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    Les Chevaliers blancs
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    benoitG80
    benoitG80

    3 410 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 janvier 2016
    "Les Chevaliers Blancs", après un départ hésitant, a la capacité de bien présenter mais en partie son sujet, c'est à dire l'action réelle de "L'Arche de Zoé" et son retentissement à propos de ces enfants achetés en 2007 au Tchad, alors en plein conflit...
    En effet, le film sait poser ses billes, distiller le malaise et l'ambiguïté de la mission dont cette ONG s'est emparée !
    Car Joachim Lafosse se poste en observateur et laisse cette communauté s'installer et prendre ces marques quant à leurs idées et leurs décisions...
    Vincent Lindon tout en étant convaincant en chef du groupe (mais pas toujours audible !), n'a peut-être pas tout à fait le charisme qu'avait le véritable organisateur de l'époque, gourou manipulateur, muré et aveugle dans ses intentions bien légitimes à ses yeux.
    Les autres acteurs assument pleinement leur rôle et un tas de petits riens nous permettent de ressentir toutes les incohérences et mensonges de ce "projet humanitaire", pour le moins très discutable et même effrayant au niveau de l'éthique !
    D'ailleurs la scission du groupe avec toute la remise en question est très intéressante, ainsi que la suite révélatrice d'autres problèmes bien mis en avant...
    À mon avis, le film de Joachim Lafosse saute juste une étape primordiale et essentielle qui aurait permis une franche réussite, celle du travail en amont, des préparatifs et des autorisations données par les instances gouvernementales, et pourquoi pas la vision de quelques familles d'accueil avec ce qu'il leur avait été expliqué à l'origine.
    Ce qui n'a pas pu être réalisé sans doute par le souvenir douloureux et l'implication de l'état à l'époque, dont cette histoire prend garde de ne pas se revendiquer en tant que faits vécus !
    Mais une simple suggestion en voix off, de rapides images, auraient permis de bien saisir la globalité et de permettre une compréhension de cette affaire et une fluidité totale quant aux premiers enjeux véritables !
    On arrive donc déjà un peu tard dans le film, même si ce dernier ne démérite pas, en amenant brique par brique tous les éléments de cet édifice qui se fragilise de lui-même.
    Au bout du compte et malgré tout, on est complètement pris par le déroulement et cette imbrication des événements jusqu'à la fin que l'on connaît tous à fortiori, qui en fait un film un peu trop sage et incomplet mais assurément utile, en permettant et en invitant à une réflexion bienvenue.
    À voir !
    Olivier Barlet
    Olivier Barlet

    293 abonnés 394 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 février 2016
    (...) Jacques (Vincent Lindon) est un avocat du droit d'ingérence. Les autorités locales sont toujours mises de côté : c'est Jacques qui fait la loi, pour faire le bien des gens malgré eux, accompagné par son groupe qui chante en cœur le "Ce n'est rien" de Julien Clerc dans la chaleur du soir.
    Eh bien non, ce n'est par rien de croire qu'on peut disposer des gens et des enfants comme on l'entend, ce n'est pas rien d'arrêter de penser pour que tout se déroule comme ce fut prévu au fond de son Landernau de départ. Pour ceux qui en douteraient encore, ce film est un bon antidote.
    Aston L
    Aston L

    32 abonnés 90 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 janvier 2016
    A la fois émouvant, fascinant et subtil je suis sorti bouleversée. Vincent Lindon est d'une justesse et d'une sincérité extraordinaire.
    Le film parle très intelligemment de l'affaire de l'Arche de Zoé et jusqu'au bout on ne sait pas de quel côté se placer. Un immense film !!!
    ninilechat
    ninilechat

    71 abonnés 564 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 25 janvier 2016
    Voilà un film utile, intriguant, passionnant, parce qu'au delà de l'affaire de l'Arche de Zoé dont le jeune réalisateur belge Joachim Lafosse s'est, nous dit on "librement inspiré", il nous donne à réfléchir sur le bizeness de l'humanitaire.... et les motivations de ceux qui le pratiquent;

