"Histoire de Judas", dit le titre. En fait, le film de Rabah Ameur-Zaïmeche s’attache plutôt à décrire la relation entre Jésus et Judas, son très fidèle disciple. Si le titre du film insiste sur le nom de Judas, c’est probablement pour mettre l’accent sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un énième acte d’accusation envers un disciple qui aurait trahi le Messie mais, tout au contraire, d’un acte de réhabilitation d’un personnage devenu l’archétype du traître et qui, à ce titre et depuis des siècles, a apporté de l’eau au moulin de tous les antisémitismes. Dans sa jeunesse à Montfermeil, Rabah Amer-Zaïmeche s’intéressait en priorité à deux figures historiques, Jésus et Louis Mandrin. Après avoir réalisé trois films sur des sujets très contemporains, il s’était tourné vers le 18ème siècle et Mandrin dans son 4ème. C’est un nouveau bon dans le temps qu’il fait avec "Histoire de Judas", un film qui lui permet d’aborder l’histoire de Jésus ainsi que celle de Judas, un personnage qui, dit-il, « mérite d’être réinventé, ré-imaginé ». ""Histoire de Judas" se présente sous la forme d’un péplum, ou, plus exactement, d’un péplum « light », réalisé avec peu de moyens, sans effets spéciaux, sans véritable musique d’accompagnement, un film biblique mélangeant allégrement ancien et nouveau testament, un film de liberté montrant Jésus dans la parole et Judas dans l’action. Ce théâtre en plein air, Rabah Ameur-Zaïmeche est allé le tourner en Algérie, dans la wilaya de Biskra, le berceau de sa famille, entre le désert et les Aurès. De ce film, austère et beau et dont l’action se déroule il y a 20 siècles, on retiendra deux plaidoyers très contemporains : le premier concerne tous les animaux et pas seulement les hommes et les femmes,« aucun être vivant ne mérite d’être mis en cage, pas même les poules », l’autre le danger que représente une lecture au premier degré de textes religieux écrits il y a de nombreux siècles, dans un contexte totalement différent.