Même si je ne connais pas bien Honoré, je l'aime bien, il a ma sympathie rien que pour Le belle personne que j'avais beaucoup aimé. J'ai été un peu pris au dépourvu par la sortie de Métamorphoses, je ne savais pas qu'il sortait il y a encore deux semaines, et si les critiques n'étaient pas excellentes j'avais quand même envie de le voir, adapter les métamorphoses ça me disait bien, même si (et je m'en veux) je n'ai pas lu Ovide, enfin j'en connais quelques-unes mais pas toutes. Et puis il avait bien réussi à adapter la princesse de Clèves avec La belle personne alors pourquoi pas Ovide.
Alors j'ai eu un peu de mal au début, le prologue est sympa, mais le film est une sorte d'enchaînement de mythes reliés entre eux par l'histoire d'Europe, jeune demoiselle demoisellenappé par le bien nommé Jupiter, ce qui peut dérouter, on peut avoir du mal à accrocher. Mais finalement je me suis pris au jeu, j'ai fini par trouver ça très sympathique, les histoires racontées sont cool et intéressantes pour qui aime la culture occidentale (tout un chacun, non ?). Et ce qui est bien c'est que Honoré l'aime aussi, il la respecte vraiment, ne va pas juste se servir d'un texte qui a plusieurs millénaires pour faire un truc grand spectacle ou je ne sais pas quoi en faisant n'importe quoi avec, vous savez comme les américains se derniers temps quoi (Pompéi, 300 etc dans le peplum), ou comme Disney qui massacre Grimm, Andersen et Perrault (je parle-là surtout des "réadaptations" récentes, genre Maléfique, que je n'ai pas vu mais bon, je ne parie pas une cacahuète dessus).
On a donc une suite de mythes, parfois vraiment beaux, parfois moins, mais jamais inintéressants. De ceux qui sont beaux, je pense à celui de Narcisse, dont l'histoire est introduite par une scène vraiment sympa, assez cocasse, où Jupiter et Junon se rendent chez le médecin, alias Tiresias, pour débattre du sexe ayant le plus de plaisir orgasmique (et le petit gag dans cette scène, sans le dévoiler, m'a bien fait rire). Voir Narcisse faire du basket, encouragé par des filles hystériques à côté du terrain, quelque part ça vaut le déplacement.
Aussi, ce que j'ai apprécié, c'est que bien qu'on soit dans un espace assez connu, le lycée, la cour, les bords de route, la forêt, les bords de rivière, Honoré essaye de créer un univers un peu étrange, où trouver des mecs à poil à tire-larigot n'a pas l'air de beaucoup choquer. Et c'est un détail mais j'aime bien sa représentation des bacchantes, ces femmes nues "vêtues" d'une sorte de manteau de plastique.
Après je suis quand même quelque peu partagé, si l'ensemble ne fonctionne pas trop mal, j'ai peut-être un peu de mal avec le personnage principal, qui n'est pas aussi touchant que dans l'autre Honoré que j'ai vu. Je comprends ce qu'il a voulu faire, mais je trouve que ça ne marche pas totalement. Le film est un petit voyage très sympathique, il y a de beaux moments, Honoré aime toujours la musique et utilise certains morceaux de manière intéressante, mais je sais pas, j'ai pas été vraiment ému par l'histoire d'Europe, même à la fin après son escapade avec Orphée. Le film est appréciable, j'ai été content de le voir et j'ai passé un bon moment en compagnie de ces personnages, certaines histoires m'ont plu et touché (comme celle d'Atalante et Hippomène rapprochés par Vénus, si je ne fait pas d'erreur), mais il me manque un truc pour être vraiment ému comme devant La belle personne.
M'enfin, j'ai apprécié, et puis de toute façon, un film avec tant de femmes nues et avec Bacchus qui en enlève trois pour les transformer en chauve-souris, ça ne peut qu'être cool !