    Je ne sais pas si l'adaptation est si libre que ça, mais moi j'ai vraiment retrouvé tout ce que les media nous avaient rapporté à l'époque sur cette triste histoire: le responsable de l'ONG qui se baptise, en anglais "se bouger pour les enfants", appelé ici Jacques Arnault, débarque au Tchad en pleine zone de guerre pour recueillir des enfants, accompagné de sa petite amie (Louise Bourgoin) et d'une poignée d'humanitaires, essentiellement médecins et infirmières.; il y a aussi Françoise, journaliste chargée d'un reportage sur l'ONG (Valérie Donzelli qui devrait se contenter dans la vie d'être une excellente actrice plutôt que de vouloir aussi réaliser...). Officiellement, ils doivent rassembler trois cent marmots de moins de cinq ans pour leur donner une éducation dans un orphelinat monté sur la base internationale. En fait, ils sont venus avec les fonds de trois cent familles qui veulent un enfant adoptif (après l'étape "famille d'accueil"), et dès que la petite troupe sera rassemblée, hop! ni vu ni connu, tout le monde se casse. Très moche, non?

    Les chefs de villages ne comprennent pas. Pourquoi moins de cinq ans? On peut tout aussi bien rentrer à l'école à sept ou huit ans! Et puis des orphelins, il n'y en a pas. Mais les familles se pressent pour que l'on accueille leur enfant, bien sûr.

    Les chefs de villages comprennent. Surtout après un bon bakchich. Ils fourniront leur quota de vrais faux orphelins.... Mais naturellement, ils ne se doutent pas qu'on va les embarquer en France! Voilà la belle histoire de l'Arche de Zoé, comme vous pouvez la retrouver en détail sur Internet. J'imagine que la créativité du réalisateur s'est surtout appliquée aux détails de l'opération, avec sa logistique.... boiteuse et aux relations entre les différents membres du groupe; certains commencent à trouver que cette histoire d'enlèvement d'enfants pue.... alors que d'autres considèrent que c'est, de toutes façons, pour le bien des enfants? Ce n'est pas un débat négligeable: quel peut être le destin de ces petits, en zone de guerre, sans scolarité: peut être, être tué, peut être, être transformé en enfant soldat ou pour les filles, en esclave sexuelle? Mais n'est ce pas avoir une vision odieusement colonialiste que de considérer que le marmot sera "mieux" entre papa et maman blanc dans un coquet pavillon de banlieue qu'au sein de sa vraie famille, même dans des conditions matérielles difficiles? Il y a la un débat légitime que le film évoque avec finesse, sans didactisme pesant et en le laissant, en fait, ouvert.

    Il faut rendre un hommage particulier à Vincent Lindon, fantastique. Lui qui sait si bien rendre aimables, habituellement, les personnages qu'il habite nous rend Jacques Arnault antipathique dès la première image. Intolérant, mégalomane, imbu de lui même et de sa mission, ne tolérant pas la discussion (il s'oppose en particulièrement violemment à Xavier, l'excellent Reda Kateb qui sur place s'occupe des locations de transports) toujours prêt à faire..... n'importe quoi mettant éventuellement en danger la vie des autres, c'est un petit tyranneau. Et en même temps, il reste opaque. Quelle est sa part de sincérité? On aura du mal à le savoir.

    Les humanitaires sont ils des saints? Ou sont ils aussi quelquefois des individus qui assouvissent une certaine volonté de puissance? qui trouvent le moyen de se constituer un petit royaume qui n'aura pas grand compte à rendre à la société puisque faire de l'humanitaire est devenu une valeur sacrée dans notre société de bien-pensance? Voilà le genre de questions qui remuent à la sortie du film.

    Ajoutons qu'on peut le voir aussi comme un film d'aventures dans des paysages impressionnants. A voir, bien sûr.
    Corbett
    Corbett

    31 abonnés 109 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 janvier 2016
    J'ai adoré ce film. Lafosse comme d’habitude arrive à nous mettre dans la peau de personnages qui commettent le pire. Comme il le dit si bien, l'enfer est pavé de bonnes intentions. J'avais été fasciné par l'affaire de l'arche de Zoé à l'époque et il en fait une fiction des plus passionnantes. Et Lindon magistral comme à son habitude. Je l'avais adoré dans Welcome, Pater et La Loi du marché et là il dépasse toute nos attentes tant il incarne cet humanitaire à la perfection.
    A voir absolument.
    cylon86
    cylon86

