Après un Rundskop campé en terre limbourgeoise sur fond de mafia des hormones, The Drop dans une ville du nord des Etats-Unis sur fond de recel maffieux, Roskam nous revient avec ce Fidèle, en Belgique sur fond de braquages et de courses de voitures.
Chaque film semble se fondre dans un style narratif lié aux productions qui sous-tendent la réalisation : Rundskop décrivait des personnages ancré dans leur terroir flamand à la manière des films flamands, The Drop avait l'énergie descriptive d'un excellent film américain et Le fidèle ressemble beaucoup à un film français aux dialogues souvent murmurés.
Heureusement, la caméra qui suit les visages des personnages et décrit en silence leurs émotions fugaces reste celle de Roskam, à la manière d'un peintre.
Chacun de ses trois films est lent à sa façon. La lenteur de la banalité dans Rundskop, celle de la simplicité dans The Drop et celle des sentiments dans ce film-ci. A la française, donc, et c'est ce qui affadit le trait pourtant si vif des deux précédentes oeuvres.
Après une heure d'intensité très inégale, l'histoire se transforme
, quand Sandra débarque avec la police dans l'appartement de Gino où se recueillait Bénédicte,
et prend une toute autre tournure.
La scène du téléphone est d'une beauté réaliste absolue et déclenche une suite ininterrompue d'autres scènes en plus ou moins longs plans séquences toujours aussi lents mais de plus en plus prenants, où les regards des personnages nous font percevoir leurs émotions. A ce niveau, Adèle Exarchopoulos nous livre une prestation magnifique, donnant la réplique à un Matthias Schoenarts qui, comme il en a l'habitude, se dévoile au fil de l'histoire.
Au final, l'histoire de gangster sert de prétexte à une très belle et très triste histoire d'amour fou, au rythme inégal mais avec des scènes d'une poignante finesse émotionnelle, soutenue par un acteur et une actrice réellement doué·es.