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    Métamorphoses
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    2,2
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    73 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 24 mai 2016
    Diantre, mélanger Ovide avec des barres HLM et espaces urbanisés moches fallait oser... C'est un peu comme si on demandait à Van Dongen ou Nolde de peindre du Rembrandt. Voilà encore un film qui prêtera le flanc à la critique facile de la populace. Raison de plus pour le défendre, malgré ses défauts (pourquoi, mais pourquoi le cinéma intello français se croit obligé de demander à ses acteurs de débiter le texte d'une façon la plus monocorde possible ? On retrouve le même tic chez Godard, Rohmer et Eugene Green, entre autres). Sinon, louons les audaces de ce petit ovni : nudité somptueusement filmée, sans voyeurisme, sans érotisme excessif, mais d'un point de vue "naturiste" si j'ose dire assez fascinant. Choix musicaux imparables. Enchâssement des récits plus que bienvenu et qui donne une vraie cohérence et un rythme intéressant à l'ensemble. Une photo travaillée, jouant habilement entre la luminosité antique et la grisaille contemporaine. Et enfin, on relèvera quelques coups de griffes contre les deux plus grandes religions monothéistes (grandes par leur nombre de fidèles), discrets mais réels, au profit du panthéisme antique et des religions orientales indiennes... Faut faire attention avec ça d'ailleurs, y en a d'autres qui ont fait joujou avec des thématiques similaires dans l'Allemagne des années 30...
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 3 septembre 2014
    J'avoue que le tout début m'a un peu déstabilisé et je me suis demandé un court instant si je n'aurais pas plutôt dû aller voir Expendable 3... Puis au bout d'un moment la magie des Dieux grecs a sans doute dû opérer et je me suis laissé prendre à l'histoire de ces Mercure, Io, Junon, Europe, Narcisse et autres, vivant dans les cités ou au bord des autoroutes. Certes ce n'est pas un film à suspense, on ne se demande pas qui est l'assassin (il y en a d'ailleurs plusieurs !) et n'y allez pas si vous voulez voir un film trépidant avec des cascades et des poursuites en voiture. Mais si vous vous sentez un tant soit peu l'âme poète et que vous êtes prêts à entrer dans ce récit mythologico-moderniste, ça vaut le coup de laisser tomber Lucy ou Expendable 3 au profit de ce film qui a dû coûter beaucoup beaucoup moins cher et qui procure bien plus de plaisir.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 151 abonnés 5 135 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 6 février 2017
    L'immersion des Dieux dans le monde des Mortels. On se croirait tout à fait dans le registre d'Eugène Green sans la subtilité poétique. Le résultat est effectivement assez étonnant dans la forme. Pour le fond, par exemple les dialogues crus et les incursions dans le monde d'aujourd'hui, c'est parfois dérangeant et hormis le fait que ce soit confus quand on ne saisit pas les subtilités de la mythologie, on se sent parfois submergé par les images interprétatives et tenu à distance.
    andika
    andika

    106 abonnés 320 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 septembre 2015
    Il s’agit d’un film exigeant. D’habitude, les spectateurs peuvent être exigeants devant un film mais ici, c’est ce dernier qui en attend beaucoup du spectateur. Dès le début, on est plongé dans la nature et en silence. Dix longues minutes sans un seul dialogue. Il faut de l’audace pour proposer ce genre de chose et j’y adhère totalement. Ce début totalement silencieux peut rappeler des films comme 2001 de Kubrick ou encore Melancholia de Van Trier, je serai même capable de tenir encore plus longtemps sans dialogue.

    Ensuite, très rapidement, on arrive au moment de la rencontre ente Jupiter et Europe. Dans le mythe, Jupiter se métamorphose en taureau pour séduire Europe, ici, il prend la forme d’un camion… Dépaysant ! Et c’est ici que le film fonctionne à merveille. Il transpose des récits immémoriaux dans notre époque contemporaine. Mais cela fait sens, beaucoup plus sens que de mettre l’action dans une époque ancienne inconnue. Ici, le décalage entre les Dieux et les mortels et encore plus frappant, on a le choix de croire ou de ne pas croire. Hermaphrodite devient une sorte de nymphomane, Junon est une femme jalouse, qui a peu confiance en elle et traque les incartades de son mari, Jupiter est un séducteur qui n’en a jamais assez, Orphée est un philosophe, Bacchus est un homme frustré qui n’aspire qu’à être reconnu dans son caractère divin, et enfin, Europe est une jeune adolescente d’origine maghrébine qui s’ennuie dans son existence et aspire à autre chose dans notre France d’aujourd’hui.

