines est une fiction ressemblant à un documentaire. Pour la réalisatrice, il existe des mensonges comme des vérités dans ces deux types de cinéma. Par ailleurs, son désir de faire ce film est né de son besoin d'en apprendre davantage sur la façon dont ce peuple est éduqué : "J'avais envie de savoir si on enseignait aux enfants l'oubli des atrocités commises ou la vengeance. J'ai interrogé les professeurs et le élèves dans les écoles. Les réponses dorment dans mes tiroirs, je n'ai pas réussi à financer la traduction et le montage d'un film. J'étais tellement en colère que j'ai écrit une histoire qui est devenue Murmure."
Le kamancha, ancêtre du violon, aux accents nostalgiques comme le "Duduk", le hautbois arménien, fut souvent utilisé dans le film car il collait bien à l'ambiance de la ville de Shushi. La réalisatrice Liliane de Kermadec a même rencontré un des meilleurs joueurs de cet instrument du pays. La musique, là-bas, apporte une forme de paix et de repos : "La petite école de musique, toute neuve, -cadeau d'un arménien américain- jouait un rôle important au centre de la ville. C'était un des rares lieux de calme et de plaisir à Shushi à ce moment-là. Des professeurs plus ou moins improvisés, eux-mêmes noyés de chagrin, essayaient de faire oublier aux enfants les ruines et les larmes grâce à la musique", explique-t-elle.