    2 509 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 2 février 2016
    Quand Jacques Arnault et son ONG débarquent en Afrique, ils ont pour mission de trouver 300 orphelins de moins de 5 ans pour les ramener en France auprès de parents qui attendent de les adopter. Mentant à la population locale qui ignore le vrai but de sa présence, Jacques va devoir faire face à de nombreux soucis : une organisation maladroite, des chefs de village menteurs et surtout des parents prêts à laisser leur enfant auprès d'eux pour une vie meilleure. Ces chevaliers blancs que filme Joachim Lafosse avec un souci de réalisme sont loin d'avoir l'armure reluisante. Les mensonges, la tromperie, les soucis d'éthique, le film nous plonge dans le trouble de cet ONG où il ne faut pas y regarder à deux fois si l'on veut adopter. Inspiré de l'affaire de l'Arche de Zoé, le film montre bien tous les problèmes d'une situation inextricable dans laquelle la vérité ne peut être complètement avouée. Dans ces eaux troubles, Vincent Lindon est formidable en leader engagé mais un brin salaud, confronté avec ses collègues à un dilemme moral de taille. Sans trop juger ses personnages, le réalisateur démontre bien la réalité du terrain et offre un film complexe, efficacement mis en scène.
    titicaca120
    titicaca120

    384 abonnés 2 179 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 janvier 2016
    un film en plein désert tchadien où la vie ne doit pas être facile tous les jours.
    de belles interprétations malgré quelques longueurs.
    et une fin sans explication ça c'est vraiment dommage il a fallu
    que je consulte pour savoir l'après arrestation.
    Chris58640
    Chris58640

    210 abonnés 757 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 janvier 2016
    « Les chevaliers blancs » est un film très fort qui vous laisse une impression puissante après la séance et qui ne peut laisser personne indifférent. Dans la forme, il n’y a pas grand-chose à redire : le casting est soigné avec un Vincent Lindon toujours aussi impliqué, toujours aussi sobre, toujours aussi juste. Son personnage n’est pas foncièrement sympathique, il agit mal (on y reviendra) mais pourtant Lindon ne peut pas faire autrement, par son jeu, que de le rendre touchant et humain. A ses côtés Louise Bourgoin et Valérie Donzelli sont très biens aussi. Le rôle de Laura, incarné par Louise Bourgoin, est plus monolithique de celui de Donzelli, donc moins intéressant. Laura s’embarrasse encore moins que les autres de scrupules, elle est la plus jusqu’au-boutiste de l’équipe. La journaliste, Françoise (Valérie Donzelli), se présente comme observatrice et extérieure à l’entreprise mais elle se laisse gagner, petit à petit, par une aventure qu’elle sait pourtant malhonnête. Son objectivité de journaliste semble mise à mal, au fur et à mesure que le film avance. Et puis il y a Radeb Keta, un acteur que j’apprécie vraiment beaucoup et qui joue parfaitement bien lui aussi un rôle trouble, un intermédiaire rémunéré dont on ne saura jamais ce qu’il cautionne ou pas et quelles motivations exactes l’animent. Les seconds rôles ne sont pas en reste, que ce soit les rôles africains ou européens (mention spéciale à Bintou Rimtobaye, interprète discrète mais omniprésente qui finalement aura un rôle clef dans l’intrigue). La réalisation de Lafosse, profitant des magnifiques paysages africains, est très soignée, la musique est bien calée, les vues aériennes réussies. J’ai crains le pire au début quand même : les scènes étaient tournées « caméra à l’épaule » et étaient franchement chaotiques. Je sais que c’est volontaire, c’est pour donner de la véracité à l’image, c’est moderne, mais pour le spectateur, quand