Tellement encensé par la critique comme par le public, Alabama Monroe crée énormément d'attente chez le spectateur. Présenté un peu partout comme le bijou de l'été, ce film relate l'histoire d'un couple passionné dont la vie est rythmée par la musique. Ils ont un enfant, Maybelle. Sauf que, et fort heureusement, tout ne se passe pas si bien qu'il n'y paraît dans le synopsis. Leur fille est dévorée par un cancer. Sa lente descente aux enfers sera surtout la leur. Leur couple tremble, les langues se délient, l'autre semble tout à coup détestable. Van Groeningen réussit la prouesse de faire vivre ce film, dont même ses moments les plus durs et les plus âpres, à travers la musique folk. Même moi, pourtant pas friand de ce genre musical, suis tombé sous le charme des cette BO. On ne peut que vibrer en voyant les regards d'Elise et de Didier se croiser, leur prunelles s'entrechoquer et danser , éperdus d'amour, sur ces mélodies colorées de l'Amérique traditionnelle. On ne peut que s'émouvoir en assistant au déchirement de cette famille, à tous les niveaux. Outre la BO, le film surprend par sa réalisation juste. Le choix d'aller chercher une trame narrative à rebours de la logique chronologique est très judicieux: on assiste aux bonheurs abondants du couple sans jamais que cela ne tombe dans le gnangnan, leur noir destin surplombant constamment notre regard de spectateur. En revanche, cette acrobatie cinématographique n'aura pas suffi à m'ôter de l'esprit l'impression que le scénario est assez inélégamment cousu de façon à arracher la larme au spectateur. La petite fille agonisant sous les assauts du cancer, le couple tout nouveau tout beau qui tombe soudainement dans des disputes assassines, à la limite de la rupture justement en raison de la maladie de la fille...ce n'est pas ce qu'il y a de plus original et de plus recherché, soyons clairs.
Cela dit, encore une fois, la BO et la réalisation, et surtout la combinaison des deux, relève du génie. Dernière chose, et non des moindres, le casting est renversant. Johan Heldenberg, dans le rôle de Didier, a délivré une performance qui fait pour moi partie des plus mémorables de cette année. Veerle Baetens, malgré un charisme moins criant que le premier cité, reste largement au-dessus de la moyenne. Remarquable.
En somme, un film qui, hormis ce condensé factice de fils scénaristiques cherchant à tout prix la compassion du spectateur, confirme son statut de bonne surprise de l'été. Mieux, il est à classer dans les grands films de l'année de 2013, sans aucun doute.