Il y a parfois des films dont on ne sait strictement rien, on se retrouve devant, et on prend une claque assez phénoménale dans la face. Alabama Monroe, ce film sorti de nul part, fait parti de cette catégorie. Le genre de film si prenant, que lorsqu’on sort de la séance, on y pense encore et encore en étant pris de cette furieuse envie de revoir le film une seconde fois, dans la foulée. Et vous pouvez nous croire, il ne serait pas exagéré de dire qu’on a ici affaire à l’un des meilleurs films de l’année, en tout cas l’un des plus marquants. Et cette petite merveille, on l’a doit à la Belgique et au réalisateur Felix Van Groeningen. La plus grande force de ce film, c’est avant tout son habilité absolument incroyable à naviguer entre deux genres: le feel-good-movie, qui montre de nombreuses séquences musicales Bluegrass (un style de musique américain, dans le même genre que la musique Country) saisissantes de beauté, ainsi que des moments d’amour et de bonheur parfaits, le tout sur fond de rêve américain, pour ensuite passer, en l’espace de quelques plans, dans le drame percutant et déchirant. Le film prend un malin plaisir à jouer avec nos émotions, et il le fait tellement bien, qu’on adore ça. S’il semble évident que le scénario a été pensé et écrit de façon linéaire, c’est grâce à un montage judicieux, qui en brise la chronologie, que celui-ci prend toute son ampleur. En effet, si durant une bonne partie du film, on passe "simplement" du rire au larme, le film fini par prendre une immense dimension dramatique, carrément folle et presque fantastique sur la fin, lorsque les séquences de "bonheur", jusqu’alors des sortes de "temps morts" entre les moments plus graves, deviennent déchirantes puisque l’on connait déjà la tournure qu’elle vont prendre par la suite. Et le film se termine en apothéose, par un mélange parfait des deux tons du film, sur une séquence criante de bonheur, et de tristesse. En plus de ça, on retrouve un casting absolument formidable, notamment le duo principal Veerle Baetens et Johan Heldenbergh, dont l’alchimie à l’écran est merveilleuse, sincère et crédible. Et le petit plus, c’est la toute jeune Nell Cattrysse, qui livre une prestation plus qu’étonnante, qui vous demandera un effort personnel pour ne pas fondre en larmes. Et cette petite famille est d’ailleurs mise en avant grâce à un parti pris utilisé avec beaucoup de maîtrise, créant ainsi un côté intimiste des plus plaisants, en les faisant constamment apparaître à l’écran, même lorsque d’autres personnages parlent, quitte à les laisser parler en hors-champ. Et comme dit précédemment, le film est porté par une bande-son formidable, interprétée par les acteurs eux-mêmes, qui fait partie intégrante de l’oeuvre. En conclusion: Alabama Monroe est la révélation et la surprise cinématographique de cet été. Un tour de force dramatique des plus marquants, et qui fait preuve d’une maîtrise qui force le respect et l’admiration. Passant habilement entre bonne humeur, et scènes graves, le film ne laissera jamais indifférent. Porté par des acteurs touchants et très justes dans leurs interprétations, qui interprètent d’ailleurs une grande partie de la bande-son qui rythme le film, il est indéniable qu’Alabama Monroe est le film à absolument voir au cinéma dès qu’il sortira. Un gros coup de coeur, qui n’a pas fini de faire parler de lui, et qui, on l’espère, sera justement récompensé lors des cérémonies à venir.