ça dure et ça se multiplie, ça devient vite pénible. Heureusement, les scènes de ce type ne sont au final pas si fréquentes dans le film, et c’est tant mieux. Le film est rythmé, même s’il n’y a pas vraiment de scènes d’actions, on ne s’ennui pas et il ne baisse pas d’intensité, à aucun moment, c’est même le contraire. C’est que le scénario, quant lui, est clair et il met en scène une sorte de spirale infernale dans laquelle l’équipe de « Move for Kids », ne peut que se laisser entrainer vu que c’est elle qui l’a généré ! Je ne savais pas grand-chose de l’affaire de l’Arche de Zoé, pour tout dire. Même si le film s’en inspire plus ou moins librement, il montre une entreprise parée de toutes les bonnes intentions possibles dans le fond mais foncièrement malhonnête dans la forme, et pensée dés le départ comme telle ! Je crois que c’est ça le plus fort dans « Les Chevaliers Blancs », c’est le mélange détonnant d’un amateurisme total avec un cynisme carrément décomplexé. L’équipe de Jacques Arnaud à mis en place sciemment un plan pour exfiltrer de force 300 enfants et mettre la diplomatie française devant le fait accompli. Mais je dirais ce que n’est pas ça le pire ! Le pire, c’est que pour se faire, ils vont dans les villages, donnent des enveloppes de billets aux chefs de village pour qu’ils leur remettent des orphelins (de moins de 5 ans exclusivement, ce qui est déjà suspect) sans jamais leur dire qu’ils vont quitter l’Afrique, et même en leur disant le contraire : qu’ils vont les soigner dans un orphelinat, les éduquer sur place jusqu’à 18 ans. En réalité, ils ont tout planifié pour se casser en douce avec les gosses, comme des voleurs, ce qu’ils sont, en réalité. Les chefs de village encaissent l’argent et leur donnent ce qu’ils attendent, des enfants qui ne sont pas tous orphelins, loin s’en faut (ils entendent « orphelins » mais surtout « instruction » et « sécurité »). Le dialogue de sourd est inévitable, tout le monde ment ! Il y a, dans cette attitude parfaitement inexcusable (de mon point de vue), un arrière gout de condescendance, de mépris, de néo colonialisme qui ne veut pas dire son nom. L’enfer est pavé de bonnes intentions, paraît-il, et bien « Les Chevaliers Blancs » illustre parfaitement ce proverbe. Là où le scenario fonctionne, c’est qu’il n’est pas si manichéen qu’on pourrait le craindre : le sort de ces enfants ne peut pas laisser indifférent, et la scène finale serre forcément le cœur du spectateur. Mais toutes les bonnes intentions du monde ne peuvent pas justifier les manœuvres de l’association qui se retrouvent coincée entre des enfants en péril et des parents adoptifs exigeants et impatients. Ils se sentent acculés par la situation mais c’est leur amateurisme qui les a mis dans cette position et on a du mal, vraiment du mal, à leur trouver des excuses. Si on ajoute à ça une pointe d’arrogance à se parer de la notion d’ONG, et à se moquer de ceux qui « font des chèques pour se donner bonne conscience », on finit par se demander au final si cette entreprise n’a pas aussi été montée pour flatter un peu leur ego. Difficile de trouver un défaut aux « Chevaliers Blancs », c’est un film un peu âpre sans doute, pas très spectaculaire, éventuellement on peut le trouver un peu austère et difficile d’accès. On peut aussi regretter que certains rôles ne soient pas mieux dessinés et plus fouillés, notamment celui de Radeb Keta. Mais sans ergoter davantage, « Les Chevaliers Blancs » est un très bon film, très réussi et maitrisé, parfaitement interprété avec un scénario solide et clair. Franchement, je ne vois pas ce qu’on pourrait demander de plus au premier très bon film de 2016 !
    annereporter94
    annereporter94

