Il s’agit du tout premier long-métrage de l'actrice-réalisatrice italienne Valeria Golino. Elle s’était déjà prêtée au jeu de la réalisation avec le court-métrage Armandino e il madre en 2010. Ici, elle ose le sujet sensible de la mort assistée, un thème tout particulièrement délicat dans son pays : "L’euthanasie est un sujet tabou en Italie, bien plus que dans n’importe quel autre pays européen. C’est en grande partie dû à l’influence du Vatican et à notre héritage catholique. Mais j’ai le sentiment que même si le peuple italien est prêt à faire face à ce sujet et à d’autres problèmes éthiques, les hommes politiques eux ne le sont pas."
Miele a été sélectionné pour le Festival de Cannes 2013 dans la catégorie Un Certain Regard. Le film a également concouru au Festival de Bruxelles et au Festival International du film de Karlovy Vary en République Tchèque.
Miele est l’adaptation du roman intitulé "Vi perdono" signé par Angela del Fabbro. Cependant, il s’est avéré que ce nom n’était qu’un pseudonyme : "Il y a trois ans, alors que je réalisais mon premier court-métrage, j’ai lu un livre qui m’a bouleversé. Le thème m’a tout de suite attirée (…) Cela m’a interpellée et je me suis dit qu’[Angela del Fabbro] cachait son identité, tout comme le personnage de Miele. Ce qui m’a intriguée encore plus était que le livre a été écrit à la première personne et qu’il était très détaillé. J’ai donc pensé qu’il s’agissait d’une histoire authentique. Ce n’est qu’un an plus tard, alors qu’on avait déjà bien avancé dans le scénario qu’on a appris que l’auteur était Mauro Covacich, un romancier célèbre."
C’est le thème du livre qui a plu à Valeria Golino, sans pour autant vouloir mettre son film au cœur d’une polémique où elle prendrait parti pour le suicide assisté : "J’ai (…) voulu faire ce film car le roman avait une dimension très cinématographique. Malgré la gravité du sujet, le livre avait un grand potentiel visuel. Le personnage principal, Miele, a une profonde vitalité, d’autant plus accentuée qu’elle est en contact permanent avec la douleur et la mort. Ce contraste m’a séduite. Le sujet de l’euthanasie est certainement très courant. Mais le film parle autant du développement d’une jeune femme que des interrogations morales sur l’euthanasie (…) Cela étant dit, je ne souhaite pas faire de ce film un manifeste. D’ailleurs, il ne donne aucune réponse, il ne se contente que de poser des questions. J’aime à penser que le film traite des changements de conviction, des préjugés et des peurs que nous avons tous."
Le changement de carrière de Valeria Golino, passant d’actrice de Rain Man ou Hot Shots ! à réalisatrice, germait dans son esprit depuis plusieurs années. C’est lors de son passage derrière la caméra, pour son court-métrage de 2010, qu’elle s'est vraiment épanouie : "J’adore le cinéma et la photographie, et après avoir fait autant de films en tant qu’actrice, j’ai appris énormément de choses sans même m’en rendre compte. Je n’avais jamais consciemment pensé à devenir réalisatrice avant que l’on me demande de réaliser un court-métrage il y a trois ans (Armandino e il madre). Pendant le tournage j’ai eu une révélation personnelle : certainement une vocation dont je n’avais même pas conscience avant…". La cinéaste ne renonce tout de même pas à sa carrière face-caméra, puisqu'elle apparaîtra notamment dans une production italienne à la fin de l’année avec Il capitale umano de Paolo Virzi.
Alors qu’il s’agit de la deuxième fois que Valeria Golino fait appel à Iaia Forte, après son premier court-métrage Armandino e il madre, le choix des autres acteurs a suivi très rapidement : "J’ai fait passer beaucoup d’auditions, mais en réalité, depuis le début, les deux acteurs Jasmine Trinca et Carlo Cecchi qui jouent les rôles principaux n’ont jamais quitté mon esprit ni celui de mes co-auteurs", explique la réalisatrice.
Le tournage du film a été effectué dans la région de la Basse-Californie au Mexique, en Turquie, mais surtout en Italie, où la réalisatrice recherchait une ville balnéaire pour le personnage principal : "J’ai tout de suite été séduite par une petite maison sur la plage, qui lui correspondait parfaitement. Elle n’était pas particulièrement belle, elle était même assez laide, mais j’ai vraiment plaidé en sa faveur auprès du régisseur d’extérieur, sans savoir vraiment pourquoi. J’ai découvert plus tard que l’auteur du livre, Mauro Covacich, avait écrit cette histoire alors qu’il vivait dans cette même maison !"