"LA FIN DES TEMPS : LE DERNIER NANAR DU CINEMA DU 20EME SIECLE.
Vous vous souvenez de ce fameux mixture dégueulasse que Jéricho avait préparé pour son petit déjeuner avant de mettre ses bottes pour le boulot ? Et bien ! C'est à ça que va ressembler "La Fin Des Temps".
Il y'a une morale (anti-chrétienne ?) assez roublarde/lourdaud qui prend véritablement son sens vers la fin du film (qui d'ailleurs on ne sait pour quelle raison ou peut-être que cette raison elle-même est in-consciente), et qui donne ceci : "si tu veux te suicider (pour rejoindre ta famille dans l'au delà), fait le dignement en affrontant le diable (là tu auras le salut éternel)".
Pour quelqu'un de ce rang qui commandite un assassinat en tout cas sans grande envergure pour le spectacle, fallait un temps soit peu se la jouer plus classe. Un clodo/prête alcoolique. Non mais sérieux ! Une pire façon, en tout cas, pour éliminer un homme de cette élite. Et le papy sensé effectuer l'opération n'est même pas fichue capable de se camoufler convenablement : dans tout l'immeuble, il a fallu qu'il soit à l'endroit le plus exposé que possible pour (prendre la fuite ?) se "cacher" de ces gardes rapprochés devenus en un rien de temps ses assaillants : une scène admirablement drôle, si l'on sait tellement, que le film essaye maladroitement de se livrer dans du spectaculaire gratuit, afin de surenchérir son personnage principal campé par un Arnold Schwarzenegger en proie au ridicule.
Son scénario inutilement alambiqué, aura tendance à jouer dangereusement sur des ellipses, et d'ailleurs on ne sait même pas si on devrait prendre cela pour des ELLIPSES ! rendant bêtement les choses plus compliqué qu'elles n'y paraissent : une manière de gourer/saborder l'intuition puis l'intérêt du spectateur et de le perdre au final.
Parce que même si c'est pas le cas (et dieu sait que c'est ici le cas), c'est pourtant bien ce que les prémisses de l'histoire nous laissaient comprendre.
On croirait au premier abord qu'il y ait une relation entre le "prêtre alcoolo" (en tout cas avant qu'il soit identifié comme tel) et l'homme baisé; et que ce dernier aurait commandité un crime contre le personnage (dont le diable a pris possession de son corps, et qui sera plus tard le protagoniste principal du film) qui se fera appeler durant tout le reste de ce film nanardesque : Satan ! Et pourquoi ? ... Sans doute, parce que l'homme baisé en question lui aurait voulu pour je ne sais quel(le) raison/dommage, et d'ailleurs personne ne sait pourquoi il lui aura voulu à ce point, au point de lui chercher des noises ? Mais hélas il n'en est rien. Le scénario ne va pas céder à cette caprice (trop facile ! ils se sont sans doute dit entre eux), et préférera changer la donne à notre insu, pour prendre une toute autre tournure encore plus capricieuse comme jamais !
- Primo : Le prêtre alcoolique/sniper et l'homme en question n'ont en fait aucun lien ! Même si c'est ce que laissait sous-entendre ce scénario bordélique. À moins que l'on soit assez crédule pour adhérer à ce gribouillage artistique de premier ordre.
- Secundo : bizarrement ! le prêtre (s'appelle Thomas d'Aquin. C'est pas un peu choquant non ! Qu'une telle pauvreté imaginative existe encore ?) s'est en réalité coupé la langue avant sa rencontre l'opposant à Schawarzy. Pardon je voulais dire à Jéricho, qui de plus, est manifestement toujours ''endeuillé'' par la perte de sa femme et de sa gosse, que le scénario nous épargnera d'entrer dans les profondeurs de cette tragédie au cœur de son personnage principal en prise à des démons du passé.
Le scénario cherchera en cela à convaincre son spectateur de ce vécu tragique - vu les conditions "précaires" auxquelles son protagoniste est exposé - lui qui était sur le point de passer l'arme à gauche avant d'être repêcher par l'irruption d'un collègue de travail... Sans quoi il n'y aurait pas de film. Se défendant devant son ancienne collègue de la police qui va jusqu'à remettre en cause son idée d'avoir parlé au prêtre en question (qui pourtant n'avais manifestement pas de langue)... Allant jusqu'à le soupçonner de trop forcer sur la bouteille au vu de cette perte déplorable (Non mais quel toupet ! )... Et retenez vous bien : Le prêtre alcoolique en question avait en réalité en sa possession des visions de l'avenir.