    Rien de tel qu’un tel contexte pour être frappé en plein cœur par ces personnages. De plus, on sent à l’image tout le soin mis dans la photographie, tout le travail technique derrière.

    L’irruption de ces Dieux mythologiques dans l’époque contemporaine permet également de confronter les religions polythéistes et monothéistes, ainsi ce que l’on connait chez Ovide dans le mythe d’Hippomène comme étant le temple d’une divinité devient ici une mosquée. Jupiter fait la manche à la sortie d’une église, Oprhée prêche et j’en passe.

    Ainsi, les Métamorphoses d’Ovide qui se déroulent de nos jours, c’est une idée formidable, quand on fait le choix de croire aux mythes, de croire en ce film, en ces acteurs, lorsqu’on a envie de se sentir comme un enfant devant ces récits de la mythologie, ce film devient lui-même mythologie. Ce film est beau, touchant, poétique, sensuel. Il y a toutefois quelques faiblesses dans la narration, il est possible de décrocher, mais l’ensemble en vaut vraiment le coup et il serait vraiment très dommage de s’en priver.
    FaRem
    FaRem

    8 657 abonnés 9 533 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 24 mars 2015
    Tu peux me croire ou alors me prendre pour un fou. Une phrase du film qui le résume assez bien, ce n'est pas un film expérimental comme peut l'être "Adieu au langage" ou bien d'autres, mais au moins le réalisateur ne cherche pas à nous convaincre, il nous dit simplement de nous laisser aller et d'accepter de rentrer dans cet univers étrange. Cette "adaptation" des "Métamorphoses" dOvide n'est pas réellement à mon goût bien que ça soit original et assez beau, c'est vraiment très particulier et un peu trop lent, c'est surtout réservé à un public aguerri même si on n'est jamais à l'abri d'une agréable surprise qui n'est pas arrivée pour moi.
    Julien D
    Julien D

    1 199 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 6 septembre 2014
    Bien que moins connu que certains textes tels que l’Odyssée d’Homer, Métamorphoses est un ouvrage important en tant qu’héritage des mythologies gréco-romaines puisqu’il s’agit d’un recueil de mythes des deux civilisations (le couple de dieux Jupiter et Junon étant romain tandis que le prophète Orphée était grec) ayant, comme son titre l’indique, pour leitmotiv les transformations. Le défi que s’est lancé Christophe Honoré de transposer ces légendes antiques dans la France du 21ème siècle pouvait laisser, au vu de la qualité très discutable de ses précédents films, semblait être un pari fou qui nécessiterait une virtuosité lyrique pour être convainquant. Or, justement, le film qui en résulte ne réussit jamais à transposer à l’image ni la magie ni la charge évocatrice de ses mais uniquement à faire interpréter, à la façon de simples pièces de théâtre en plein air, à des acteurs amateurs des personnages romanesques plus ou moins subtilement modernisés. Le but profond de cet exercice cinématographique ambitieux devient flou alors que l’on assiste au récit initiatique de la jeune Europe sans que le scénario et la mise en scène nous permette de saisir les métaphores autour des rites amoureux et autres aventures des protagonistes qui l’entourent.
    Christoblog
    Christoblog

    828 abonnés 1 674 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 octobre 2014
    Adapter l'oeuvre d'Ovide (12000 vers !) dans un décor de bordure d'autoroute et de parking désert du sud de la France : voilà le genre de défi que seul Honoré peut oser. Et réussir.

    Le film est décomposé en trois parties. La première, que j'ai trouvé vraiment excellente, conte l'enlèvement d'Europe par Jupiter, la seconde se concentre sur la figure de Bacchus, et la dernière sur celle d'Orphée - dont l'aspect christique est ici évident. Les trois comprennent des digressions étonantes (connaissez vous Penthée, Edmus ou Hippomène ?).

    L'impression d'ensemble que dégage le film est pour moi celle d'une plongée dans l'inquiétante altérité des Dieux. En les représentant sous forme d'hommes et de femmes à peu près normaux (quoique), Honoré parvient à l'aide de son scénario et de quelques procédés subtils de mise en scène à nous les faire ressentir comme étrangers. Tout le film baigne donc dans une atmosphère étrange dans laquelle le plus trivial semble de façon indissoluble lié au divin : Narcisse joue au basket, Jupiter conduit un poids lourds.