    49 abonnés 1 006 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 janvier 2016
    Jamais simple de bâtir une histoire fictionnelle d'après une histoire vraie... Le réalisateur, ici, s'y prend de façon très académique mais en donnant à ses personnages une intensité incroyable, à l'image d'un Vincent Lindon plus vrai que nature...
    Tony L'Ambassadeur
    Tony L'Ambassadeur

    35 abonnés 566 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 novembre 2015
    Joachim Lafosse nous replonge dans les zones sombres de l'Arche de Zoé avec un casting efficace, tout à fait crédible avec en tête de file Monsieur Lindon. Le titre Les Chevaliers Blancs, très évocateur et aux multiples interprétations, résume parfaitement ce long métrage. On s'interroge, on se questionne tout au long du film et on se rend compte finalement que les Chevaliers Blancs ne le resteront pas longtemps. À la sortie, on se pose inévitablement tout un tas de questions, notamment sur le profil de ces chevaliers, leurs histoires personnelles et leurs motivations. Les choses ne paraissent au final pas si simple à juger. INTÉRESSANT.
    traversay1
    traversay1

    3 568 abonnés 4 860 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 janvier 2016
    "Sonder les limites et les complexités de l'intervention humanitaire en Afrique." Vaste programme que Les chevaliers blancs explore à partir de la célèbre affaire de l'Arche de Zoé, en prenant quelques libertés et sans citer l'association mais en restant assez proche des événements tels qu'ils ont lieu au Tchad en 2007. On sait que Joachim Lafosse aime à se nourrir de "faits divers" (voir A perdre la raison) et à chercher la frontière entre le bien et le mal, mais il le fait en général dans des films plutôt intimistes. Ici, le cinéaste belge essaie aussi de passer par le film d'aventures et c'est nettement moins un domaine qu'il maîtrise. Le film est plus qu'intéressant par son aspect reportage mais son caractère choral ne lui permet pas d'être aussi pertinent qu'il le souhaiterait sur le plan psychologique. Vincent Lindon et Louise Bourgoin, qui ont davantage d'espace pour exprimer les motivations de leurs personnages sont mieux lotis que Reda Kateb et surtout Valérie Donzelli, un peu sacrifiés. Les chevaliers blancs reste malgré tout un film ambitieux et profond qui tient en partie ses promesses.
    Yves G.
    Yves G.

    1 456 abonnés 3 486 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 janvier 2016
    Le fait divers avait défrayé la chronique à l’automne 2007 : une association humanitaire française avait tenté de faire sortir du Tchad 103 enfants présentés comme orphelins du Darfour.

    Joachim Lafosse, un réalisateur belge dont le précédent film « A perdre la raison », lui aussi inspiré d’une histoire vraie, m’avait bouleversé, a très fidèlement adapté cette histoire. Seule distance prise avec la réalité : ses principaux protagonistes ont été rebaptisés et les lieux de l’action ne sont pas nommés – précaution bien dérisoire qui ne tiendrait pas longtemps devant un tribunal.

    La grande réussite de son film est de décrire la lente perversion des meilleures intentions.
    Car, les intentions du charismatique directeur de l’Arche de Noé, impeccablement interprété par Vincent Lindon, sont pures : sauver des orphelins de l’enfer du Darfour. Forts de l’expérience qu’il a acquise après le tsunami en Asie du sud-est, il convainc plusieurs dizaines de familles du Sud-Ouest de la France de se porter volontaires à les accueillir.
    Les choses se compliquent quand les orphelins attendus ne répondent pas à l’appel. Les humanitaires espéraient sauver le monde ; mais le monde n’a pas besoin d’être sauvé. Ayant reçu de l’argent pour fournir des orphelins, les chefs de villages fournissent aux humanitaires ce qu’ils ont sous la main : des enfants dont les parents acceptent de se séparer, soit qu’ils aient reçu de l’argent pour ce faire, soit qu’ils espèrent ainsi leur assurer une vie meilleure. C’est ainsi que, coincés entre les familles adoptantes qui les attendent en France, des chefs de village qui ne leur amènent pas les orphelins escomptés et des autorités tchadiennes auxquelles elle ne parvient pas longtemps à cacher ses plans d’exfiltration, l’équipe de l’Arche de Noé s’est retrouvé dans un dilemme sans issue.

    Cette lente perversion est remarquablement incarnée par un personnage secondaire : celui de la journaliste interprétée par Valérie Donzelli. Son rôle était de filmer la mission pour offrir aux familles adoptantes un témoignage. Elle se positionne au départ en dehors du groupe – dont elle filme, sans mot dire, les premiers déchirements. Mais peu à peu, attendrie par la détresse des enfants recueillis, elle prend fait et cause pour la mission, au point de perdre sa lucidité.

    L’autre réussite des « Chevaliers blancs » est de filmer l’humanitaire. Il est surprenant que ce monde, hautement dramaturgique, ait aussi peu inspiré le cinéma. On voit parfois quelques silhouettes, en arrière plan d’un film catastrophe. Un drame humanitaire est parfois filmé à travers leurs yeux. Mais, aucun film n’a à ma connaissance, filmé l’humanitaire en train de se faire – alors que les romans et les essais sur ce thème font légion (tels que « Asmara » de Jean-christophe Rufin ou « Frontières de Sylvie Brunel). Or, l’action humanitaire renferme de riches ressorts dramatiques. Ce que Joachim Lafosse réussit très bien à filmer ne va pas de soi : c’est, quand l’équipe privée d’accès au terrain ne parvient pas à accueillir d’enfants, le temps mort de l’attente, du désoeuvrement, de l’oisiveté où la frontière entre le travail et les vacances se perd.
    Caine78
    Caine78