Une façon pour le scénariste de dire : il crève (le pion) en laissant derrière lui des indices menant les deux héros (Jéricho et Chicago) à la tanière du fameux prête, où il découvriront (bingo !) D'autres indices faisant mention d'une fin apocalyptique puis les relier (re-bingo !) sur les traces d'une certaine Christine (en proie à des... cauchemars ? Visions de plus en plus récurrentes qui viennent troubler son quotidien. Sans oublier son thérapeute ?/Le père ? Kovak (dont le jargon psychologique (un peu neuneu) semble tout droit sorti des contes pour blaireau : le s** n'a pas du tout l'air de s'en soucier pour autant))... Et le scénario ne va jamais prendre la peine d'expliquer pourquoi un prêtre alcoolique voudrait s'en prendre à un gars du Wall Street, au vu de ces approches scénaristiques fumeuses déroutantes (parce que c'est trop demander pour eux de faire un thriller tout bonnement comestible, qui prend le temps de bien exploité ses idées, vu que tous les ingrédients étaient réunis pour faire de "La Fin Des Temps" une réussite juste salutaire), qu'il préfèrera nous laisser songer à une banale idée... une idée somme toute bête ! qu'il va par la suite s'en charger "d'expliciter" au fur et à mesure qu'il avance).
S'appuyant sur des éléments dispersés ça et là qui font souvent échos à un grand brouillard laissé derrière son personnage. Tellement sa subtilité dans la nuance ne transparaît jamais sur l'écran. Son protagoniste a comme l'impression de ne pas trop s'en faire pour autant, même si à plusieurs reprises le scénario fait exagérément mention de son penchant pour l'alcool qui, pourtant, ne se fait même pas sentir.
La vérité est que le scénario s'attèle à dépeindre des personnages dépossédés/désincarnés de leur essence propre, pour ne tirer parti que sur des éléments disparates auxquels ils sont accolés. Ce qui trahit, par conséquent, leurs identités respectives.
Et c'est lorsque les choses commencent véritablement à devenir intéressantes que de son protagoniste se met à faire des intrusions fumeuses/maladroites qui vous sortent littéralement de tout le reste (avec des répliques, genre : "nous n'aurions pas dû venir nous réfugier ici" (l'église); ou par exemple : "si Satan existe, pourquoi votre dieu ne fait rien"... Parlant comme si l'idée de la foi lui était complètement étrangère).
Et à supposer que l'église croit (et dieu sait qu'elle y croit) aux visions du prêtre alcoolique-ment nommé Thomas d'Aquin, parce que c'est ce que le scénario -d'après les dires du prêtre (Udo Kier) à Jéricho- laisse sous-entendre. Dans ce cas pourquoi elle (L'église) ne fait aucun effort pour retrouver Christine (si l'on sait que Christine est indirectement liée à la survie/l'extinction de l'humanité), alors qu'elle (L'église) se dit pourtant être aux services de Dieu ? Est-ce de la malhonnêteté artistique (des signaux lancés envers et contre l'église) où tout simplement de l'ignorance ? Parce qu'apparemment toutes les portes semblent se refermer sur notre ami Jéricho qui, d'après la tournure des évènements, semble céder à ses anciennes pulsions d'enquêteur afin de résoudre le mystère qui se cache derrière les intentions d'un prêtre alcoolique qu'il vient "d'assassiner" (drôle d'histoire). Et la nonchalance de certains personnages "sensés", ne serait-ce un temps soit peu faire le "nécessaire", semble aboutir à une léthargie générale dans la sphère de la croyance (exception faite de ces chevaliers retranchés du Vatican plus ''déterminés'' comme jamais dans leur mission d'éliminer Christine).
Envoyant des signaux au spectateur quant à l'avenir du personnage principal qui, certainement, endossera encore une fois et contre toute attente : le rôle du "commando sauveur" de la femme en détresse, et qui d'ailleurs aux répliques assez foireuses, genre : "entre votre foi et mon glock 9mm, je préfère mon glock" ou "je peux combattre ce type avec une arme bien réelle"...
Ne sachant pas comment occuper le diable dans sa promenade journalière, le scénario "ressuscite" le prêtre alcoolique-ment nommé Thomas d'Aquin (parce qu'aucun élément du scénario ne faisait jusqu'ici mention qu'il s'en est tiré de façon in-extremis ! - de cette balle de révolvers en plein... On ne sais même pas) cette fois en face à face contre le diable (à la main facile, et d'ailleurs -au passage- facilement mis en rogne par l'imperfectibilité humaine) qui lui enlèvera finalement le souffle, puis crucifier tout en haut du plafond de sa chambre d'hôpital. Et s'il y'a une chose que je n'arriverai jamais à pardonner aux responsables de ce spectacle clownesque, c'est lorsque le médecin précipité sur les lieux du crime du prêtre en question se mettait à traduire les gravures en latin laissées sur le corps de ce dernier : une stratégie économiquement favorable pour le scénariste, afin de balancer encore une fois les deux blaireaux sur une autre piste hasardeuse et d'allonger la peine pour le public. Parce que si l'on voit les nombreuses détours inconcevables auxquelles le scénariste s'est expressément permis de faire avant de passer vers le nécessaire : retrouver les traces de Christine, nous nous accordons légitimement le droit de penser que le film aurait moins souffert en longueur (vu les nombreux raccourcis qu'il pouvait facilement emprunter). Et c'est Chicago, retenez vous bien, qui se permet de taquiner son collègue Schawarzy (pardon Jéricho) d'être parfois presque compétent. C'est agaçant !