    Honoré parvient donc à la fois à surprendre, à impressionner (terribles bacchantes saisies dans un plan sidérant en train de dévorer un homme), à intéresser et à plaire.

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    norman06
    norman06

    346 abonnés 1 664 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 septembre 2014
    Christophe Honoré radicalise sa démarche en se frottant à la mythologie, avec un style plus proche de Rohmer, Bresson ou Pasolini. En s'éloignant de son univers romanesque feutré, il ne convainc qu'à moitié. Le jeu distancié et faux des acteurs pourra agacer, et certains passages n'échappent pas au grotesque. Mais le film n'en reste pas moins ambitieux et original.
    Hastur64
    Hastur64

    224 abonnés 2 289 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 30 juin 2015
    Après avoir vu la bande-annonce je n'avais pas vraiment eu un coup de foudre pour le dernier film de Christophe Honoré. Plus, en me mettant devant je me suis demandé pourquoi je m'infligeais un film qui m'apparaissait n'être qu'un truc un trop intello-chiant. Le réalisateur nous y présente une adaptation de l'œuvre majeur d'Ovide : ''Les métamorphoses'', œuvre fleuve que le cinéaste réarrange pour en tirer une histoire en trois chapitres. Interprétées par des acteurs non-professionnels, voire carrément débutants les séquences en sont bien incarnées même si certains sont meilleurs que d'autres (celui qui incarne Bacchus et celle qui personnifie Héra sont les plus convaincants). L'histoire en elle-même requière à mon avis une petite connaissance des mythes grecs pour jouir pleinement de ce qui se joue devant nous sous peine de regarder d'un œil dubitatif des péripéties étranges. Alors, le film est un peu inégal : le premier chapitre est intéressant, le second un peu plus faible, mais c'est dans le troisième que le film se perd un peu et que l'ennui gagne le spectateur au point d'éprouver le besoin de regarder sa montre. Cette fantaisie mythologique laisse un peu songeur quant à ce que le réalisateur veut exprimer à travers elle et ce même s'il est distrayant et parfois très beaux à regarder. Un film peu grand public qui nécessite une connaissance préalable de la mythologie grecque pour interpréter ce qui se déroule devant nos yeux sous peine de rester interdit devant un spectacle qui en serait abscons. Un film loin des courants mainstreams qui a l'image de la filmographie de Christophe Honoré est une originalité dans le paysage du cinéma français et mondial. À voir.
    Fritz L
    Fritz L

    183 abonnés 767 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 septembre 2014
    Transposer Ovide à notre époque, en réinventant les Dieux de l’Olympe, leur donnant une figure humaine du XXIème siècle, qui aurait cru à une telle entreprise ? Personne ! C’était, toutefois, sans compter sur la malice littéraire et cinématographique d’un Christophe Honoré qui nous avait déjà gratifié, il y a quelques années, d’une subtile adaptation de « La Princesse de Clèves » avec son film « La belle personne ». Et le terme adaptation est particulièrement à propos ici. Comme Ovide, Honoré ne retient que quelques figures helléniques. Il n’apporte pas non plus une unité dans le récit et retranscrit à l’image ses dieux et mortels qui se croisaient et se chassaient, entre fascination, frivolité et esprit belliqueux. Le rendu visuel du film, très naturaliste, permet directement de se plonger dans cet univers et d’y adhérer simplement. Certaines scènes, même, dégagent la vraie profondeur dramatique de la tragédie grecque latente. L’onirisme, plane également sur tout le film et lui confère une beauté presque irréelle. Honoré ne tombe pas dans le piège du maniérisme dont Cocteau n’avait su se défaire dans « Orphée » notamment. Si « Métamorphoses » est au final de belle facture, on se met à imaginer le résultat final si les moyens financiers avaient été lus importants. On regrette parfois le côté minimaliste de l’ensemble. Tout comme d’ailleurs ce casting cosmopolite qui fait parfois un peu défaut. Mais on ne peut que féliciter Christophe Honoré de son audace qui force l’admiration et d’avoir su extraire d’une œuvre deux fois millénaire une telle métamorphose. Ce réalisateur, peu conventionnel, s’impose à chaque film comme l’auteur les plus libres de la jeune génération du cinéma français. Il n’en oublie pas moins ses pairs. Après son clin d’œil à Demy avec « 17 fois Cécile Cassard », après avoir revisité Godard avec « Dans Paris », où chabadabader à la Lelouch avec « Les chansons d’amour », c’est à Rohmer qu’il adresse ici un message, signifiant que son cinéma épuré et raffiné lui survit. Décidément Christophe Honoré est une belle personne !
    pierre72
    pierre72