    6 693 abonnés 7 398 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 10 février 2016
    Sujet intéressant, ou comment une mission humanitaire partant des meilleures intentions du monde peut terminer en cauchemar absolu. Sans être aussi captivant qu'on aurait pu espérer (quelques poses superflues, le rôle précis de chaque personnage pas toujours bien expliqué, le contexte global manquant parfois lui aussi d'informations), Joachim Lafosse (déjà auteur du très bon « A perdre la raison ») trouve un bel équilibre entre réflexion sincère et spectacle un minimum grand public, l'ennui étant globalement absent. Aucun membre n'est ainsi idéalisé, les différentes prises de position échappant globalement à la caricature, chacun ayant un rôle concret à jouer dans l'histoire sans se contenter d'une posture, l'homogénéité des comédiens étant également à signaler, le trio Vincent Lindon - Louise Bourgoin - Valérie Donzelli étant notamment impeccable. Il y a un vrai travail d'immersion, mettant en évidence tous les dangers et désillusions auxquels on ne pense pas forcément, et où l'on se rend compte que l'argent est tout aussi essentiel qu'ailleurs pour parvenir à ses fins... Cela aurait peut-être encore gagné en complexité et en ambiguïté concernant les différents protagonistes spoiler: (globalement, difficile de leur reprocher quoi que ce soit de concret, si ce n'est certains mensonges les enfonçant plus qu'autre chose)
    , mais à l'image de sa spoiler: très douloureuse scène finale
    , « Les Chevaliers blancs » raconte avec talent et humanité une histoire sur des questions terriblement d'actualité : un bon film.
    ffred
    ffred

    1 695 abonnés 4 019 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 25 janvier 2016
    Après le troublant Elève libre et le terrible A perdre la raison, j'attendais avec une certaine fébrilité ce nouveau film du belge Joachim Lafosse. Il s'inspire ici de l'histoire vraie de l'Arche de Zoé, ONG française qui a défrayé la chronique en 2007 pour avoir voulu sortir illégalement du Tchad des sois-disants orphelins pour les faire adopter en France. Il dit s'être juste inspiré sans vouloir retranscrire « la vérité » des médias ou de la justice. Il n'a pas rencontré les protagonistes. Même si l'on connait déjà le dénouement, j’ai trouvé l'ensemble assez passionnant. La mise en scène est sèche et tendue. Le scénario est minutieux, bien écrit, les personnages bien trempés. Il charge les français, même si cela part d'une bonne intention, et va plutôt dans le sens des africains. L'ensemble reste très manichéen mais personne n'en sort vraiment grandi pour autant. Les relations entre la France et l'Afrique seront toujours particulières et ambiguës. Le casting est particulièrement attrayant. J'ai trouvé Vincent Lindon et Louise Bourgoin très justes et très convaincants. Reda Kateb, Valérie Donzelli et Yannick Rénier les épaulent avec talent. Je n'avais pas eu que des bons échos, mais au final ces Chevaliers blancs sont donc une bonne surprise : c'est bien mis en scène, bien écrit, bien joué, bien filmé. Un film sans chichi, brut, tendu, prenant, limite fascinant. Une nouvelle réussite pour Joachim Lafosse.
    SebLefr3nch
    SebLefr3nch

    187 abonnés 687 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 janvier 2016
    Joachim Lafosse revient avec un film inspiré de faits réels : l'histoire de l'Arche de Zoé qui créa des problèmes diplomatiques entre la France et le Tchad en 2007. Même si l'histoire en reste inspirée, elle paraît extrêmement réelle et donne froid dans le dos. Comment une organisation a pu lever autant de fond pour "enlever" des enfants à leur pays, même s'ils sont orphelins, pour les faire adopter en France? Le film ne répond malheureusement pas à cette question mais aborde toute la partie sur le terrain, la manière de recueillir le maximum d'enfants, le pouvoir de l'argent, la réalité de l'insécurité dû à des milices armées, le désespoir de mères de voir leurs enfants mourir prêtent à les donner et jusqu'où l'implication et la culpabilité peut nous entraîner. Et c'est vraiment intéressant, prenant et difficile à la fois. La réalisation, caméra à l'épaule, convient parfaitement au propos et est soignée. Les plans larges sur le désert sont superbes. Le casting cinq étoiles est parfait. Vincent Lindon tient le film et donne le rythme. Il est vraiment très bon. Valérie Donzelli, Louis Bourgoin, Yannick Renier et Reda Kateb sont bons dans leurs rôles respectifs. On notera quelques passages où le montage sonore aurait pu être mieux abordés et un élément scénaristique, spoiler: la prise de conscience soudaine du personnage de Valérie Donzelli
    qui aurait pu passer très facilement à la trappe. Un très bon film qui sort des chantiers battus.
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