Et re-retenez vous : c'est là que le film commence à être un tantinet intéressant.
Les scènes d'action (pfff) sont quasi inintéressantes, si l'on sait qu'elles n'ont rien de neuf à proposer sur le plateau, plutôt que de provoquer du bruit et de la casse, pour ensuite s'effondrer dans une ambiance policière où le scénario continue sur sa lancée, avec des enchaînements de révélations foireuses (surprenantes !) : Le père de Christine qui épouse l'infirmière (aux intentions mesquines) de l'hôpital du coin après le décès de sa femme, qui plus est la même Dame qui a assisté les médecins à la naissance de Christine...
Et les dialogues semblent tellement se pencher sur les anecdotes, qu'on a quelquefois l'impression que "La Fin Des Temps" est un film qui raconte un autre film. Ils sont d'une platitude assommante (effrayante au passage) si l'on sait que le scénario n'a rien à raconter sur les personnages, réduits à de simples archétypes, n'arriveront jamais à transporter loin ! l'imagination du spectateur dans ce grand tourment collectif produit par Hollywood !
Tel un dialogue de sourds, le scénario préférera adopter dans la plupart des contextes une attitude belliqueuse plutôt que la finesse. Comme si Peter Hyams, nous semble-t-il, aurait opter pour une mise en abîme involontaire de son propre œuvre. Parfois, quelques répliques se verront comme une tentative secrète "d'autoflagellation".
Comme si son scénario dans son évolution général, aurait réprimé ses instincts les plus sensés, qu'il échange involontairement contre tout ce qui est par nature contre-productif. Et au final, il finira toujours par déconstruire tout ce qu'il était sur le point de construire. Bref ! il passe sans cesse du coq à l'âne.
La scène de rencontre opposant Jéricho au diable joue sur des longueurs atrocement lourdes à digérer. Elle n'arrivera jamais à rehausser l'intensité des enjeux à un niveau souhaitable - elle va toujours là où l'attend le moins. Et s'accorde sur une finalité trop balisée... au possible trop convenue. Créant expressément une faille pour déjouer les attentes du spectateur qui devine à l'avance vers où tout cela va aboutir.
Et sa manière un peu désuète à tirer sur La foi qu'il remet sans cesse en cause, a de quoi nous faire sortir de tout le reste : le film semble secrètement promouvoir la possibilité d'une philosophie de vie nouvelle, pour un nouvel empire, voire un nouvel ordre mondial qui bannit dans ses aspirations l'idée ou la croyance en un dieu devenu obsolète !
Minimisant expressément dans son sillage certains enjeux en parallèle mis en suspens, parce que les protagonistes ne donnent jamais l'impression de s'inquiéter pour autant de ces fameux chevaliers retranchés du Vatican - une autre menace planante (au dessus de Christine) auquel ils ne pouvaient malheureusement pas négliger. Le spectateur se verra assaillie par cette imprudence scénaristique évidente :
- Primo : Jéricho "savait" pertinemment que ces fanatiques de la foi retranchés du Vatican ne devraient pas être prises à la légère. Couplé à cela le fait évident (cette fois pour le spectateur) que ces chevaliers retranchés ont toujours en substance le "monopole de la raison", même si leurs relations avec L'église semblent se fourvoyer des principes classiques (malgré les cachotteries perpétuelles insensées du Vatican ?! laissées en arrière plan... Et on se demande bien quel a été l'intérêt pour le scénariste de laisser le spectateur dans le brouillard ? Sachant pertinemment que ce dernier ne comprend absolument rien de cette langue étrangère... Alors qu'on sait d'emblée que c'est toujours le Vatican ?! qui tire les ficelles).
- Secundo : ce sont ces mêmes chevaliers retranchés qui ont perpétré cette tentative d'assassinat de Christine.
Car même si le protagoniste ne sait que peu de cette brigade d'hommes tordus, il aurait facilement deviner (avant de se précipiter) que L'église ne constitue plus un endroit sécuritaire pour la charmante demoiselle, Christine.
Après enlèvement de Christine, le scénario continue d'enchaîner de si belle les facilités scénaristes, couplé à des choix hasardeux toujours aussi décevant, jusqu'à ses dernières volontés. Et qui va les en empêcher ? Personne !
En somme "La Fin Des Temps" aura été un rendez-vous plein de déceptions qui, au lieu de nous émerveiller ne serait ce que convenablement, nous traine dans des marécages sombres.
Son climax dans l'église a été malgré tout (dieu soit loué) plus que charitable en spectaculaire - malheureusement trop courte. Il n'empêche que ce court instant de grâce, seul, ne suffira pas à racheter toutes ces bavures ou devrions nous même dire ce gauchissement scénaristique insoutenable !
PS : fallait garder cette vision de la famille de Jéricho rien que pour lui. C'était pas nécessaire d'y associer Christine (même si ce sont ses "facultés" qui lui permettent une telle vision). Le pauvre, il n'a presque eu un seul moment d'intimité avec lui même durant tout le film. Alors pour le bien de tous, fallait juste garder cette vision intime (pure) rien que pour lui.