    137 abonnés 367 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 septembre 2014
    Pas besoin d'avoir lu les métamorphoses d'Ovide pour s'installer dans une salle de cinéma et découvrir le nouveau long métrage de Christophe Honoré. Et surtout, il ne faut pas se sentir rejeté par ce titre qui fleure bon la grande culture classique, l'adaptation est ici très libre. Même si vous n'avez jamais mis le nez dans cette oeuvre écrite en l'an 1 après J C, vous en connaissez, au moins de nom, les protagonistes : Narcisse, Philémon et Baucis, Io, Hermaphrodite, Jupiter, Bacchus, ... et vraisemblablement un bout de leur histoire, car ces héros issus des légendes grecques, font tout de même partie de notre patrimoine culturel. En les replaçant dans un contexte actuel, au bord des autoroutes ou au milieu de rares terrains vagues laissés vacants par les constructions de tours d'habitations, le réalisateur, avec cette relecture, interroge surtout notre époque, ses croyances ou son manque de croyance, mais aussi le cinéma en général, le sien en particulier, en proposant un film libre de toute convention.
    "Métamorphoses" reste tout de même un exercice de style propre à dérouter le spectateur habituel des comédies à la française ou des adaptations académiques des grands classiques de la littérature. Histoires enchâssées, comédiens amateurs, non recours au morphing et autre technique numérique de trucage pour les transformations, liberté d'une caméra prenant le temps de filmer ce qui lui plaît, absence de psychologie, envie un peu professorale d'amener le spectateur à se plonger dans l'oeuvre d'Ovide, composent un film assez unique et somme toute original. Christophe Honoré joue avec le thème (assez en vogue en ce moment) de la métamorphose pour essayer de montrer que rien n'est jamais acquis, que tout est possible surtout dans un monde où les dieux ont décidé de reprendre du service. Mais au milieu de ce projet, surgissent aussi les envies personnelles du réalisateur et notamment le plaisir qu'il prend à filmer, caresser, explorer, admirer les jeunes gens qui ont été castés pas forcément pour leur plastique ni leurs talents de comédiens, mais pour leur facilité à se dénuder à l'écran. Il aime les corps jeunes, nus et les magnifie en s'attardant sur un grain de peau, une bouche, une main, une nuque. Cette sensualité n'est toutefois pas réservée à la jeunesse car les corps vieillis de Philémon et Baucis sont filmés de la même manière lors de la très jolie scène de leur mort. Cet intérêt esthétique n'emprunte cependant rien à la statuaire grecque auxquels les personnages pourraient renvoyer, mais bien à une frontalité toute contemporaine. Les corps, si importants dans le film, sont montrés avec le naturel de leur beauté brute, sans obéir d'aucune façon aux diktats de la mode et de l'imagerie actuelle.
    La fin sur le blog
    Fabien D
    Fabien D

    178 abonnés 1 137 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 6 septembre 2014
    Christophe Honoré est un cinéaste inégal, capable de réaliser des films charmants comme les chansons d'amour ou la belle personne ou des navets prétentieux et racoleurs comme ma mère et Homme au bain. Ici, en s'attaquant aux Métamorphoses d'Ovide, il livre un film original, une transposition moderne des mythes qui joue merveilleusement bien avec les anachronismes. A travers le personnage d'Europe, Honoré reprend à merveille un grand nombre de mythes tels que celui de Tirésias (génial docteur devin aveugle) ou encore Hermaphrodite (incroyable scène de viol aquatique). On regrettera que ces quelques fulgurances soient gâchés par une tendance à vouloir rattacher au script un maximum de mythes. De l'allusion gratuite à Arachné à la reprise un peu artificiel de l'histoire d'Hippomène et d'Atalante, le film a un côté brouillon et manque sur la longueur d'un peu de tenu. On n'est néanmoins charmé par la géniale réinterprétation du personnage de Bacchus, sorte de pecno un brin hystérique très drôle et par la poésie qui ressort de certaines scènes. Métamorphoses rappelle les adaptations littéraire de Pasolini (notamment la trilogie de la vie), c'est avant-gardistes, frivole et humoristique. Un film agréable qui a au moins le mérite de faire revivre certains récits mythiques qui ont tendance à être oubliés.
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    108 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 septembre 2014
    Honoré, par la direction d'acteurs et le principe même du film, refuse tout naturalisme et, mine de rien, donne un petit coup de pied dans la fourmilière du cinéma français. (...) un film très audacieux, fascinant et magnifique...

    LA SUITE :
    Nicolas S
    Nicolas S

    43 abonnés 543 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 27 mars 2018
    L'idée d'adapter 'Les Métamorphoses' d'Ovide et de les transposer dans la France péri-urbaine du 21e siècle est courageuse et plaisante, mais 'Métamorphoses' a bien du mal à dépasser son statut de film à saynètes déliées. Plus embêtant encore, dialogues et acteurs peinent à convaincre, et restent donc bien loin du modèle rohmérien auxquels ils prétendent.
    singeou7
    singeou7

    14 abonnés 3 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 octobre 2014
    Qu'ai-je pensé de ce film ? Et bien j'ai plutôt bien aimé. Déjà, rien qu'un film proposant une adaptation des Métamorphoses d'Ovide, de surcroit moderne, ne pouvait qu’attiser ma curiosité de part les symbolismes, métaphores et comparaisons des vestiges de notre culture que le film allait proposer dans ses interprétations. Donc j'ai attendu très impatiemment ce film, pour savoir comment ils allaient adapter ce "monstre" de 231 métamorphoses en moins de 2h... Pour couper court à toutes réclamations, oui le film n'aborde qu'une quinzaine de métamorphoses spoiler: (Actéon, Io, Argus, Philémon et Baucis, Tiresias, Narcisse, Arachnée, Syrinx, Hermaphrodite, les 3 sœurs Mynias, Orphée et Eurydice, Ganymède, Hippomène et Atalante, et enfin Europe)
    , mais ces dernières sont toutes introduites et enchâssées les unes avec les autres pour former un ensemble cohérent, une quête spirituelle (présentée en trois phases et rencontres distinctes) à un personnage principale dont l'histoire a été réinterprété (chaque rencontre apportant une nouvelle vision). spoiler: Le film même est une métaphore de l’enlèvement, ici progressif, d'Europe vers le monde des dieux par le biais de Jupiter.
    Les Métamorphoses en elles même sont plutôt bien faîtes, n'utilisant pas d'effets spéciaux pour les réaliser, le metteur en scène a du faire preuve d'un habile jeu de montage, de transitions instantanées ou parfois d'interprétation plus ou moins réussis allant de séquences, que j'ai personnellement trouvé superbes spoiler: (La naissance des Paons ou encore l'éclosion de la narcisse)
    , métaphorique spoiler: (la Contemplation de Narcisse)
    ou encore aux rendus moins appréciables spoiler: (Le lendemain du déluge)
    . Christophe Honoré a avoué dans un interview que le but de ce film était de montrer à quel point nous sommes imprégné à cette culture antique méditerranéenne. Le film ne fait pas de discrimination sexuelle et intègre tout genre dans le nu ou tout type de sexualité et identité sexuelle par diverses références ou formes visant à conserver une universalité aux textes adaptés.

    Le film ne trompe donc pas les attentes de son spectateur et intègre très clairement son film dans une tradition romaine, elle même helléniste, dont la plus grande preuve esthétique est la présence du nu. Le Nu dans ce film occupe une place très importante, il n'est pas à être perçu comme un nu intime, transgressif ou interdit, mais plus comme un nu naturel. Le réalisateur ne va pas chercher à esthétiser ce nu à l'usure, il n'est pas présent pour rajouter une dimension érotique; ni à le rendre pour autant vulgaire et possiblement choquant (les relations et états à caractères sexuel sont suggérés et non cadrés) spoiler: (Même Pan n'est pas représenté en érection, alors que l'ithyphallie est caractéristique dans son iconographie)
    . Certains personnages apparaissent nus selon la pensée antique, ils sont nus uniquement par ce que les vêtements ne leurs semblent pas entièrement nécessaires, nus uniquement parce qu'ils aiment l'être, nullement pour choquer ou par pulsions sexuelles. Et cette pratique ne choque personne de manière interne au récit, elle leur semble même innée, si bien qu'ils n'hésitent pas à les rejoindre. Bien que surprenante, et c'est là où la démonstration d'Honoré fait effet, c'est que nous ne sommes nullement étrangers et choqués, nous concédons très facilement ce mode de vie. spoiler: Cette vision du nu est assez importante, car elle permet d’interpréter l'ultime scène où, sous les yeux de Jupiter, Europe décide de se baigner nue dans un lac. Si on remarque bien, Europe n'apparaît jamais nue durant tout le reste du film, elle reste cachée ou est à moitié dévêtue chaque fois qu'elle s’unit à Jupiter, mais cette apparition en fin de film fait état de son assentiment à son enlèvement, et établit la fin de sa quête. Elle abandonne sa condition de simple mortelle et accède au monde des dieux par les abandons de ses vêtements et de son petit frère.


    En ce qui concerne l'héritage de ces cultures, Christophe Honoré propose plusieurs pistes avec différentes interprétations possibles pour traiter en interne cette question de lègue.
    Premièrement, on peut voir dans le récit quelques références bibliques ou plus généralement monothéiste spoiler: (Mercure et Jupiter mendiant à la sortie de la messe, Atalante et Hippomène s'accouplant dans une mosquée ainsi que l'essentiel du développement d'Orphée : sa catabase, ses habits blanc, le fait qu'il délivre un message en tant que prophète, non pris au sérieux, suivis d'un groupe de prédicateurs, la métamorphose de sa tête décapitée, ou de sa pensée, en un livre, de format équivoque)
    . Cela démontre une certaine paternité avec les religions fondatrices.
    spoiler: Deuxièmement, le fait que Europe transmette le livre des métamorphoses à son frère en lui interdisant de la suivre (voir plus haut), montre déjà une certaine progression culturelle (car elle avoue en début de film ne pas connaître la mythologie antique) mais aussi montre dans le geste l'envie de propager l'existence de cette culture et de ce livre (par le biais de la redécouverte).

    spoiler: Troisièmement, le film reste flou sur un passage du film ayant des conséquences sur l'interprétation générale de l'histoire. Après s'être unit au bord de la rivière avec Jupiter, Europe s'endort sur un tronc d'arbre. Jupiter traverse la rivière et rencontre Junon, après un moment il en vient à se demander si l'orgasme féminin n'est pas supérieur au masculin. Ils vont ainsi à la rencontre de Tirésias, qui ayant été à la fois homme et femme semble le plus à même de répondre, dans ce qui semble être une scène se déroulant chronologiquement après. A la suite d'une dispute, Junon rend Tirésias aveugle mais Jupiter lui offre le don de voir le futur en contrepartie. A la suite de cet incident, après un laps de temps inconnu, une femme demande conseils au sujet de son fils Narcisse, et Tirésias prédit le danger tragique menaçant l'enfant. Narcisse grandit, et succombe à son destin vers un âge adolescent. Après cet enchâssement d'histoire, le récit se recentre sur Europe qui se réveille. Après un "supposé" court séjour chez Bacchus, Europe décide de suivre Orphée avec ses acolytes le temps d'une durée indéterminée et ces derniers se recueillent devant un site de recueillement à la mémoire de Narcisse, supposément mort récemment. Or on peut conclure que Europe a pu dormir pendant un peu moins de 20 années sur cet arbre sans changer physiquement, procédé fréquemment utilisé dans la mythologie pour les personnages immortels ou affiliées aux dieux, mais le "problème d'interprétation visuelle" du film vient du fait qu'à la fin du film Europe recroise son petit frère (qui avait 16 ans quand elle est partie) et lui non plus n'a pas changé physiquement ce qui est plus surprenant de sa part. Alors est-ce une hallucination de la part d'Europe ? Un désir de sa part de ne pas partir sans laisser une ultime trace ? Est ce oeuvre d'une divinité ? (ce à quoi je ne crois pas). Cette curiosité visuelle pose donc un problème d'interprétation sur la signification réelle du personnage du petit frère d'Europe.


    En conclusion, ce film est un grand éloge à la culture antique pas si disparue, il tente de moderniser les enjeux des métamorphoses en leur donnant une dimension universelle et intemporelle par divers jeux de références et transpositions à la société actuelle. Il souffre néanmoins de son côté élitiste et film d'auteur dans la compréhension de l’œuvre et sa popularisation auprès du grand public, ainsi que dans le budget accordé et dans la liberté d'expression de la vision du réalisateur. Il tente, dans la mesure où il le peut, de réinstaurer la pensée antique, origine des cultures européennes, dans la doxa, s'étant progressivement perdue de générations en générations, souvent décriée, humiliée mais surtout profondément ignorée.

    16/09/2014
    Mis à jour le 24/09/2014
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